Du transport public à la mobilité

Que retenir de cette édition suisse du Congrès de l’UITP? En termes de visitorat, les organisateurs annoncent une fréquentation de l’ordre de 25 000 visiteurs (dont 2 000 congressistes) sur trois jours, ce qui paraît plus que satisfaisant. On remarquera aussi une forte proportion de congressistes provenant des pays dits « émergents ». Ceci dit, la plupart d’entre eux bénéficiant d’une croissance à deux chiffres, contrairement à nos vieilles sociétés occidentales en pleine crise, il est fort probable que les grands projets de développement des transports publics se situent plutôt sur d’autres continents. Chinois, Indiens, Africains et Sud-Américains étaient donc venus « faire leur marché » en nombre à Genève, c’est du moins ce qui pourrait ressortir de leur présence fort remarquée. Qu’on ne s’y trompe pas, cette édition aura surtout été pour les industriels et opérateurs européens l’occasion de mettre en valeur leur savoir-faire en matière de solutions de mobilité. Leurs concurrents lointains étaient finalement peu nombreux à avoir fait le déplacement.

Les différentes thématiques retenues lors de la multitude de débats organisés durant ces trois jours sont également révélatrices d’une tendance lourde: les organisateurs du transport public se positionnent clairement dans une logique sociétale et non plus seulement industrielle. Si les aspects techniques furent évidemment plusieurs fois abordés, et si le problème des financements reste au cœur de nombreuses réflexions menées par les différents intervenants, le voyageur est désormais clairement au centre des préoccupations de toutes les autorités organisatrices. L’information voyageur, la fluidité des modes, l’intermodalité, la multimodalité, l’usage de l’open data, autant de problématiques qui animent aujourd’hui les réflexions menées partout dans le monde. Le secteur est bien entré, à l’échelle mondiale, dans l’ère de la mobilité avec un grand « M ». Le concept d’usager est donc bien loin, et on en oublierait presque qu’il s’agit de transport…

Du côté des acteurs industriels, on distingue évidemment quelques évolutions notables. Les grands noms de l’autobus se positionnent clairement comme les chantres de la protection de l’environnement. Outre la motorisation Euro 6, qui devient désormais la norme en matière de propulsion thermique, le foisonnement de solutions hybrides, électriques et la réapparition de la pile à combustible marqueront durablement cette édition.

Mieux, les marques se positionnent désormais davantage comme des promoteurs de solutions globales de mobilité que comme de simples fournisseurs de solutions purement techniques. Le stand Daimler était en ce sens révélateur de la tendance, puisque trônaient au premier plan – devant les traditionnels autobus – une Smart du système Car2Go et deux vélos électriques. Un message on ne peut plus clair. On peut aussi remarquer cette tendance forte chez les industriels spécialistes des modes lourds (tramways, trains légers et autres…), toujours fortement représentés lors de cette manifestation. Ici aussi, « le mélange des genres » est clairement de rigueur, du moins en ce qui concerne les systèmes de transport proposés. Enfin, on remarquait un retour offensif des systèmes pendulaires type télécabines, qui quittent désormais les alpages tout proches pour s’intégrer totalement aux réflexions d’aménagement des agglomérations susceptibles d’en avoir l’usage. Un ensemble d’orientations industrielles sur lesquelles nous revenons dans les chapitres qui suivent.

Grand marché international, centre de réflexion mondial sur l’ensemble des problématiques du transport public, le congrès de l’UITP reste l’incontournable marqueur de tendances du secteur.

La prochaine édition de ce rendez-vous se tiendra à Turin en 2015, avant de franchir l’Atlantique en 2017 pour s’installer à Montréal.