Interrégional Créée en 1960 par René Maisonneuve, la société de transport par autocars les Courriers Rhodaniens poursuit sa route, toutes les routes… Et surtout, depuis deux ans, sous l’impulsion d’Yves Plessis, président du directoire, elle s’est engagée dans un processus de diversification de ses activités. Elle fait figure de pionnière en étant engagée dans le transport international et fait partie des repreneurs du légendaire Mastrou ardéchois.
L’entreprise de Saint-Péray, comme beaucoup d’autres transporteurs routiers de voyageurs, s’est historiquement positionnée sur les principaux métiers autocaristes: les lignes régulières dans l’urbain et l’interurbain, les services scolaires et le transport de personnel, le tourisme. L’année dernière, avec une répartition de 80 % dans le transport régulier et 20 % dans le tourisme, les Courriers Rhodaniens ont enregistré un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros, en stabilité par rapport à l’exercice précédent. Une activité réalisée sur une zone d’influence géographique qui se situe le long de la vallée du Rhône, au sud de l’agglomération lyonnaise et à l’est des contreforts du Massif central, en Ardèche et dans la Loire. Outre son siège social, l’entreprise dispose de quatre centres d’exploitation: Annonay (07), Pélussin (42), Salaise (38) et Mions (69). Depuis quelques années, du fait de la forte concurrence exercée par les grands groupes nationaux, principalement sur les grands marchés, les Courriers Rhodaniens ont dû s’organiser et faire preuve d’imagination pour trouver de nouveaux relais de croissance. C’est ce qui explique son évolution récente: « l’entreprise autocariste aujourd’hui, c’est une gestionnaire de mobilité », justifie Yves Plessis.
C’est le groupement Réunir qui va fournir aux Courriers Rhodaniens, une première opportunité. Créé en 1998, Réunir regroupe à ce jour une centaine de chefs d’entreprises, de PME pour la plupart, présents dans une soixantaine de départements français. Aujourd’hui, Réunir dispose de 200 implantations totalisant 5 800 véhicules. Il a pour vocation de constituer une force de frappe face aux grands groupes autocaristes. C’est dans ce contexte que l’un de ses adhérents, les Courriers Rhodaniens de Saint-Péray en Ardèche, a ouvert, le 6 juillet 2012, une ligne régulière entre Lyon-Part-Dieu, Chambéry et Turin. Dans un premier temps, cette ligne était assurée dans le cadre d’une liaison TER pour le compte du conseil régional Rhône-Alpes dont les Courriers Rhodaniens étaient le prestataire. Dans le système de l’époque, le conseil régional Rhône-Alpes et la région Piémont avaient passé une convention avec la SNCF, qui elle-même avait conventionné Les Courriers Rhodaniens pour cette desserte par autocars. La région Rhône-Alpes souhaitant se désengager de cette ligne, c’est tout naturellement les Courriers Rhodaniens qui sont restés les exploitants et les gestionnaires de cette ligne à partir du 8 décembre 2012, mais avec un cadre juridique différent. Baptisée Starshipper, la ligne fonctionne désormais sous le couvert d’un accord signé par les deux ministères des Transports de part et d’autre des Alpes, mais pour une exploitation aux risques et périls de l’autocariste. Sept jours sur sept, à raison de 24 fréquences hebdomadaires, des véhicules de 48 sièges effectuent la liaison en 4 h 25, entre Lyon, Chambéry et Turin. Pour redynamiser cette offre, la grille tarifaire vient d’être allégée avec un tarif unique de 29 euros au départ de Lyon-Part-Dieu et de 27 euros au départ de Chambéry, et respectivement 52 et 45 euros pour l’aller et retour.
Yves Plessis, président du directoire des Courriers Rhodaniens, vient de faire le point sur la ligne Starshipper et sur la première année d’exploitation de son offre: « sur l’année 2013, nous avons transporté 20 000 voyageurs, dont 10 % entre Chambéry et Turin. Cela prouve que la liaison a trouvé sa clientèle mais qu’il nous reste encore du chemin à faire pour parvenir au point d’équilibre que nous estimons autour des 27 000 clients ». Il faut dire que s’il n’existe plus d’offre ferroviaire à destination de l’Italie suite aux travaux du tunnel sous le Mont-Cenis, en dehors du TGV Paris-Turin-Milan qui dessert la gare de Lyon-Saint-Exupéry, la ligne est plutôt convoitée par les autocaristes. Outre les Courriers Rhodaniens, il faut compter avec iDBUS de la SNCF et Eurolines sur une ligne où l’exploitation est rendue difficile car plus de la moitié du prix du billet passe dans les péages successifs (autoroute et tunnel). Le matériel roulant fourni par Les Courriers Rhodaniens est constitué d’un véhicule Mercedes Tourismo et de deux Irisbus Iveco de 49 et 53 sièges. Prochainement, la totalité des services devraient être assurés avec les Irisbus Iveco.
