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La Loire-Atlantique se lance dans le car urbain

Innovation Le département lance une ligne de car rapide, entre le centre de Nantes et le nord de son agglomération. Branché, confortable, abondant, il s’affiche comme une alternative à la voiture et aux trains.

« Adieu les bus ringard, vive Lila premier! », lance Alain Royer, le maire de Treillières. Lila est le réseau de cars départementaux, et « premier » car il s’agit d’une ligne à haut niveau de service.

La commune, à 15 km du centre de Nantes, compte 8 000 habitants et voit sa population augmenter de 3 % par an depuis quinze ans. Alain Royer a encore accordé 200 nouveaux permis de construire en 2012. Il n’est pas peu fier de la ligne de car que le conseil général met en service au 1er septembre. Des passages aussi fréquents qu’un bus de centre-ville, des véhicules aussi modernes par leur confort et leurs équipements qu’un train de dernière génération, le maire de Treillières espère que cette ligne va soulager ses concitoyens des embouteillages qu’ils subissent matin et soir à l’abord et sur le périphérique de Nantes. « Nous avons voulu que ce car réponde à la vision que les gens se font de ce que doit être leur moyen de transport », résume Jean-Yves Ploteau, vice-président mobilités du conseil général.

Cette ligne de car, sur 25 km entre Grandchamp-des-Fontaines et la gare sud de Nantes, est expérimentale. Non qu’elle doive disparaître au bout d’un an. Elle a plutôt vocation à se multiplier dans le schéma départemental des mobilités que le conseil général est en train de réécrire, notamment pour traiter l’accès aux grandes villes du département, surtout Saint-Nazaire et Nantes.

C’est un car à haut niveau de services, mais avant tout, dans cette deuxième couronne de Nantes, du transport public en plus. La capacité est de 2 500 voyageurs par jour à raison de 50 places dans chaque car. Il en circulera 24 par jour à partir de Nantes, 27 dans l’autre sens. Les deux lignes qu’il remplace embarquent 1 000 personnes par jour. L’objectif est d’atteindre 1 500 le plus vite possible. « Le premier objectif du nouveau service est d’offrir plus de mobilité aux gens », résume Jean-Yves Ploteau.

Des portions de couloirs réservés, dans et hors la ville

L’avantage de Lila premier sur l’automobile se situe aussi au niveau des embouteillages qui sont quotidiens. Tout le long du parcours, le car est libéré des ralentissements automobiles par une série de couloirs réservés. Il emprunte un axe déjà aménagé pour les bus urbains, le programme Chronobus à Nantes. Depuis un an qu’il a été lancé, la fréquentation de ces lignes a augmenté de 25 % et la vitesse commerciale s’est améliorée, y compris sur le parcours emprunté par le nouveau car Lila. « Sur cet axe à 20 000 véhicules par jour, la cinquantaine de cars du conseil général représente vraiment une goutte d’eau dans l’océan. Dans la mesure où ils contribueront eux aussi à diminuer le nombre de voitures, nous ne pouvons qu’applaudir. Et souhaiter que le département développe ce type de lignes », indique Éric Chevalier, directeur des transports à Nantes. Le nouveau car sera équipé du même système de priorité aux feux que les bus. Il bénéficie, hors des frontières de Nantes, de l’aménagement de 700 m de voie réservée pour éviter le bouchon de Ragon à la sortie d’une zone industrielle.

Aucune rupture de charge

La nouvelle ligne se rend jusque dans l’hyper centre-ville de Nantes. Le temps de parcours des 25 km de la ligne doit être de 43 à 48 minutes, en comptant les arrêts aux neufs stations. Le terminus, la gare sud fréquentée en priorité par les habitants de l’agglomération, montre bien que la nouvelle ligne est aussi destinée aux salariés et aux gens d’affaires travaillant hors de Nantes, ceux qui prennent le train tous les jours vers Saint-Nazaire, Angers, La Roche-sur-Yon, ou Paris. Les horaires étendus (6 h 20 – 20 h 30) correspondent à ces différentes clientèles. « Bien sûr que choisir de se rendre jusqu’à la gare sud complique les choses, mais nous avons voulu créer une véritable ligne, ne pas imposer de rupture de charge à ceux qui l’empruntaient jusqu’au bout. De toute façon, elle est en correspondance avec les grands nœuds de tramway et de bus du réseau nantais », explique Vincent Colombo de la Semitan (Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise).

La fréquence des passages suit la logique d’une ligne urbaine: toutes les quinze minutes le matin dans un sens et le soir dans l’autre, toutes les heures entre ces deux périodes. Autre nouveauté, le confort et les services à bord franchissent un nouveau cap pour une ligne de car.

Comme le train, accessible et avec Wifi à bord

Le véhicule est un Iveco Bus Crossway: plancher bas, sellerie façon cuir, têtières de couleurs variées, sièges en vis-à-vis, comme dans les trains ou les bus, planchettes, repose-pieds, accoudoirs, porte-bagages généreux. L’ambiance rappelle clairement le train. « Le car dispose d’un accès Wifi pour que les personnes puissent commencer à travailler le matin, lire leurs mails ou visionner des vidéos en streaming », explique Nathalie Moreau, chargée de l’information voyageurs au service des transports du conseil général. Peut-être pour la première fois sur un réseau interurbain, les horaires seront donnés en temps réel aux arrêts, sur écran dans le car et aussi sur les téléphones portables grâce à une application téléchargeable. Un QR code permettra de les obtenir sur smartphone. « Notre principale interrogation porte sur le succès de la nouvelle image que nous donnons au car », avoue Vincent Colombo. Jean-Yves Ploteau, l’élu du conseil général, mise sur cette « révolution positive » du car. « Nous avons troqué la livrée du département pour des teintes de gris se rapprochant de l’élégant Busway nantais. Nous voulons donner au car un certain prestige. Nous comptons sur le bouche-à-oreille pour l’essor de la ligne! »

Douze autocars pour une ligne

Les exploitants de la ligne, Keolis et Brodu, son sous-traitant, ont acheté douze cars – deux en réserve. « Pour un coût unitaire de 20 % supérieur à la version de base proposée par le constructeur », indique Pascal Fontaine, pdg de Brodu, 25 conducteurs y seront employés à plein temps. Le long du parcours, hors de Nantes, les arrêts sont dotés d’aubettes de type urbain, complètement accessibles, comme les cars. Chacun d’eux dispose d’une place pour fauteuil roulant. Il est équipé d’une palette que le conducteur sort basculer pour faire monter la personne à mobilité réduite. « Ainsi, pas de risque de panne technique! Le conducteur en profite pour s’assurer de la sécurité du passager », précise Patrick Giloux, directeur de Keolis Loire-Atlantique.

Au total, la ligne coûte 800 000 euros de plus au conseil général. Son budget passe de 1,3 à 2,1 millions d’euros par an. Pour les voyageurs, les tarifs restent ceux du réseau départemental: 2,40 le ticket unitaire avec des tarifs d’abonnements réduits en fonction de l’âge et des conditions de ressources.

Si la ligne remporte un franc succès, le car s’affichera désormais comme un transport de pointe pour desservir le nord de l’agglomération. Toute cette zone était en effet jusqu’ici mal desservie par les transports publics en direction de l’éventuel aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

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Auteur

  • Hubert Heulot
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