Marseille C’était 80 exposants, 750 visiteurs inscrits et un soleil radieux (ce qui revêt quand même un caractère exceptionnel cette année). Les 26e Journées Agir qui se sont déroulées les 26 et 27 juin derniers peuvent s’enorgueillir d’un réel impact. Point d’étape sur la success story de la gestion directe.
Le discours est bien rodé chez tous les acteurs de l’association Agir pour le transport public indépendant. Ainsi, quand Gilles Bourdouleix, président d’Agir et maire de Cholet, martèle que « la régie est une vraie réponse aux besoins des autorités organisatrices de transport face à l’affaiblissement de la concurrence du privé et la nécessité de resserrer les coûts du transport », prêche-t-il un parterre de convaincus. Ils semblent d’ailleurs toujours plus nombreux, comme le démontre la progression de l’association, particulièrement significative, puisqu’Agir compte désormais 130 adhérents et pèse très nettement dans le paysage du transport.
Et Gilles Bourdouleix ne veut visiblement pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il annonce « qu’une réflexion est en cours sur le ferroviaire. Un certain nombre de nos adhérents souhaitent en effet avancer sur ce sujet, à un moment où la SNCF n’a plus réellement la possibilité de répondre aux demandes. »
Les industriels et les prestataires de service ont d’ailleurs bien compris l’importance que prenait cet acteur, puisqu’ils n’avaient jamais été aussi nombreux à faire le déplacement. Et même si les stands étaient plus modestes que ceux découverts il y a quelques semaines à Genève au congrès de l’UITP, cette année, la liste des exposants s’était enrichie de quelques ténors comme Alstom ou Bolloré. Une arrivée significative.
Au chapitre des conférences, on retiendra notamment celle intitulée « La gestion directe pas à pas », qui présentait assez clairement le credo de l’association sous la forme d’une explication de texte. Il est vrai que les Journées Agir ne sont pas seulement l’occasion pour les adhérents de se retrouver entre convaincus. Nombreux en effet sont les élus à faire le déplacement pour découvrir l’univers des opérateurs internes (OI). « Ils font parfois deux ou trois fois le déplacement avant de mettre en avant la gestion directe comme une alternative possible à l’occasion d’un renouvellement de DSP
Pour les régies en Epic, cette problématique est moindre, puisqu’elles fonctionnent peu ou prou comme une entreprise de transport « classique ». Enfin, du côté des sociétés publiques locales (SPL), les mises en garde ont surtout porté sur les contrats OSP. « L’obligation de passer un contrat entre l’AO et l’OI est une bonne chose, car il fournit des lignes directrices et peut servir d’outil de management, a-t-on expliqué. Mais il faut faire très attention à la gestion multicontrats lorsqu’il s’agira de calculer la répartition des coûts fixes… » Un débat révélateur d’une certaine maturité, surtout quand il martèle « que les AOT ont une obligation de contrôle de leurs opérateurs internes et qu’elles doivent participer aux prises de décisions stratégiques. »
Les prochaines Journées Agir se dérouleront fin septembre 2014, le lieu d’accueil n’est pas encore totalement défini. Les élections à la présidence de l’association auront lieu après les prochaines municipales.
Délégation de service public.
Le projet de développement d’une appli de ticket virtuel sera mutualisé entre deux adhérents d’Agir, avant d’être proposé aux autres réseaux adhérents à travers sa plateforme de services: voilà ce qu’a formalisé une convention tripartite de partenariat signé pendant le salon Agir entre l’association, la société des transports du Grand Angoulême (STGA) et Vitalis, régie des transports poitevins. D’un coût total de 70 000 euros, le développement réalisé par le prestataire informatique SQLI sera ainsi réparti en trois, ce qui allège le budget nécessaire pour proposer ce service à leurs usagers. Achat par carte bancaire, validation, stockage des titres de transport, etc., le ticket virtuel proposera ces prestations en janvier 2014 pour coïncider avec le festival de BD d’Angoulême. De son côté, Agir sera diffuseur de la solution développée à travers sa plateforme auprès des autres adhérents qui pourront adapter la solution. La STGA n’en est pas à son coup d’essai: à l’occasion du lancement de son application vocale temps réel destinée aux voyageurs malvoyants et baptisée Vocabus, elle l’avait portée en licence libre pour faciliter son adaptation par d’autres réseaux. Elle avait été sollicitée par plusieurs collectivités qui étaient intéressées.
B.G.
Une des conférences organisées dans le cadre des Journées Agir portait sur la perception des transports publics par la population des seniors de plus de 65 ans. Si la méthodologie retenue a sans doute occupé un peu trop du temps dévolu à ce sujet, plusieurs conclusions sont à retenir, notamment en ce qui concerne l’usage des nouvelles technologies.
Ainsi, en matière d’informations voyageurs, arrivent clairement en tête des besoins: les horaires, les plans, les itinéraires et la nature de l’accessibilité des transports.
