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« Je passe du côté opérationnel »

Portrait Éric Ritter, ex-secrétaire général à la FNTV, a rejoint le réseau de PME du transport Réunir au début du mois de janvier en tant que délégué général adjoint. Passant du côté opérationnel, il fait le point sur les défis de ce changement de cap.

« Je viens des entreprises, j’étais proche des entreprises et j’y retourne », sourit Éric Ritter dans les locaux de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) à Paris, quelques semaines avant son changement de cap officiel. Devant la porte de ce qui est devenu son ancien bureau, sept cartons de déménagement trahissent son départ imminent. Le 5 janvier dernier, cet ex-secrétaire général a quitté la Fédération pour rejoindre le réseau Réunir en tant que délégué général adjoint, et remplacer d’ici quelque six mois Stéphane Duprey qui part à la retraite. Ce fan de philosophie, rompu au discours institutionnel et que l’on imagine aisément serein au quotidien, semble agité. « C’est toujours un grand challenge quand on quitte quelque chose que l’on connaît pour quelque chose que l’on connaît moins bien ». Il se raisonne. Ce virage est un choix: « J’estime avoir fait une séquence, explique-t-il, je m’étais donné jusqu’au bout du deuxième mandat de Michel Seyt [dont le troisième mandat à la présidence de la FNTV a commencé le 1er janvier, ndlr]. Je considère maintenant que ma mission ici s’achève. »

Dans le rétroviseur, il se dit « fier d’avoir accompagné la revalorisation de l’autocar dans une société comme la nôtre où les modes routiers ne sont pas perçus comme écologiques, où leur utilité sociale n’a pas encore valeur d’évidence. » Un autre succès pour Éric Ritter: avoir défendu les intérêts de la profession dans le cadre de la loi de 2005 sur l’accessibilité. « Cette loi n’était pas faite pour l’autocar au départ. Nous avons réussi à inverser le mouvement, en apportant des solutions dans le respect des personnes concernées », se souvient-il.

Sur le terrain

Pas question cependant de larmoyer. « Je n’ai aucun regret à la FNTV », affirme-t-il sans ciller. Pour lui qui se félicite d’avoir passé « près de dix années en dehors des collectivités locales », à savoir sur le terrain, le réseau Réunir est une façon de mettre, ou de remettre, les mains dans le cambouis, littéralement. Éric Ritter aime le rappeler: « Le transport, c’est fait par des entreprises de transport ». Ces mêmes entreprises qui sollicitent la FNTV, et avec lesquelles Éric Ritter dit avoir « gardé le contact ». Ce nouveau poste n’est donc pas un divorce avec l’ancien. Et il s’en défend: « Je passe seulement côté opérationnel ». La priorité reste l’accompagnement des entreprises qui se fera de façon « beaucoup plus directe, plus fluide » chez Réunir. Il illustre: « Nous devons aider les entreprises jusqu’au calcul des coûts, les accompagner dans les appels d’offres au quotidien. »

Loin d’ignorer les nombreux défis qui se dresseront sur le chemin des professionnels du transport, et à plus forte raison ceux de la mobilité, ce féru de négociation le reconnaît, « la période ne sera pas simple ». Et il suffit d’aborder l’actualité pour qu’Éric Ritter embraye au quart de tour. L’accessibilité, la réforme territoriale, le développement des lignes routières nationales, le transport durable, la place croissante des modes doux… tout y passe, scanné et analysé avec la rigueur d’un fin connaisseur.

Challenger

Parmi les grands dossiers, il définit la libéralisation des lignes nationales par autocar comme « un succès en cours, qui reste à écrire ». Si les intentions du gouvernement sont louables, le défi qu’elles impliquent reste entier. « Il s’agit d’un changement très symbolique, à côté du ferroviaire. C’est un combat, s’il est gagné, qui sera très important. L’offre routière représente entre 20 et 22 % du transport régional, constate-t-il, ce chiffre pourra augmenter et nous demandera peutêtre de changer de méthodes ». Et sur ce point, il sera aux premières loges, chargé d’orchestrer chez Réunir le développement des lignes de transport long courrier par autocar, Starshipper.

La réforme territoriale, autre grande préoccupation cette année, porte également son lot de nouveaux challenges. « Demain, nous ne savons pas qui enverra les appels d’offres aux entreprises. Le département? Les intercommunalités? La région? Dans quelles proportions? Il faudra s’adapter, se préparer à un nouveau du dialogue, se préparer à s’ouvrir à de nouveaux marchés », pressent-il.

« Le plus compliqué, c’est de ne pas perdre l’initiative », lance-t-il avant d’ajouter, rassurant, qu’une « nouvelle génération de chefs d’entreprises arrive, très différente. C’est une grande source de motivation. Dans cette relève, certains ont suivi des études très éloignées du secteur, comme le commerce ou l’ingénierie, ce qui sera intéressant à observer dans les entreprises ». Dans ses nouveaux habits, Éric Ritter aura l’occasion d’accompagner de près cette énergie neuve, en pilotant le réseau Réunir Avenir destiné aux jeunes dirigeants.

« Se réformer soi-même »

Il résume: « À l’heure actuelle, il faut être capable de se réformer soimême ». À savoir, « utiliser d’autres outils, comme les modes légers ou des activités complémentaires. » Et

« quand on regarde ce que l’autocar était il y a 10 ans, il y a fort à parier que dans 10 ans il sera doté de fonctionnalités supplémentaires. Par exemple, il y a 5 ans on ne pensait pas à l’électricité, et maintenant c’est devenu nécessaire », note-t-il.

Prudent, Éric Ritter réfute cependant toute idée de « plan d’attaque » chez Réunir. Dans une démarche quasi contemplative dans un premier temps, il développe: « Je suis dans une posture de dynamisation. Je compte avant tout aller voir les entreprises et les écouter, leur demander comment ça se passe pour elles, quels outils elles utilisent, quelle politique RH, quelle politique d’investissement… Nous pourrons nous concerter, et après cela, décider », prévoit-il.

Partagé entre l’inquiétude d’un avenir incertain et l’excitation du challenge mordant, il l’affirme: « J’ai une envie certaine. L’envie d’accompagner ces chefs d’entreprises et leurs structures, de rétablir les dialogues ». Un mot pour résumer ce changement de cap? Éric Ritter hésite un instant, avant d’affirmer: « Engagement ».

Parcours

1990

Formation d’avocat en droit public économique au CFP Paris II.

1994-1999

Responsable des affaires juridiques au Gart (Groupement des autorités responsables de transport).

2000-2003

Chargé de mission au conseil régional d’Alsace.

2004-2006

Chef de projet transports en formation continue à l’École nationale des Ponts et chaussées.

2006-2009

Enseignant-chercheur au LVMT (Laboratoire ville, mobilité, transport) de l’École des ponts ParisTech (École nationale des ponts et chaussées).

2009-2014

Secrétaire général de la FNTV.

2015

Délégué général de Réunir.

Réunir

Créée en 1998, cette association se présente comme un réseau et regroupe 115 PME indépendantes dans le secteur du transport de voyageurs en France. Elle permet à ses adhérents de communiquer entre eux et promeut sa communauté auprès des collectivités locales.

FNTV

La Fédération nationale des transports de voyageurs est une organisation professionnelle qui a pour but de défendre le transport routier de voyageurs auprès, notamment, des instances administratives (pouvoirs publics ou parlementaires français et européens par exemple). Elle recense 1 500 adhérents dans le secteur du transport.

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Auteur

  • Capucine Moulas
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