Livraison Le 18 décembre 2013 à Granville, la région Basse-Normandie présentait officiellement sa première rame Régiolis.
Elle fait partie d’une commande de quinze trains aménagés en version grand parcours qui préfigurent les futurs matériels des TET.
Ce sont aujourd’hui les plus longues, les plus spacieuses et les plus puissantes des Régiolis! La première rame d’une commande passée en octobre 2009 à Alstom Transport par la région Basse-Normandie a été présentée à Granville le 18 décembre 2013. C’est en quelque sorte la version XXL de cette nouvelle famille de trains régionaux. Ils ont été commandés en 182 exemplaires par 12 régions et en 34 exemplaires par l’État, via la SNCF, pour les TET, les trains d’équilibres du territoire (voir Bus & Car no 942-943).
Les nouvelles rames normandes ont d’ailleurs de nombreuses caractéristiques communes avec les trains qui seront destinés aux TET. Elles sont composées de 6 voitures aménagées pour les longs parcours
Les rames de Basse-Normandie, issues de la plateforme industrielle Coradia Liner comme les autres rames Régiolis, sont à la fois bimode et bicourant et peuvent rouler à 160 km/h
La Basse-Normandie a acquis 15 rames pour un montant de 148 millions d’euros. S’ajoute un investissement de 20 millions d’euros destiné à la construction d’un atelier qui sera installé en avant-gare de Granville. D’une superficie de 3 000 m2, il sera équipé d’une voie électrifiée d’essais et de conditionnement des rames, de deux voies sur fosse et d’un pont roulant. Dès le début de 2015, l’atelier assurera la maintenance de bout en bout des 15 nouvelles rames Régiolis, « ce qui est un atout, à la fois pour la ligne et pour la ville », a estimé Daniel Carhuel, maire de Granville, dans son intervention d’accueil. C’est ce qu’a bien compris la région qui, annonce Laurent Beauvais, président du conseil régional de Basse-Normandie, a adopté son budget ferroviaire le 19 décembre 2013. Et si le CPER (contrat de projets État-région) 2014-2020, actuellement en préparation, intègre les investissements déjà lancés sur Paris-Granville, il aura aussi l’ambition de mettre en place une meilleure articulation entre les lignes. On vise notamment le développement des deux « portes ferroviaires Sud » de la région, respectivement vers Rennes et vers Tours. Cela se fera avec la mise en synergie des lignes Paris-Granville et Caen-Rennes pour offrir un accès direct de Paris au Mont-Saint-Michel
Pour Guillaume Pepy, président de la SNCF, Paris-Granville est « une grande ligne nationale d’aménagement du territoire » dont l’avenir sera assuré jusqu’en 2030 dans le cadre d’une convention de type TET qui sera signée avec l’État, telle une contrepartie de la modernisation des matériels auparavant financée par la Basse-Normandie. L’avenir de la ligne est également garanti par d’importants investissements d’infrastructures (voir encadré). Ils s’ajoutent à la modernisation des matériels apportée par les nouvelles rames, dont les premières circuleront à partir de l’été 2014. Ces nouveaux matériels aideront à l’amélioration des performances de la ligne, « puisqu’il nous manque encore quelques points de régularité que nous allons gagner avec ce matériel », promet le président de la SNCF.
« Sept rames seront livrées en 2014 et autant en 2015, afin que l’ensemble du trafic Paris-Granville soit assuré par les Régiolis à la fin 2015 », confirme Jérôme Wallut, directeur général d’Alstom Transport.
Entre-temps, le projet de CPER aura été finalisé et la nouvelle convention signée entre la région et la SNCF.
Aujourd’hui, les trains les plus rapides effectuent le trajet Paris-Granville (326 km) entre 3 h 05 et 3 h 10. Avec les Régiolis, cette durée pourra être de 2 h 55.
Une version à 200 km/h sera proposée dans l’avenir pour les TET. La bimotorisation (électrique + diesel) et la bitension (1,5 kV continu et 25 kV alternatif) correspondent à l’équipement de Paris-Granville électrifiée en 1,5 kV de Paris à Plaisir (33 km), puis en 25 kV jusqu’à Dreux (48 km) et en traction thermique au-delà.
La section Folligny-Avranches a été modernisée de juillet 2011 à avril 2013, tandis que la remise à niveau d’Avranches-Pontorson-Dol qui boucle l’ensemble du trajet (Caen) Lison-Dol (Rennes) sera achevée en 2014.
La ligne Paris-Granville, achevée en 1870, a subi un long déclin après une période faste à l’époque des bains de mer et malgré le spectaculaire accident du 22 octobre 1895, resté dans les annales de l’histoire ferroviaire, lorsque la locomotive d’un train Granville-Paris a fracassé son butoir pour se retrouver sur le trottoir, devant la gare Montparnasse.
C’est une ligne ressuscitée, puisque sans la volonté politique de la région Basse-Normandie et des autres collectivités territoriales desservies, sa disparition était quasi inéluctable. De 1994 à 1999, sa modernisation a conduit à la mise à voie unique banalisée, avec installation d’un système de commande centralisée entre Argentan et Folligny, à la remise à double voie de Folligny-Granville. Puis, en 2012, on a créé un raccordement direct, passe Folligny, avec l’axe Caen-Rennes, ce qui a permis de proposer, dès 2013, des relations directes Granville-Caen.
Paris-Granville est aussi, depuis près de trente ans, la ligne des expérimentations de nouveaux matériels ferroviaires. Ainsi, les Caravelle X 4790 Basse-Normandie, les premiers matériels régionaux à l’éclatante livrée orange mis en service en 1981, les rames Régiolis d’aujourd’hui et enfin les 15 rames triples Alstom X 72500, livrées en 1999 (plus 4 en provenance de Champagne-Ardenne) à l’issue de la modernisation de la ligne et qui assurent toujours le trafic.
La ligne offre 7 allers-retours quotidiens de bout en bout, auxquels s’ajoutent 2 allers-retours quotidiens Paris-L’Aigle, l’ensemble totalisant près d’un million de voyageurs par an en trafic grandes lignes. Les sections Paris-Plaisir et Plaisir-Dreux sont en effet respectivement intégrées au système du Transilien et à l’offre des axes du grand bassin parisien qui associe les régions Île-de-France et Centre à la SNCF.
Des opérations de modernisation, financées et lancées dans le cadre du CPER 2007-2013 et dans celui du plan de renouvellement du réseau mis en œuvre par RFF, s’achèveront de 2015 à 2018. Cela inclut le renouvellement total ou partiel (rails, ballast ou traverses) de la voie, la modernisation des composants des installations de sécurité et la sécurisation des passages à niveau. Un total de 149 millions d’euros d’investissement s’ajoute aux 5,8 millions d’euros investis dans la modernisation de 6 gares de la ligne depuis 2005, et 168 millions ont été dépensés dans les 15 rames Régiolis et dans l’atelier de Granville.
