Voilà donc que l’on nous réinvente les pastilles contre la toux! Après avoir découvert avec un certain soulagement l’amendement définitif instaurant les quotas de véhicules “à faibles émissions” dans les transports collectifs, texte qui impose non pas une date butoir pour la transformation du parc existant, mais plutôt une date de lancement du processus de renouvellement, voilà que Ségolène Royal nous sort de la poche un nouveau cachou, en l’occurrence les pastilles multicolores. Certes, la mesure – facultative et gratuite dans un premier temps – ne concerne cette fois que le parc automobile. Certes, tout cela n’a pour l’instant aucune implication sur les droits de circulation des voitures ainsi pastillées. Mais – car il y en a un, comme souvent – le choix d’utiliser cette nouvelle nomenclature étant laissée à la discrétion des municipalités, gageons que les plus en pointe en matière de lutte contre la pollution de l’air sauront démontrer qu’elles sont aussi amatrices de M&M’s(r)… Espérons simplement que, comme dans le cas des fameux quotas, l’État saura entendre les voix de ceux qui réclament une définition un peu plus précise de la notion de véhicule propre, en incorporant notamment les modèles les plus récents de motorisation diesel (Euro VI b). Ces derniers possèdent en effet des performances aujourd’hui équivalentes à celles des moteurs essence de même génération. De deux choses l’une, ou l’on veut définitivement faire disparaître le gazole du paysage routier français – pour des raisons plus idéologiques que réellement sanitaires – ou l’on veut assainir le parc roulant, et le diesel moderne a bien sa place dans le paysage. Encore faudrait-il que les automobilistes aient les moyens d’investir dans le neuf, ce qui est loin d’être gagné aux vues de la conjoncture économique du moment… Méfions-nous aussi des contrecoups inattendus de telles mesures. La mise en place du péage londonien – si souvent cité en exemple il y a quelques années – a finalement généré quelques effets pervers mieux perçus aujourd’hui. S’il a clairement fluidifié la circulation dans la capitale britannique, les voitures que l’on y croise aujourd’hui sont pour l’essentiel des modèles de luxe, appartenant à ceux qui ont les moyens de payer… Attention de ne pas aboutir à ce genre de résultat. La pilule serait sans doute dure à avaler.
