Territorialité La 97e édition du Salon des maires et des collectivités locales s’est tenue du 25 au 27 novembre au parc des expositions à Paris. Plusieurs pavillons plantaient le décor d’une série de conférences pratiques: eau, déchets, aménagements urbains, voirie, culture et infrastructures. Dans ce temple de la commune, la catégorie Transport – Véhicules ne représentait que 24 % des quelque 800 exposants, logistique et transport utilitaire inclus. Pourtant, la mobilité des personnes pointe par flashs dans des préoccupations environnementales de plus en plus prégnantes.
Quel sera le visage du transport dans nos “villes intelligentes” tant plébiscitées? Dans une conférence menée par le groupe Vinci Énergies, Denis Aubron, directeur du réseau transport, constatait: « Tous les usages ont beaucoup évolué. La fréquentation des transports a connu une croissance de 40 % sur les 15 dernières années, dont une part relative de 20 % pour les transports urbains.
Sans oublier les modes émergents, comme le vélo qui représente 3 % des déplacements, poussé par le libre-service. » Plus tard, le directeur présentait Nextram, trois fois moins cher qu’un tramway classique (13 millions d’euros contre 30 par kilomètre).
Alors que le gouvernement vise une réduction de 50 % de la consommation énergétique d’ici 2050 dans le cadre de la transition énergétique, le carburant utilisé pour les transports est à 93 % issu du pétrole et génère la moitié des émissions de dioxyde d’azote. Dégainant un schéma d’organisation constellé d’acronymes, Edwige Duclay, chef du bureau de la qualité de l’air au ministère de l’Écologie, exposait les maigres résolutions du gouvernement en matière de mobilité: notamment miser sur le développement des modes doux et interdire, d’ici 2020, la circulation aux véhicules les plus polluants sur certaines zones.
Parmi les stands liés à la mobilité, Gamma, une filiale du groupe G7,proposait un kit modulaire d’aide à l’exploitation et d’informationvoyageurs baptisé i-Bus. Sans être révolutionnaire comparé aux offresclassiques, Stéphane Puis, directeur général de Gamma, affirmait êtredans une gamme de prix « un tiers inférieur aux solutions traditionnelles ».Ce système, installé sur 17 réseaux de bus en Europe, et notammenten Italie, a pour particularité d’utiliser une plateforme GPS/GPSR quis’actualise toutes les 5 à 7 secondes sur la vidéosurveillance.
Comme de coutume, la réforme territoriale est un casse-tête pour les intercommunalités, coincées entre les futures méga régions et les communes. Dans une salle bondée, où une partie des visiteurs a dû s’asseoir par terre, les élus intervenants ont avoué leur « peur » face à des changements qui restent pour l’heure « très théoriques ».
Première bête noire: le seuil de 20 000 habitants par intercommunalité. « Il faut partir d’un projet pour travailler vers une mutualisation plutôt que d’aller à marche forcée au seuil des 20 000 habitants », affirmait Sophie Primas, sénatrice des Yvelines et maire d’Aubergenville.
Au détour du pavillon 2.2, une salle – presque vide – accueillait les maires pour les éclairer sur les modalités des agendas d’accessibilité programmée, les Ad’AP. Tous les établissements recevant du public (ERP) et les transports non accessibles aux personnes à mobilité réduite au 1er janvier 2015 devront soumettre un Ad’AP à leur mairie avant le 25 septembre de l’année. Ce document est un agenda dans lequel la structure s’engage à réaliser les travaux d’accessibilité en trois ans (pour les transports).
Sur quelques dizaines de mètre carré du pavillon 2.1, plusieurs acteurs de la mobilité électrique étaient rassemblés sous la bannière Avere-France, l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique. Parmi eux, le groupe ABB présentait le Tosa, son BHNS électrique de 18 m, en exploitation depuis 18 mois à Genève et conçu en étroite relation avec l’autorité organisatrice. « Nous avons travaillé sur le concept d’une batterie réduite », explique Benjamin Reynaud, responsable grands comptes opérateurs de transport chez ABB. « L’autobus est rechargé plus souvent aux terminaux et aux stations d’arrêts, pendant 15 secondes par biberonnage ». En parallèle, ABB présentait un nouvel hybride par recharge rapide, développé en partenariat avec le constructeur Volvo.
Le déploiement des bornes de recharge électrique est l’un des grands enjeux du salon en matière de mobilité. Dans une salle de conférence quasi pleine, les élus étaient pendus aux lèvres de Bruno Dobrowolski, directeur du projet Véhicules électriques et villes intelligentes, et de Thierry Pagès, directeur régional Limousin, tous deux de chez ERDF. « La mobilité électrique ne se développera pas sans l’appui politique », insistait ce dernier. Et Bruno Dobrowolski d’ajouter: « Il faudra qu’il y ait un architecte du système pour penser intelligemment l’installation des bornes sur le territoire, en fonction des besoins. » Pour ERDF, l’objectif est de déployer quelque 7 millions de bornes de recharge en France d’ici 2030. Pour illustrer cette redécouverte de l’électricité dans laquelle les maires sont largement sollicités, Thierry Pagès résumait: « On est en train de passer de l’ère de la possession du véhicule à une ère de l’utilisation d’un service public ».
Le réseau de PME autocaristes Réunir avait lui aussi misé sur l’électricité en faisant la part belle à BE Green, filiale de l’entreprise Autocars Dominique dédiée aux minibus 100 % électriques. Le modèle Oreos 2X achevait tout juste son “Tour de la mobilité électrique” en région Rhône-Alpes, au cours duquel 152 décideurs ont découvert le minibus, dont de nombreux membres de collectivités. Le stand Réunir restait cependant un îlot de transporteurs sur le salon. Les maires sont présents, mais pas encore acheteurs. « La période est compliquée au niveau des financements pour les communes, explique Alain-Jean Berthelet, président de Réunir, et on a besoin de volonté politique pour développer ce type de mobilité. » Convaincu que les autres transporteurs finiront par se présenter au Salon des maires, il parie: « Aujourd’hui, entre la décentralisation et le seuil à 20 000 habitants, les intercommunalités et les agglomérations ne savent pas encore qu’elles auront la compétence transport. Mais quand ce sera le cas, ils nous auront déjà vus quelque part: au Salon des maires. »
