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La RATP capitalise sur son autofinancement

Opérateur historique du métro parisien, le groupe RATP s’est exporté aux quatre coins du monde sur différents modes de transport. Pour porter sa croissance, sa stratégie financière repose sur trois fondamentaux: une capacité d’autofinancement lui permettant de financer quasiment l’intégralité de ses investissements non subventionnés, un endettement maîtrisé et une palette diversifiée d’instruments de couverture de risques.

« Nos résultats sont pleinement en phase avec les objectifs que nous nous sommes fixés dans notre plan Vision 2020 », assurait Pierre Mongin, président de la RATP, le 17 avril dernier lors de la présentation de l’année financière du groupe. Un programme stratégique dont les objectifs sont ambitieux: un chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros en 2020 contre 5,09 millions d’euros l’an dernier, un niveau de capitaux propres de 4,88 milliards d’euros contre 2,97 milliards d’euros et un endettement net de 4,70 milliards d’euros contre 5,18 milliards d’euros en 2013. Des perspectives qui s’inscrivent dans un contexte de stabilisation de la dette du groupe, des investissements en partie couverts par sa capacité d’autofinancement et par une gestion des risques riche en produits dérivés.

Une force de frappe en interne

Particulièrement choyé, l’autofinancement constitue l’un des piliers financiers de l’exploitant. Somme du bénéfice net et des charges non décaissées comme les dotations aux amortissements, les provisions pour les risques, les charges futures et notamment utilisées pour investir ou rembourser des emprunts, la capacité d’autofinancement (CAF) du groupe a atteint 911 millions d’euros, abaissant le ratio d’endettement de 5,9 années à 5,7 années. Aux yeux du groupe, cette marge de manœuvre supplémentaire découle notamment d’une hausse de 1 % du trafic qui a atteint 3 140 millions de voyages en 2013 grâce à l’extension du réseau, avec en particulier l’entrée en exploitation de plusieurs lignes de tramway. Autre argument avancé pour expliquer ce niveau de CAF: une baisse de 300 millions d’euros de la base annuelle de coûts récurrents de l’EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) entre 2008 et 2013. Si un tiers de ses économies a permis de réduire la contribution annuelle du Stif (Syndicat des transports d’Île-de-France), deux tiers ont assuré le financement des investissements.

À titre d’exemple, la hausse de 5,3 % de la CAF a notamment permis de couvrir une partie des 1,513 milliard d’euros d’investissement franciliens de l’exercice 2013. Au programme: accroissement de la capacité de transport, renouvellement et rénovation du matériel roulant, ainsi que modernisation des infrastructures et des équipements existants qui ont respectivement hérité de 453, 587 et 473 millions d’euros. Selon la nature de ces investissements, d’autres leviers compléteront l’équation. Certains matériels roulants, en l’occurrence les lignes de tramways T3E, T5, T6, T7 et T8 ont fait l’objet d’un crédit-bail. Un montage au sein duquel la RATP fait office de crédit preneur, le Stif, son autorité organisatrice (AO), remboursant les loyers correspondants. Pendant la phase de construction, la RATP paie le fournisseur puis “cède” les rames à la banque lors de la livraison. Le contrat de crédit-bail est ensuite mis en place et sera repris par le Stif en 2029 à l’issue du contrat.

Mainmise sur la dette

À elle seule, l’activité transport du groupe a vu sa dette augmenter de 7 millions d’euros par rapport à l’exercice précédent. En cause: plusieurs opérations de croissance externe réalisées sur cette période, comme le rachat du fonds de commerce de la Société des transports interurbains de la Nièvre (Stin), activités de transport du groupe Réunir Bourgogne Centre, l’acquisition de la société britannique Selwyns Travel ou la consolidation de la société Compagnie des transports du Boulonnais (CTB) depuis le 1er janvier 2013. De nouvelles recrues qui ont certes pesé sur l’endettement en 2013, mais leur chiffre d’affaires viendra, a priori, doper le chiffre d’affaires de la branche, respectivement de 7,4, 13,3 et 11,3 millions d’euros pour l’exercice 2014. À l’inverse, la sortie du périmètre de consolidation de la co-entreprise exploitant le réseau de Macao, mise en faillite par ses actionnaires le 1er octobre 2013 a constitué un profit de 980 000 euros. Même topo à l’occasion de l’encaissement du solde du prix de sortie du contrat de Gènes.

Conclusion: le gearing, indicateur d’endettement de son activité de du gestionnaire d’infrastructure, est passé de 2,3 en 2012 à 2,1 en 2013, là où celui de son activité d’opérateur de transport passait de 1,4 à 1,3. Avec un profil d’endettement caractérisé par des recours à des emprunts obligataires, des emprunts auprès de la région Île-de-France ou auprès des établissements de crédit, mais aussi des concours bancaires courants, la RATP a également pu compter sur l’intégration du versement au Stif d’une indemnité de 200 millions d’euros au titre des biens propres, transférés de l’AO à la RATP depuis le 1er janvier 2010 pour alimenter sa trésorerie, comme le prévoit la loi sur l’organisation et la régulation des transports ferroviaires (ORTF). Techniquement, la structure de son endettement se compose de dettes court terme matérialisée par des billets de trésorerie (803 millions d’euros) dont la maturité n’excède pas trois mois et dont certaines sont à taux variable et d’une obligation à court terme (217 millions d’euros) destinée au financement du Plan d’épargne d’entreprise (PEE) qui intègre cette fourchette.

Stratégie de maîtrise des risques

Que ce soit pour optimiser le coût de sa dette ou simplement dans le cadre de son activité, le groupe doit se prémunir contre toute une série de risques. Pour cela, il utilise une palette de produits liée à la nature du risque. Ainsi, les risques de changes, attachés à sa dette ou ses dépôts en devises, sont, par exemple, couverts par la mise en place de swap de devise, c’est-à-dire un échange des taux d’intérêt à moyen ou long terme dans deux devises différentes, là où les risques de taux liés à ces futures émissions obligataires font eux aussi l’objet de swaps, mais aussi de collars de swaptions, visant à réduire le coût de la couverture. Pour les taux d’intérêt, le groupe a privilégié des swaps, des caps, des floors et des swaptions, produits dérivés destinés à optimiser ses frais financiers.

Sur le versant des matières premières, la RATP a recours à des produits dont l’indexation est strictement identique aux conditions de contrat physique négocié avec les fournisseurs. Disposant d’un programme de billets de trésorerie de deux milliards d’euros utilisés pour gérer son risque de liquidité et de trésorerie, le groupe se sert également d’un encours de placements liquides au quotidien.

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