La colère bretonne contre l’écotaxe poids lourds de ces derniers jours prend résolument des airs de révolte contre la toute puissance aveugle de Paris (traduisez Bercy). Nonobstant la violence des faits, on aurait tort de considérer l’événement comme un épiphénomène. Cette petite taxation supplémentaire, même si elle est désormais suspendue (à quoi, d’ailleurs?), vient s’ajouter à un gros paquet fiscal qui commence à exaspérer à peu près toutes les franges de la population. Comme tout le monde n’a pas les moyens de s’exiler outre-quiévrain, ceux qui restent, et payent, signifient logiquement leur exaspération. Les observateurs pensaient que cette colère s’exprimerait l’an prochain dans les urnes. Pas sûr désormais que tout le monde attende jusque-là.
Le pire, c’est que notre société survivait schématiquement, grâce à une combinaison simple: des magasins et des jeux.
Je sais, la version originale parle de pain, mais malgré l’explosion du prix de la baguette avec le passage à l’euro, cet aliment reste encore du domaine de l’abordable. Non, tant que nos concitoyens peuvent s’adonner aux joies de la consommation de produits à bas prix – du reste sans savoir vraiment où et par qui ils sont fabriqués – et s’installer confortablement le soir devant un match quelconque, le système tient. Seulement , voilà que l’on voudrait fermer les magasins le dimanche et que le foot se prépare à une grève pour échapper à l’imposition à 75 % des revenus supérieurs à un million d’euros par an! Le danger guette. Attendez par ailleurs que le prix du ticket de bus explose, répercussion de la hausse de la TVA, et l’électeur lambda, désormais incapable de faire le plein de sa voiture d’occasion (fin du bonus-malus écologique oblige) à cause de l’augmentation des prix du carburant, ne pourra même plus se rendre au centre commercial ni aux matchs de ligue 3, ou 4 (je ne sais trop), les seuls encore joués. Le plus effarant dans tout cela, c’est que nos amis américains ne nous aient pas prévenus du danger. Après tout, il est de notoriété publique que grâce à la NSA, ils en savent plus que nous sur la politique intérieure du pays. Peut-être devrait-on aujourd’hui leur demander clairement dans quel domaine se situera la prochaine marche arrière gouvernementale, nous aurions au moins un cap.
