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Jean-Sébastien Barrault, une tête bien faite pour mener le groupe Lacroix

Entretien Il n’est pas à proprement parler un héritier. Après ses études, Jean-Sébastien Barrault se voyait travailler pour le secteur bancaire. Le Pdg de l’entreprise familiale Lacroix est aujourd’hui un acteur majeur du transport public de voyageurs. Une profession dont il ignorait tout, mais qui n’a plus de secret pour lui.

S’il n’avait pas épousé la petite-fille d’Henri Lacroix, fondateur en 1953 des Cars Lacroix, Jean-Sébastien Barrault aurait probablement embrassé une carrière de dirigeant dans l’industrie bancaire. Un autre destin s’est offert à lui en 1997, quand il a rejoint l’équipe dirigeante de la PME établie à Beauchamp (Val-d’Oise). C’est dorénavant à lui qu’incombe la lourde charge de perpétuer l’entreprise familiale, léguée en 2010 par son beau-père Jean-Pierre Sellier. « Je serais à peine excessif en disant que je ne savais pas faire la différence entre un bus et un car. Je suis en quelque sorte une pièce rapportée dans le secteur des transports », dit en souriant ce quadragénaire qui incarne la jeune garde dynamique des autocaristes. Il ne regrette rien: « J’ai été séduit par une profession qui combine beaucoup d’avantages. L’aspect humain, avec les conducteurs, les partenaires, les clients et les fournisseurs, est l’une des caractéristiques les plus passionnantes. »

Gestionnaire avant tout

À la différence d’autres jeunes entrepreneurs, comme Jean-Baptiste Maisonneuve (patron des Autocars Maisonneuve qui a démarré sa carrière dans le groupe Lacroix), Jean-Sébastien Barrault n’est pas un mordu des véhicules ni de la technique: « Mon truc, c’est la gestion. J’aime les chiffres! Mais je prends plaisir à aller dans les salons, à échanger avec les constructeurs qui me font découvrir les dernières nouveautés. » Il délègue volontiers cette partie aux membres de son équipe dirigeante: « il est indispensable d’être entouré de gens de confiance avec lesquels on partage les mêmes valeurs. » Son épouse l’épaule en travaillant aux ressources humaines, et Jean-Pierre Sellier garde un œil attentif sur l’évolution de l’entreprise, ce qui n’a pas empêché son gendre de s’émanciper. Le regard neuf de Jean-Sébastien Barrault et ses méthodes de gestion et de management différentes ont contribué, à ses yeux, « à faire grandir l’entreprise ».

Spécialisés dans le transport urbain dans le Val-d’Oise, et plus largement en Île-de-France, les Cars Lacroix, filiale du groupe Lacroix créé en 2002, continuent de prospérer à la faveur d’opérations de croissance externe et de conquêtes de nouveaux marchés hexagonaux.

Une entreprise en croissance régulière

Le chemin parcouru par cet autocariste indépendant impressionne. Retour en arrière: « Quand Henri Lacroix s’est lancé dans le transport, il travaillait dans la batellerie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Il possédait le Combi Volkswagen qu’une agence de voyage avait utilisé pour un séjour en Scandinavie. Il s’est dit qu’il pourrait faire du transport son métier », raconte Jean-Sébastien Barrault. Les chiffres d’aujourd’hui sont sans commune mesure. Au compteur de l’entreprise: 12 millions de voyageurs, 170 véhicules sillonnant plus de 5 millions de kilomètres par an, plus de 1 100 salariés, 19 filiales (voir encadré), un chiffre d’affaires de 104 M€ au 30 juin 2015.

Alors que la tendance de ces vingt dernières années était à la concentration dans le monde des transports publics de voyageurs – les gros englobant avec avidité les petits – le groupe Lacroix s’est taillé une place à part, à contre-courant. C’est l’une des rares entreprises indépendantes de l’Hexagone capable de tenir la dragée haute aux trois majors du secteur: « Nous avons la taille suffisante pour exister. Être un jour racheté n’est pas dans nos objectifs du moment ».

