Pyrénées Le conseil régional d’Aquitaine lance les travaux de réhabilitation de la ligne Oloron-Bedous. Il a fallu deux ans avant de lancer le chantier du dernier maillon manquant entre Pau et Saragosse.
Pourra-t-on un jour circuler en train de Bordeaux à Saragosse? Le conseil régional d’Aquitaine et le gouvernement d’Aragon s’y emploient. Dès deux côtés des Pyrénées, les collectivités investissement pour remettre en service la ligne qui traverse les Pyrénées. Alain Rousset, président de la région Aquitaine, est l’un des plus fervents défenseurs du dossier. Le 26 septembre, il a donné le départ des travaux sur le tronçon Oloron-Bedous. Le chantier, qui doit durer 18 mois, consiste à restaurer et mettre aux normes actuelles l’ensemble des équipements de la voie ferrée. Outre la ligne de 24,7 km, la majorité des ouvrages d’art seront complètement rénovés ou reconstruits, soit 7 tunnels, 31 ponts et 4 km de murs de soutènement maçonnés.
Les travaux de débroussaillage et de dépose de l’ancienne voie sont en cours, ils précèdent la construction de l’infrastructure qui aura lieu en 2015.
Parmi les plus importants chantiers: le remplacement de 12 tabliers de ponts, l’installation de dispositifs anti-éboulement sur les parois rocheuses, et la reconstruction du pont routier de Sarrance. Le chantier sera aussi l’occasion de sécuriser les passages à niveau. Six seront supprimés, 17 seront équipés de barrières et quatre seront dénivellés. Enfin, trois haltes voyageurs seront construites, dont le terminus de Bedous.
L’enveloppe globale des travaux représente 102 millions d’euros. « Il a fallu batailler pendant 15 ans pour parvenir à faire aboutir ce dossier, explique Alain Rousset. Finalement, la région Aquitaine finance la totalité de l’investissement. Peut-être faudra-t-il faire appel à un partenaire privé pour l’exploitation de la ligne. »
La mise en œuvre du chantier revient à RFF qui définit le programme, gère le budget et sera le propriétaire et le gestionnaire de l’infrastructure créée. « Les équipes de RFF et ses partenaires techniques se mobilisent dès maintenant pour réaliser ces travaux, en toute sécurité, dans les délais requis », déclare Alain Autruffe, directeur régional de RFF Aquitaine Poitou-Charentes. « La mise en service commerciale est prévue pour mars 2016. » Près de 150 ouvriers travailleront sur le chantier en 2014 et 400 en 2015 en période de pointe.
La nouvelle ligne doit permettre d’offrir une alternative aux liaisons routières. La vallée est actuellement desservie grâce une offre de transport par autocar. Le projet vise à se substituer partiellement à cette offre. Le futur service sera opéré par un TER de la région Aquitaine. Quatre allers-retours quotidiens sont annoncés. Le temps de parcours estimé est de 207 minutes, pour une vitesse maximale de 80 km/h sur une voie unique.
Mais le projet de reprise des circulations ferroviaires entre Oloron et Bedous ne constitue que le maillon d’une chaîne bien plus grande. « À terme, notre volonté est de relier Bordeaux à Saragosse, et de donner vie à la ligne Goya, en référence au peintre Francisco de Goya né à Saragosse en 1746 et mort à Bordeaux en 1928 », explique Alain Rousset.
De 1928 à 1970, Pau et Saragosse étaient reliées par une ligne ferroviaire à travers les Pyrénées. Elle est fermée depuis un déraillement qui a occasionné la destruction du pont de l’Estanguet et l’abandon de la ligne sur un tronçon de 57 km entre Oloron-Sainte-Marie et Canfranc.
En aval du tronçon Oloron-Bedous, la ligne qui relie Pau à Oloron a d’ores et déjà été modernisée. Depuis janvier 2011, 26 TER quotidiens circulent entre ces deux villes, suite à des investissements qui se sont chiffrés à 35 millions d’euros.
En amont du chantier qui débute, il reste encore à réhabiliter la ligne Bedous-Canfranc, soit 33 km. La région Aquitaine et le gouvernement d’Aragon travaillent en étroite collaboration à l’achèvement de ce projet. Ils ont signé en 2013 une feuille de route pour permettre la reprise des circulations jusqu’à Canfranc à l’horizon 2020.
« Des études menées par RFF disent que le potentiel est de 370 000 à plus de 500 000 voyageurs par an, déclare Alain Rousset. Le succès du train jaune à Perpignan est un bon exemple. La ligne, qui offre un paysage magnifique, permettrait de desservir plusieurs entreprises et d’attirer touristes et skieurs. Par ailleurs, elle pourrait récupérer 1,5 t de marchandises. Si, comme je le souhaite, le chantier du dernier maillon est lancé dans 3 ans, les Bordelais pourront, en 2020, accéder aux pistes de ski directement depuis la gare Saint-Jean. »
