Le 25 mai prochain, les électeurs hexagonaux se rendront aux urnes pour élire 74 des 751 eurodéputés.
Avec une campagne qui a officiellement commencé le 12 mai dernier, certains des candidats en lice se sont positionnés sur les grands dossiers européens, dont certains liés aux transports.
Affichant des taux d’abstention traditionnellement élevés, 56,9 % en moyenne et 59,35 % en France en 2009, les scrutins européens n’ont pas la cote auprès des électeurs. Pire, les élections seraient l’occasion pour certains d’entre eux d’exprimer leur défiance vis-à-vis des instances européennes. Publié par la Commission européenne il y a quinze jours, un sondage rappelait d’ailleurs que 63 % des Français restent méfiants vis-à-vis de l’Union européenne.
Avec une campagne qui a officiellement débuté dans les 28 pays membres le 12 mai dernier, le scrutin qui se déroulera le 25 mai en France introduira un véritable droit de regard des électeurs sur le futur président de la Commission européenne. En effet, suite au traité de Lisbonne de 2009, il sera élu par le Parlement. Pour ravir le poste de José Manuel Barroso, deux des cinq candidats déclarés font figure d’outsiders: l’actuel président du Parlement européen Martin Schulz, pour le Parti social-démocrate (PSE), et l’ex-président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, pour le Parti populaire européen. En France, les 193 listes des 8 circonscriptions ont été publiées le 5 mai. Au sein de leurs programmes, les différentes familles politiques se sont emparées des principaux dossiers européens, dont les transports. Et pour cause, à en croire les professionnels du secteur: 80 % de la législation française des transports découle de l’Europe. Droit des passagers, libéralisation ferroviaire, ouverture des lignes interrégionales par autocar, etc., les exemples sont nombreux.
Thème particulièrement cher aux usagers, la défense du service public figure en bonne place des promesses des candidats. Alors qu’Europe Écologie Les Verts (EELV) plébiscite un modèle de service public européen afin de préserver l’égalité des territoires et de garantir une meilleure répartition des fonds européens, le Parti socialiste (PS) opte pour une adoption par le Parlement d’une directive-cadre reconnaissant le principe de subsidiarité et permettant de renforcer l’action des autorités nationales et locales. Objectif: « protéger les services publics des attaques de la direction générale de la Concurrence de la Commission européenne ». Plus à gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a fait de la lutte contre la privatisation des services publics un de ses principaux combats. Soupçonnant cette privatisation encouragée par l’Europe, il propose de doter notamment les transports collectifs de moyens « massifs », encourageant ainsi la poursuite de leur développement. Un combat que s’est également approprié le Front de gauche (FG) qui plaide pour un coup de frein à la dérégulation, en particulier dans les transports. Affichant la même volonté, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République (DLR), se propose de rétablir le monopole public dans les secteurs stratégiques, notamment le ferroviaire, en abandonnant le rapprochement de la SNCF et de Réseau Ferré de France (RFF). Envisageant aussi de stopper la création d’un gestionnaire ferroviaire intégré, le Front national (FN) ne compte pas y aller par quatre chemins: gel de l’application des directives européennes de libéralisation dans un premier temps et renégociation des traités européens relatifs aux services publics dans un second temps.
Véritable marronnier, le sujet de la gouvernance a surfé sur une traditionnelle vague de popularité quelle que soit la famille politique. Aux yeux du PS, tout l’enjeu de cette gouvernance est de « concilier la volonté de souveraineté des États et la nécessité d’agir comme une unité politique unique, à la dimension des acteurs et des défis mondiaux auxquels elle est confrontée ».
Un challenge qu’il compte relever en renforçant les pouvoirs du Parlement européen, de la Commission, et des conseils des chefs d’État comme des ministres. Plus modestement, DLR consacrerait uniquement ses efforts à muscler ceux du Parlement européen. En parallèle, le parti se montre favorable au remplacement de la Commission européenne par un Secrétariat général assistant les États dans leurs politiques communes, au remplacement du Parlement européen par le Conseil consultatif des parlements et la dissolution de la Cour de Justice européenne. Une redistribution des rôles qui a également inspiré le FN pour qui l’État aurait tout intérêt à reprendre la main sur les transports ferroviaires régionaux et à baisser de 2 % ses dotations aux conseils généraux et régionaux.
Dernière source d’inspiration pour les candidats en lice: le développement durable. Évacuant l’éternel couplet sur les transports polluants, les idées émergentes ont davantage porté sur la promotion des transports collectifs. Si pour le NPA la réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par un aménagement du territoire destiné à réduire les distances parcourues et par le déploiement d’une politique de transports collectifs, non polluants et gratuits, le FG mise sur la promotion du transport ferroviaire. Afin de dénicher des investissements pour doper la croissance verte, le PS propose de générer des ressources supplémentaires, notamment à travers la taxe carbone aux frontières de l’Union. Une taxe carbone assez logiquement défendue par EELV. Grand absent en matière de propositions transport, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) s’est uniquement prononcée sur la nécessité de redéfinir une politique des grandes infrastructures de transports.