Ardent défenseur des PME

Dans un emploi du temps surchargé, Jean-Sébastien Barrault trouve le temps de défendre les PME au sein de la Fédération nationale du transport de voyageurs (FNTV) dont il est administrateur. « J’entends et je comprends le spleen de certains patrons, mais je suis de ceux qui vont de l’avant. Je suis intimement convaincu que les PME ont un avenir. Chacun a sa place, mais il faut se battre », assure-t-il. Sa méthode? « Faire notre travail aussi bien que les trois majors, en y ajoutant ce petit plus qui fait la différence: nos valeurs, la pérennité des dirigeants, le souci d’innover en intégrant des outils technologiques, pour améliorer l’information voyageurs à bord et sur les points d’arrêts, ou les applications smartphone. » Faute de temps, il ne projette pas de prendre davantage de responsabilités au sein de l’organisation patronale. À plus forte raison qu’il vient d’être élu administrateur général d’Optile (Organisation professionnelle des transports d’Île-de-France). Ses engagements n’iront pas au-delà. « Il faut trouver le juste équilibre », justifie-t-il. Rien ne doit le faire dévier des objectifs qu’il s’est fixés pour l’entreprise familiale.

La tâche est d’autant plus ardue que les exigences des autorités organisatrices de transport (AOT) sont toujours plus élevées, tandis que leurs moyens financiers diminuent comme peau de chagrin. « Partout où l’on travaille, je m’emploie à engager un dialogue constructif avec elles. Le quotidien n’est pas toujours rose, mais je m’astreins à maintenir cette façon de faire pour trouver des solutions », explique Jean-Sébastien Barrault. Sans renier les difficultés conjoncturelles des entreprises du secteur, dont les marges ont fondu comme neige au soleil, il voit l’avenir avec un optimiste réconfortant. La loi Macron, qui a mis sur orbite les lignes interrégionales par autocars, donne un nouveau souffle au transport public. « Ce changement est considérable. Cette loi a donné une visibilité inégalée à l’autocar. Nous nous battions pour revaloriser nos métiers. Nous sommes enfin sous les feux des projecteurs », s’enthousiasme-t-il. La profession s’est régénérée. De nouveaux acteurs sont apparus. Une concurrence malvenue? Pas pour lui. « Au contraire, c’est une chance », clame-t-il. Pourtant, le Pdg du groupe Lacroix n’a pas foncé tête baissée vers ce nouvel eldorado. Avec sagesse, il observe la mise en place de nouvelles liaisons. Évasif, il concède néanmoins travailler dans l’ombre avec d’autres acteurs pour profiter, le moment venu, « de ces nouveaux gisements de croissance ».

Groupe Lacroix

Dans le secteur des transports de voyageurs, les Cars Lacroix appartiennent à une catégorie à part: les grands groupes indépendants de plus de 500 salariés. Une espèce en voie d’extinction. Le groupe établi à Beauchamp (Île-de-France, Val-d’Oise) compte aujourd’hui 19 filiales, pour l’essentiel en banlieue parisienne (Yvelines, Val-d’Oise), mais aussi dans le Rhône, l’Oise, en Normandie et en Tunisie où il vient de renforcer ses positions. Avec plus de 1 100 salariés et une flotte de 650 véhicules, cette entreprise familiale s’est spécialisée dans le transport urbain et interurbain. Les lignes régulières représentent plus de 65 % de son activité. Suivent le tourisme et la location de véhicules (environ 15 %) et le transport scolaire (environ 5 %). Son chiffre d’affaires croît régulièrement, passant de 98 M€ en 2014 à 103 M€ au 30 juin de cette année. Le groupe possède en outre trois agences de voyage pour développer son activité touristique.

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Auteur

  • Xavier Renard
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