Cette situation de recherche de l’équilibre d’exploitation ne freine en rien les ambitions de l’offre Starshipper et des Courriers Rhodaniens: « à la fin de l’année dernière, nous avons déposé des demandes d’autorisation d’exploitation: sur Paris-Lyon (Turin) et aussi sur Lyon-Barcelone, avec dessertes des villes intermédiaires », explique Yves Plessis. Les réponses sont attendues pour cet été. Des initiatives qui témoignent que dès que le transport interrégional de voyageurs sur route se libéralisera, Réunir aura son mot à dire: « nous souhaitons contribuer à améliorer la mobilité interrégionale à l’échelle européenne et française », affirme Yves Plessis.
Ces perspectives internationales n’empêchent pas l’entreprise de s’intéresser aux dossiers locaux, en particulier ceux des réseaux de transports urbains des villes moyennes pour lesquels elle candidate aux appels d’offres. Et puis surtout, les Courriers Rhodaniens font partie des sauveurs du Mastrou. Véritable institution et emblématique chemin de fer touristique, le petit train de l’Ardèche avait été obligé de cesser ses services le long des gorges du Doux par arrêté préfectoral en juillet 2008. Cinq ans plus tard, le Mastrou repart vers de nouvelles aventures, en partie grâce à l’autocariste ardéchois. Authentique patrimoine historique et culturel, le Train de l’Ardèche, c’est son nouveau nom, a réussi son pari après avoir bénéficié d’environ 15 millions d’euros d’investissement. Un tiers provient du conseil régional Rhône-Alpes pour les aménagements des voies et des tunnels, un autre tiers de la communauté de communes du Tournonais pour les gares. Le reste est supporté par la Société nouvelle des chemins de fer du Vivarais, structure constituée par l’autocariste des Courriers Rhodaniens et Kléber Rossillon, son nouveau gestionnaire. « Il permet à nouveau de découvrir des sites naturels d’exception, tout en vivant une aventure ferroviaire unique », résume Frédéric Sausset, président de la communauté de communes du Tournonais. Ce train à vapeur d’époque, entièrement restauré et classé monument historique, est assurément tout à la fois un voyage dans le temps et dans l’espace offrant la découverte de vues magnifiques. C’est aussi un vecteur économique pour toute une vallée. « Nous n’avons par un seul train de voyageurs dans le département, mais nous avons le Mastrou », se félicite Frédéric Sausset, une ligne et différentes manières de découvrir l’Ardèche verte.
À une heure de Lyon et à 30 minutes de la gare TGV de Valence, la ligne entre les gares de Tournon–Saint-Jean-de-Muzols et Lamastre, soit une trentaine de kilomètres de voie unique, offre désormais plusieurs possibilités. Le Train des Gorges est proposé tous les jours en juillet et août, sauf le lundi, et tous les week-ends des mois de septembre et octobre. Le train est tracté par la célèbre locomotive d’époque Mallet. Tous les mardis, l’Autorail du Marché permet de participer au grand marché de Lamastre à bord d’un autorail historique (départ à 9 heures et retour à Tournon-Saint-Jean de Muzols à 13 h 20). Les tarifs commencent à partir de 8 euros, des tarifs de groupe sont disponibles, d’autant que le parking aménagé dans la nouvelle gare de Tournon–Saint-Jean-de-Muzols compte une trentaine d’emplacements pour autocars.
La Société nouvelle des chemins de fer du Vivarais ne manque pas d’ambition avec une première saison autour de 40 000 clients: « mais nous envisageons de dépasser les 100 000 voyageurs par an et hisser le Mastrou en haut de la hiérarchie des chemins de fer touristiques français », ajoute Yves Plessis. Et, pour compléter l’offre, les Courriers Rhodaniens proposent depuis 2011 le vélo-rail (un pédalo de 4 personnes) entre Tournon et Boucieu, soit une excursion de 2 heures, riche en couleur et en émotions sur les paysages du Doux. Avec 40 000 clients, dont 70 % réservent via internet, il est même devenu le premier du genre en France.
