Le projet de loi Macron pour la relance de la croissance vient donc de rentrer dans les tuyaux de la grande moulinette législative. Et force est de constater qu’il ne laisse personne indifférent, même si Jacques Attali, lointain maître à pensée du projet, avoue ne retrouver dans ce texte qu’un petit millième de ce qui devrait être fait pour remettre le pays sur le bon chemin. Passons sur l’atteinte au dogme quasi religieux du repos dominical. Que ses premiers défenseurs soient aujourd’hui les néo-marxistes ou, soyons modernes, la gauche de la gauche, représente un paradoxe qui ne lasse pas de m’amuser.
Attachons-nous plutôt au volet qui impactera directement toute l’organisation des transports de voyageurs: la libéralisation des lignes longue distance en autocar! Les détracteurs du projet semblent avoir mis de côté la stigmatisation des “pauvres” à qui on offrait là un nouveau mode de transport à portée de leurs moyens. Sans doute ont-ils découvert qu’une frange de moins en moins négligeable de la population n’a effectivement plus les moyens de s’offrir des billets de TGV… Les mêmes s’attaquent donc désormais à l’aspect écologique de l’affaire, sous-entendant qu’un autocar pollue par nature. Ils oublient vite que sur un certain nombre de liaisons, transversales notamment, et faute de trains – pour l’instant toujours considérés comme non polluants – les voyageurs potentiels prendront plus volontiers leur automobile. Rappelons donc qu’un autocar avec cinquante clients à bord évite, en gros, cinquante voitures sur les routes… Sauf mauvaise foi patentée, le calcul est vite fait.
Dernier point souvent mis en avant: l’atteinte au sacro-saint (là encore?) monopole de la SNCF sur les transports longue distance en France. C’est oublier bien vite que ce fameux monopole devrait logiquement tomber dans les années à venir sous l’impulsion de Bruxelles, et que la grande maison s’est déjà préparée à la chose en créant iDBUS. Au fond, la plupart des arguments mis en avant par les pourfendeurs de cette petite avancée libérale ne tiennent pas vraiment la route. Notons d’ailleurs que la régulation sera toujours de mise à travers l’ARAF (Autorité de régulation des activités ferroviaires). Ce texte n’est donc pas un cadeau de Noël fait aux autocaristes, c’est juste une opportunité pour eux de développer un nouveau service public, rien de plus.
