2013, tensions et morosité Bisannuel, cet événement s’est déroulé à Bordeaux du 27 au 29 novembre. C’est le rendez-vous incontournable des opérateurs et des industriels du secteur, en même temps que l’endroit où s’expriment tous les lobbies de l’univers du transport public. Entre les discours et les non-dits, c’est bien l’occasion de prendre le pouls de toute une activité.
Il existe plusieurs niveaux de lecture d’un événement comme les Rencontres nationales du transport public. Le choix des sujets de débat vient naturellement en premier, et nous en faisons largement écho dans nos colonnes. Les présents et absents du hall d’exposition sont un autre indicateur important, voire la qualité et l’emplacement de leurs stands. On aura par exemple remarqué l’importance et l’emplacement stratégique du stand de Transdev, sans doute révélateur d’une volonté réaffirmée de tenir le rang qui est le sien dans le paysage du transport public.
Les multiples discours officiels sont aussi un indicateur. Tout policés qu’ils soient, ils sont, tant par les sujets abordés que par les absents, le révélateur des préoccupations majeures de tout un secteur. Enfin, entre conférences de presse et discussions off, se dessine immanquablement la réalité d’un secteur visiblement tiraillé entre un contexte économique difficile, une demande structurelle grandissante, un cheminement politique incertain et un savoir faire industriel reconnu.
Si le choix de Bordeaux pour héberger cet événement peut se justifier par l’ampleur des travaux réalisés ces dernières années en matière de transport public, on regrettera tout de même que le tramway, emblématique des efforts consentis en la matière par la communauté urbaine, ne soit pas encore arrivé jusqu’au parc des expositions. Une fausse note largement remarquée par des congressistes un peu trop souvent englués dans des embouteillages de grande ampleur (notamment dus au gel et à un match de football Bordeaux/Francfort…).
Côté ambiance, le contexte politique chahuté du moment ne se montrait guère propice aux envolées lyriques, d’autant que les difficultés du pouvoir se doublent d’une ambiance économique plutôt morose.
Derrière les discours polis du ministre des Transports et des principaux acteurs du secteur, les enjeux tournent clairement autour de la TVA à 10 % sur les transports publics, du contenu exact de la réforme ferroviaire et du poids du made in France dans les choix faits par les collectivités. Autant de sujets de crispation qui se retrouveront tout au long de l’événement, le plus souvent en coulisse. C’est dire que ce rendez-vous restera peut-être comme ayant été l’un des plus tendus qui soit, reflet de son époque.
Mi-figue mi-raisin. tel est le sentiment qu’ont eu nombre d’élus et d’acteurs du transport après l’allocution d’inauguration des 24es rencontres nationales du transport public de Frédéric Cuvillier, le 28 novembre 2013. dans son discours, le ministre des transports avait entre autres appelé les acteurs du transport public à faire des concessions: « Derrière les efforts de l’État, il est nécessaire d’avoir les moyens. Il faut que vous preniez en compte la réalité des finances publiques. » Pour Gérard Chausset, vice-président de la communauté urbaine de Bordeaux, cette position est loin d’être la meilleure: « S’il y a une hausse du tarif, il faut qu’elle se porte sur les investissements et non sur la TVA. Nous avons besoin de ressources garanties. Il y a une incompréhension entre la mobilité durable et le gouvernement. »
Même sentiment de la part de Pierre Serne, président du Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif): « Cela pourrait représenter 100 millions en moins dans les caisses du Stif. C’est autant de matériel roulant qu’on n’achètera pas en plus, alors qu’on nous demande d’acheter français pour relancer l’économie. » La situation serait d’autant plus problématique qu’elle toucherait avant tout l’usager, selon Roland Ries, président du groupement des autorités organisatrices de transport (Gart): « L’augmentation des tarifs au 1er janvier sera de 3 % plus la dérive de l’inflation, ce qui correspond à peu près à 5 %. Cela ne pourra pas être compensé par le CICE. En clair, ce sera soit l’usager qui paiera, soit le contribuable. »
