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À posture, posture et demie

La dernière superproduction du théâtre subventionné, intitulée Loi Macron, touche à sa fin. Les décors du grand final sont bien connus de tous, les palais qui font la République. En théorie, il en va de même des acteurs. Pourtant, la lecture du livret qui se déroule sous nos yeux ne lasse pas de surprendre. Ainsi, quand Manuel Valls, drapé dans sa toge de grand réformateur en chef, monte à la tribune pour nous rejouer l’excitante scène du 49-3, voilà que les chœurs de l’opposition quittent massivement l’hémicycle, non sans entonner l’air désormais célèbre: « c’est un texte qui va dans le bon sens, mais pas assez loin… » Jusque-là, le spectateur n’est guère désarçonné.

Mieux, le groupe des frondeurs, figurants de la majorité, continue de psalmodier sa véhémente opposition à la même partition, qu’il va pourtant adouber, ne serait-ce qu’en renouvelant sa confiance au gouvernement… Il est vrai qu’une affirmation plus claire de son opposition, somme toute logique dans une tragédie classique, lui aurait très certainement fait perdre son si cher statut d’intermittent du spectacle… Avouons quand même que vu du balcon, on en perdrait presque son latin, si ce n’était déjà quasiment fait dans une autre représentation du répertoire hollandais.

Dire que les codes de la tragi-comédie sont ici respectés serait toutefois quelque peu prématuré. Un des derniers obstacles à la belle et si romantique histoire d’amour naissante entre ce gouvernement et les entreprises sera-t-il vraiment levé? Quelques obscurs acteurs n’ont-ils pas reçu du metteur en scène la consigne de provoquer un nouveau rebondissement? Le Conseil constitutionnel ou les services chargés de rédiger les décrets d’application chanteront-ils sur le même air que Bercy et Matignon?

Un suspense à la limite du supportable étreint maintenant la plupart des spectateurs, issus des multiples secteurs économiques concernés par cette farce. Autocaristes et collectivités – pour ne citer qu’eux – retiennent leur souffle, calés qu’ils sont dans des fauteuils, ou sur des strapontins bien moins confortables que ceux destinés aux acteurs. Tous attendent aujourd’hui la tombée de rideau institutionnelle pour jouer leur propre partition et tenter de rentabiliser leur investissement dans une loge. Or, comme chacun sait, il en va du théâtre comme du reste, les meilleures places sont chères…

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Auteur

  • Pierre Cossard
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