Plus révélateur, parmi les sources d’informations préférées de cette population, le papier et l’affichage papier des horaires arrivent de loin en première position, loin devant internet et les guichets.
Enfin, si les seniors en question ne sont pas rétifs à l’usage des nouvelles technologies, ils développent cependant une logique qui doit faire réfléchir: ils refusent de payer un abonnement internet pour l’usage d’un smartphone leur permettant d’accéder à des informations qui relèvent du service public. À méditer, surtout quand on sait que d’ici 2050, 64 % des Européens auront plus de 60 ans. Ceci dit, d’ici là, nous aurons vu émerger une nouvelle génération de seniors…
P.C.
Standardisation partagée des besoins pour les cahiers des charges, massification des achats et économies d’échelle, simplification des procédures et sécurité juridique: voilà les trois atouts de la centrale d’achat du transport public (CATP) créée par Agir et présentée par Marc Delayer et Richard Gabry lors de la conférence du salon. « Nous avons passé 78 marchés subséquents à ce jour, alors que nous nous étions posé un objectif de 80 pour l’ensemble de l’année, nous dépasserons donc nos objectifs », a détaillé Marc Delayer, président de la CATP et responsable transports de la communauté d’agglomération du Choletais. À ses côtés, Richard Gabry, responsable service achat et commande publique du réseau Tisséo à Toulouse, a témoigné de l’intérêt du service de la centrale concernant « la massification des achats, même pour un grand réseau comme Tisséo qui n’a pas la puissance pour faire évoluer le marché fournisseur », ainsi que « la mutualisation, les échanges et les comparaisons de méthodes, d’idées ou d’expériences entre adhérents. »
Du côté des constructeurs, s’il reconnaît « les avoir fait beaucoup travailler », Marc Delayer souligne également « les retours positifs de leur part » sur ce projet. « Ils ont dû se remettre en cause, surtout pour les bus où nous souhaitions apporter de la diversité et où chacun a dû réfléchir à son mode de production, moins pour les cars dont les offres sont déjà bien standardisées. » Largement distribuée pendant les deux jours du salon, la première édition du catalogue Agir doit également faire évoluer certaines habitudes prises dans les réseaux dans le choix des options pour les véhicules. « Le choix reste celui de l’adhérent, mais nous souhaitions apporter un éclairage sur le coût de certaines options qui, à l’heure où les collectivités sont confrontées à des difficultés financières, ne sont pas forcément indispensables », explique Marc Delayer. En tant que vice-président de l’UTP, il ajoute que le travail réalisé par Agir sur la centrale d’achat « a été présenté à l’UTP et le sera probablement bientôt au Gart, parce que les deux organisations ont entamé une réflexion sur les matériels et que la centrale, en tant qu’outil non-intéressé économiquement, peut apporter son expérience. » Enfin, le panel de produits de la centrale d’achat pourra « à terme, d’ici deux à trois ans » être élargi aux solutions de billettiques.
B.G.
Le cas TarnBus Le 30 juin 2011, les élus du Tarn votent la création d’une SPL pour la gestion de leur réseau TarnBus, exploité précédemment en DSP par Veolia Transdev. Jean-Franck Cornac en prend alors la direction générale, retour sur le processus de création et premier bilan.
Expliquez-nous la genèse de la SPL du Tarn?
Nous sommes partis de rien, et nous avions neuf mois pour aboutir. Nous avions décidé de ne pas annoncer trop tôt notre choix de passer en SPL, car nous craignions une dégradation des services lorsque l’opérateur apprendrait qu’il n’avait aucune chance d’être renouvelé. Nous avions raison, car elle a eu lieu.
Quels étaient les principaux challenges auxquels vous étiez confrontés?
Ils étaient essentiellement d’ordre matériel. Nous avons ainsi dû construire trois dépôts. Pour le matériel roulant, nous avons lancé un processus de location pure pour les autocars. Pour ce faire, nous nous sommes d’ailleurs appuyés sur la centrale d’achats du transport public, au même titre que pour les pneumatiques et les assurances. Enfin, il nous a fallu créer une vraie offre de transport.
Quel premier bilan chiffré tirez-vous pour la SPL TarnBus?
Nous employons aujourd’hui 110 personnes et exploitons 74 autocars et trois autobus. En un an, la fréquentation du réseau a grimpé de 30 % pour atteindre 650 000 voyages commerciaux par an, soit 1,5 million avec les scolaires, ce qui est un bon résultat compte tenu de la démographie de notre département. Enfin, nous avons un coût de production de 2,32 euros/km facturé à la collectivité.
Quels enseignements avez-vous tiré de cette première année?
Principalement, qu’il faut bien faire comprendre qu’un opérateur interne n’a aucunement vocation à exploiter tous les services existants dans un département. La naissance d’une SPL ne remet donc pas en cause les compétences de chacun.
Quels sont vos projets de développement?
Nous souhaitons intégrer progressivement toutes les communautés de communes du département en tant qu’actionnaires de la SPL afin de créer un outil de mutualisation des moyens, notamment pour les transports à la demande.
P.C.
