Billettique Le 25 juin 2013, un nouveau système sans contact a fait ses débuts sur le réseau de transport en commun de l’agglomération lilloise. L’objectif: simplifier toujours plus la mobilité des usagers.
Elle avait failli se faire attendre. Avec 18 mois de retard, la nouvelle billettique sans contact de l’agglomération de Lille a été partiellement mise en service le 25 juin 2013. Baptisé Pass Pass, le nouveau système permettra à terme de voyager à la fois sur le métro, le bus, le TER, le tramway, le V’Lille (vélos en libre-service) et le service d’autopartage Lilas. Il pourra être utilisé sur l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais. Dans un futur proche, les nouveaux supports offriront aussi la possibilité de payer son stationnement de parking, ou bien ils pourront être remplacés par un smartphone pour valider un trajet.
Dans le but de répondre aux besoins de chacun, la petite carte violette est disponible en plusieurs versions. Pour les usagers réguliers, une option personnalisée permet d’intégrer tous les abonnements et titres unitaires. Petit bonus, elle est gratuite jusqu’au 30 septembre prochain afin d’encourager les utilisateurs du réseau lillois à opter pour cette formule (après cette date, il faudra débourser 4 euros). Pour les autres voyageurs, deux options existent: la carte non personnalisée permettant de charger des titres occasionnels (au prix de 2 euros), ou les tickets sans contact rechargeables dix fois avec une seule et même catégorie de titres Transpole, le prix de 20 centimes d’euros au premier achat est déduit au 5e rechargement.
À ces innovations technologiques s’ajoutent de nouvelles offres tarifaires: une formule Liberté proposant le post-paiement et la possibilité de choisir la date de début et de fin des abonnements mensuels et hebdomadaires seront mis en place dès la fin de l’année. Autre innovation, le ticket ZAP (qui permet d’emprunter le métro pour trois interstations à prix réduit) sera étendu aux bus dès la rentrée et permettra de voyager sur cinq arrêts de bus. Enfin, dans la lignée du Pass journée, des versions de 48 et 72 heures feront leur apparition.
Le 25 juin, jour du lancement du nouveau système, il a fallu se résoudre à ne lancer qu’une partie du service contrairement à ce qui était prévu dans le projet initial. Ainsi, la compatibilité avec les services V’Lille, Autopartage Lilas, ou encore le ticket ZAP pour les bus et la possibilité de rechargement sur internet devront attendre septembre 2013. Il en va de même pour les nouvelles offres tarifaires. Enfin, l’agglomération, qui souhaitait initialement passer complètement au sans contact dès le lancement, a finalement opté pour une période d’alternance de quelques semaines. Les anciens distributeurs fonctionneront donc jusqu’au mois de septembre, car le système élaboré par le prestataire de service, Parkeon, n’était pas totalement au point.
Pour rappel, le lancement du système Pass Pass, qui était initialement prévu pour la fin 2011, avait été reporté une première fois à fin 2012 avant d’être finalement mis en service le 25 juin 2013. Mais « Parkeon, qui avait remporté l’appel d’offres [d’un montant de 21 millions d’euros, ndlr], et avait pour mission de nous fournir un système complet, n’était pas prêt les fois précédentes », regrette Maxime Chabbert, directeur de l’action commerciale à Transpole. Au final, l’agglomération a dû opter pour une mise en service par étapes pour, d’une part, « mettre en service les choses qui fonctionnent, et d’autre part, permettre aux usagers de s’habituer plus tranquillement au nouveau système », explique Thierry Du Crest, directeur de la mobilité et des transports de Lille Métropole Communauté urbaine.
