Stratégie L’opérateur privé de transport public a présenté ses résultats 2013 le 9 avril dernier à Issy-les-Moulineaux.
Si les chiffres, en hausse par rapport à 2012, sont encourageants, un long chemin reste encore à parcourir pour parvenir à un redressement complet.
C’était il y a un an. Le 26 mars 2013, l’opérateur de transport public, Veolia Transdev, changeait d’identité et (re)devenait Transdev. Il annonçait dans la foulée de nouvelles orientations stratégiques pour la période 2013-2018. Le but: tenter de redresser la barre après deux années d’incertitudes et 1,9 milliard d’euros de dettes accumulées. Parmi les mesures phares annoncées figuraient celles du redressement financier, de l’amélioration de la performance opérationnelle, du rétablissement de la confiance des clients et de la remobilisation des équipes. Un an après, plus précisément le 9 avril dernier, Jean-Marc Janaillac, pdg de Transdev, réunissait à nouveau les journalistes au siège de la compagnie à Issy-Les-Moulineaux. L’heure du premier bilan avait sonné.
Signe annonciateur d’une bonne nouvelle, c’est avec le sourire que le numéro un du groupe s’est exprimé à ce sujet. Et pour cause: « En dépit des difficultés, les résultats de Transdev sont en progression en 2013. Transdev est aujourd’hui en avance sur son plan stratégique et aborde l’année 2014 avec confiance, optimisme et ambition », s’est-il réjoui.
En effet, cette année de transition a été marquée par plusieurs avancées positives. D’abord au niveau de la dette de l’opérateur qui est descendue à 1,1 milliard d’euros fin 2013. Et cela, en partie grâce à un engagement des actionnaires de Transdev, la Caisse des dépôts et consignations et Veolia Environnement, de l’ordre de 560 millions d’euros, ainsi qu’à la poursuite du programme de cessions d’actifs à l’étranger qui a notamment concerné les activités du groupe en Belgique, en Europe centrale et orientale.
Autres bons chiffres, ceux de la capacité d’autofinancement qui a progressé de 15 % et atteint 342 millions d’euros en décembre dernier (contre 298 millions d’euros fin 2012), et de la marge opérationnelle qui passe de 4,5 à 5,2 % à périmètre constant. Quant aux pertes nettes qui culminaient à 390 millions en 2012, elles sont descendues à 130 millions d’euros. Dernier point positif, mais non le moindre, en France « les principaux contrats de renouvellement ont été conservés » et ont été associés à quelques belles victoires à l’étranger (contrats de bus australiens à Melbourne et le tramway de Shenyang en Chine, tous les deux remportés en avril 2013).
De bons augures donc. Au point que Jean-Marc Janaillac a indiqué que: « Nous espérons obtenir un résultat net positif dès 2014, avec un an d’avance ». Dans cet esprit optimiste, le groupe prévoit aussi de poursuivre la renégociation des contrats déficitaires en France, comme le très compliqué dossier de Reims, et la poursuite de la cession d’actifs, en Suède et en Finlande entre autres, qui pourraient aboutir, selon le pdg, avant la fin de l’année. De même, c’est l’esprit serein que la compagnie se prépare aux grands rendez-vous de 2014, notamment autour des résultats de l’appel d’offres à Bordeaux que Transdev espère bien décrocher et du renouvellement du contrat irlandais de Luas à Dublin que le groupe souhaite à nouveau exploiter. Les défis de l’année concerneront aussi plusieurs mises en service, que ce soit pour des tramways en France (à Besançon et Grenoble) ou à l’étranger pour le métro indien de Bombay.
Malgré les difficultés encore récentes, le groupe a déjà établi des objectifs ambitieux à moyen terme. Parmi eux, celui de se positionner « en tant qu’acteur de la réforme du ferroviaire régional », indique Jean-Marc Janaillac. Une mesure qui, argumente le pdg, représente « un enjeu essentiel pour l’intérêt général au moment où la réduction des dépenses publiques provient des collectivités territoriales ». De même, ce dernier a rappelé l’ambition du groupe de ne pas laisser échapper les opportunités liées au Grand Paris: « Nous serons également attentifs à la manière dont se préparent les projets dans ce sens, nous entendons y jouer pleinement notre rôle ». Enfin, le développement du groupe sur les marchés du transport à la demande (cf. Bus & Car no 930) et du numérique (cf. Bus & Car no 917) est aussi d’ores et déjà annoncé comme faisant partie des ambitions futures.
Mais pour transformer l’essai de cette première année et aborder l’avenir de manière sereine, l’opérateur privé considère qu’il devra s’enlever une grosse épine du pied. Cette ombre au tableau n’est autre que la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), au sein de laquelle Transdev est toujours actionnaire majoritaire à 66 %. Car selon Jean-Marc Janaillac, sur les 130 millions d’euros de perte nette du groupe en 2013, « 107 millions d’euros correspondent à l’impact financier de la SNCM ». Ce dernier a également rappelé sa volonté de se désengager de la société maritime « pour une somme symbolique », à condition que le repreneur récupère les créances de la SNCM, qui atteignent 77 millions d’euros: « Nous n’avons plus les moyens de financer le fonctionnement courant d’une compagnie qui, depuis 2001, hors éléments exceptionnels, a perdu 220 millions d’euros et qui a eu une seule année bénéficiaire sur treize ». Si des négociations dans ce sens ont été engagées avec le conglomérat norvégien Sien Industries, pour l’heure, rien n’est encore officiellement annoncé. En attendant une solution, les tensions entre l’opérateur et sa filiale marseillaise continuent de faire les choux gras de la presse. La dernière en date, celle de la saisie par Transdev du tribunal de commerce de Marseille le 15 avril dernier dans le combat qui l’oppose au conseil de surveillance de la SNCM vis-à-vis du plan de relance engagé mi-2013. Une histoire qui n’a sans doute pas fini de faire couler beaucoup d’encre.
