L’univers des transports publics est d’une politesse incomparable! Voyez plutôt: l’ensemble de ce secteur d’activité bruisse de mécontentement à l’idée de se voir taxé à 10 % d’ici moins d’un mois, la plupart des politiques en charge des transports –et quelque soit leur bord– s’arrachent les cheveux en faisant leurs comptes pour les années à venir, la majorité des opérateurs concernés n’est guère enchantée de la tournure prise par le projet de réforme ferroviaire, la définition du périmètre des métropoles est en passe de déplaire à tout le monde, et les PME, dans tout cela, ne savent vraiment plus à quel saint se vouer pour orienter leurs choix stratégiques. Et je ne parle pas de la guerre qui fait rage chez les industriels autour du concept de made in France porté par un ministre, critiqué par un autre et effrayant pour tout le monde.
Et pourtant, dans un contexte tel que la plupart des visiteurs des 24e Rencontres du transport public auraient pu décider d’un commun accord de venir coiffés d’un bonnet rouge, bleu ou vert, tout s’est déroulé dans le feutré et le politiquement correct.
Pas question de faire un écart lorsque Frédéric Cuvillier a réaffirmé l’intention du gouvernement de passer la TVA à 10 %, a appelé tous les acteurs « à faire un effort » et a rejoué la complainte du CICE.
Les applaudissements de rigueur étaient bien là, comme si de rien n’était. Bien sûr, quelques conférences de presse plus tard et dans les discussions off qui suivirent, on réaffirma les positions de principe et les « volontés fortes » de modifier la position de l’État. Comme si tout cela pesait vraiment à trois semaines d’une échéance programmée de longue date, et tandis que le projet de loi de finance 2014 a finalement été voté d’une seule voix par la majorité de ces mêmes élus qui en perçoivent aujourd’hui toutes les implications, discipline de parti oblige.
Au fond, j’en viens moi aussi à penser que le non-cumul des mandats sera réellement une bonne chose s’il est appliqué un jour. Après tout, plus question pour les sénateurs ou députés-maires de se sentir obligés au double langage. Les élus de terrain pourront vertement critiquer les conséquences de décisions prises en Chambres sans être obligés de se renier intellectuellement comme ils le font aujourd’hui. Sinon, tout cela finira comme dans le monde équestre où le passage d’une TVA de 7 à 20 % va bientôt faire le bonheur des boucheries chevalines…