Malgré ces précautions, plusieurs couacs ont été constatés le jour du lancement. Nombre de personnes qui avaient fait une demande de carte à l’avance ne l’avaient pas encore reçue. Certaines personnes ayant leur carte Pass Pass n’ont pas pu l’utiliser (principalement les détenteurs de la carte TER Pass Pass qui devait être théoriquement compatible). Autre type de problème, des cartes avaient été débitées plusieurs fois pour le même trajet. Ces petites complications, expliquent Transpole et la Métropole, sont une fois de plus à imputer à des retards du prestataire de service, Parkeon, « qui n’était pas totalement prêt lors de la mise en service, explique Maxime Chabbert, et qui a, de surcroît, été peu réactif lorsqu’il a fallu réparer les bugs. »
Par chance, cette situation a plutôt été bien vécue du côté des usagers. Si certains d’entre eux ont tout de même fait part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux (« Ce n’est pas la carte Pass Pass, c’est la carte Pass Pas », avait ainsi twitté une abonnée du réseau le jour du lancement), la plupart semble accepter le changement. En effet, selon la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), les voyageurs ont plutôt bien supporté ces contretemps. « Personne ne nous a fait remonter de plainte. Mais au fond, considère Gilles Laurent, responsable régional de la Fnaut dans le Nord-Pas-de-Calais, les problèmes actuels ne sont pas dramatiques. Quelque part, ils sont même compréhensibles. Le service n’en est encore qu’à ses débuts. Il faut laisser du temps au temps. »
Cependant, au niveau des salariés Transpole quelques inquiétudes persistent. « Tout n’est pas encore au point au niveau technique, explique Mohamed Farhi, secrétaire de la CGT Transpole, car la direction a voulu agir dans la précipitation. Heureusement, cette dernière a pris conscience des risques d’une mise en service trop rapide en mettant en place un lancement progressif. Mais nous appréhendons la rentrée, car nous ne savons toujours pas si les problèmes techniques seront résolus d’ici là. »
Malgré ces inquiétudes, la Métropole, qui finance intégralement le service à hauteur de 21 millions d’euros, reste sereine. « Nous ne connaissons pas de réseaux qui n’ont pas eu de problèmes au lancement d’une billettique de ce type », se rassure Thierry Du Crest. D’autant plus que pour que le directeur de la mobilité et des transports de Lille Métropole, cette révolution sans contact était nécessaire, « car elle nous permet de proposer de nouvelles offres, de nouveaux services, et de faciliter les liens entre les partenaires », ajoute-t-il. Cependant, contrairement à certains réseaux qui ont choisi de coupler la nouvelle technologie à une billettique papier traditionnelle (c’est le cas en Île-de-France par exemple), Lille Métropole a fait le choix de faire table rase du passé et de tirer un trait définitif sur les supports papier. La raison? « Elle est principalement économique, explique Yannick Jacob, chef du projet Pass Pass à Lille Métropole. Lorsqu’une seule partie des usagers utilise le nouveau système, cela revient beaucoup plus cher dans la durée. De surcroît, le tout sans contact facilite la mise en place d’une interopérabilité entre différents réseaux de la région. »
Autre raison, la nouvelle billettique pourrait permettre de faire baisser le taux de fraude de − 2 à − 4 %, selon Lille Métropole et Transpole, car il faciliterait le contrôle. Par exemple, grâce au bip sonore qui est émis par le valideur au moment du passage, le conducteur de bus saura si le titre est valable ou non et pourra ainsi proposer à l’usager d’acheter, si nécessaire, un titre de transport. La question est d’autant plus importante qu’à Lille « nous avons un taux de fraude important car notre réseau est totalement ouvert, c’est-à-dire que, même pour accéder au métro, il n’y a pas de portillons », explique Maxime Chabert.
Lille Métropole préfère prendre son mal en patience en attendant de voir les promesses du réseau devenir réalité. « Mais les principales difficultés sont déjà derrière nous », considère Thierry Du Crest.
Si Pass Pass concerne pour le moment principalement le réseau de Transpole, le système devrait prochainement être valable dans toute la région Nord-Pas-de-Calais. Cela, grâce à un accord conclu entre les 15 autorités organisatrices de la région au sein du Syndicat mixte intermodal régional de transports (Smirt) pour mettre en place un système entièrement interopérable. De même, la petite carte pourrait prochainement être valable en Belgique: « Nous avons réalisé une technologie interopérable avec la Belgique, indique Yannick Jacob, chef du projet Pass Pass à Lille Métropole, il y a une vraie coopération transfrontalière à ce sujet. Nous attendons seulement qu’ils aient mis en place leur système à l’échelle nationale à l’horizon 2014. »
170 millions de voyages ont été effectués en 2012 sur tout le réseau, soit une progression de 4,5 % par rapport à 2011. Au total, et toujours en 2012, ce sont près de 103 millions de trajets qui ont été réalisés en métro, 10 millions en tramway et 57 millions en bus.
Quant au V’Lille, le service de location de vélos en libre-service, il comptabilise, depuis son lancement en 2011, plus de 4 millions de locations pour 18 000 abonnés.
