Initiative Confronté à d’importantes difficultés financières, le groupe Perraud a été repris par Easynove, un collectif de 23 confrères.
Une initiative qui a permis de sauver 400 emplois.
Fin 2011, les comptes du groupe Perraud (en Isère) plongeaient. « Au fil de son développement, la société s’est livrée à plusieurs opérations de croissance externe », expliquait Gilles Pernaton, directeur du cabinet de conseil Pokka, lors d’une rencontre avec la presse en juillet dernier. Six mois plus tôt, sa dernière opportunité concernait le rachat des cinq sociétés du groupe Eyraud
Seul hic: la nouvelle recrue souffrait également de résultats d’exploitation en baisse discontinue. Fragilisée par cette opération, « la société risquait l’asphyxie », se souvient Gilles Pernaton. En effet, début 2012, le groupe Perraud enregistrait une dette d’exploitation de 12 millions d’euros, une dette financière de 16 millions d’euros, des crédits-bails souscrits pour sa flotte de 11 millions d’euros et une maigre trésorerie. Pour endiguer cette spirale, dès juin 2012, le groupe décide de placer l’ensemble de ses sociétés en procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Grenoble.
Durant la période d’observation de 18 mois que lui accorde le tribunal, l’entreprise se réorganise en profondeur. Outre l’arrêt de certaines activités et la cession de plusieurs actifs comme la Société grenobloise de voyages et d’entreprises (SGVE), elle rationalise ses finances. Les durées de ses crédits-bails sont rallongées de trois ans, tandis que les montants de ses loyers restants sont abaissés de 10 %. Côté renégociation de sa dette, dix réunions avec le comité de créanciers regroupant 30 banques ont abouti à la revente de 18 % de son capital, jusque-là détenu par plusieurs institutions financières, et à l’abandon de 75 % des créances bancaires en échange du paiement de 25 % de la dette en cash.
Une fois parvenu à cet accord, encore fallait-il trouver les 4 millions d’euros correspondant à 25 % de la dette restante… Se rapprochant du réseau Réunir, ce sont d’abord 13 adhérents qui se portent volontaires pour mettre la main à la poche. Élargissant le périmètre de recherche à d’autres confrères en dehors du réseau Réunir, ce sont finalement dix autres sociétés de transport qui viennent étoffer le portefeuille d’actionnaires désormais réunis sous le label Easynove. Au final, le collectif regroupe 29 sociétés avec une force de frappe de 4,5 millions d’euros levés sur leurs fonds propres. « Grâce à cette opération, 400 emplois ont pu être sauvés », retient Frédéric Pinet, président du directoire du groupe Perraud.
Six mois après sa reprise, l’activité du groupe Perraud est constituée à 60 % de transport urbain et interurbain, avec l’exploitation des lignes scolaires et régulières du Pays Voironnais, des conseils généraux de l’Isère, de la Drôme et de la Savoie, à 25 % de transport touristique, à 10 % de transport de personne à mobilité réduite et à 5 % de transport de marchandises. Pour l’heure, le groupe reconnaît « ne pas avoir la possibilité d’aller chercher des marchés à perte, en se disant qu’il se rattrapera ailleurs », avoue Frédéric Pinet.
De son côté, fort de cette première expérience, Easynove n’entend pas en rester là. « Cette aventure nous a permis de mettre sur pied un outil de sauvegarde d’entreprise susceptible de s’adapter à d’autres situations », souligne Frédéric Pinet. Une structure chapeautée par le groupement de transporteurs Réunir pour qui cette affaire a pris des airs de croisade. « Ces vingt dernières années, deux tiers des entreprises ont été reprises par des groupes. Les PME se retrouvent face à quatre grands groupes très puissants pour répondre à des appels d’offres de plus en plus exigeants », observe Alain-Jean Berthelet, Pdg du groupe Berthelet et président de Réunir. Pour la suite, pas question d’avancer tous azimuts, « nous n’irons pas chasser, mais nous regarderons les PME en cession, nous reprendrons les entreprises rentables et apporterons de la performance », prévient Frédéric Pinet. D’où l’intérêt d’ “enrôler” de nouveaux investisseurs et de tisser des liens de confiance durables avec les banques.
Eyraud Autocars, Voyages Gouy, Autocars Ville, Brun Voyages et Autocars Rouard.
Flotte: 300 véhicules
CA: 24 millions d’euros
Effectifs: 400 salariés
Actionnaires: 29 associés dont 19 membres de Réunir
