Depuis quatre mois, les premières rames V300 Zefiro de Bombardier Transport desservent l’axe Naples–Rome–Milan, véritable cœur du système de la grande vitesse ferroviaire de la péninsule. Elles ont été commandées à cinquante unités, en septembre 2010, par Trenitalia, l’opérateur ferroviaire historique italien, pour les services à grande vitesse Frecciarossa 1000. Quand les jeunes V300 Zefiro remplacent progressivement les vétérans de la grande vitesse italienne. Récit d’un basculement.
Rome et Milan. Deux villes et deux gares à l’architecture et à l’ambiance très différentes, voire opposées. Le modernisme dépouillé de la gare de Rome Termini fait face aux thermes de Dioclétien. La Tour Pirelli, symbole du dynamisme économique italien au xxe siècle, se plante devant le gigantisme technique, habillé à l’antique, de la gare de Milan Centrale.
Entre les deux métropoles il n’y a pas moins de 570 kilomètres de trajet ferroviaire, dont plus de 90 % sont parcourus sur des infrastructures à grande vitesse. Depuis le 14 juin, de Rome à Milan, le Zefiro V300 est au cœur de l’offre à grande vitesse Frecciarossa 1000 de Trenitalia, l’opérateur ferroviaire historique italien. Moins de trois heures dans le meilleur cas de figure, celui sans arrêts intermédiaires, sont nécessaires pour relier les capitales politique et économique de l’Italie, à une vitesse commerciale moyenne de 195,4 km/h.
D’ores et déjà, les premières rames Zefiro V300 ETR 1000 assurent 5 des 14 allers-retours quotidiens effectués sans aucun arrêt entre Rome et Milan
Alors que les Zefiro V300 sont techniquement configurés pour une vitesse maximale de 360 km/h, Trenitalia s’estime déjà prêt pour une exploitation commerciale à un niveau de vitesse maximale de 350 km/h. « On pourrait dans ces conditions parcourir l’itinéraire Rome–Milan en 2 h 30 [228 km/h de vitesse moyenne, ndlr], mais il faudrait parallèlement adapter la direttissima Rome–Florence à la vitesse de 300 km/h et aussi obtenir les autorisations techniques [de RTI, le gestionnaire d’infrastructures ferroviaires italien, ndlr], tout comme l’arbitrage favorable du régulateur », énumère Piero Diamantini. Le directeur passagers admet que les horaires actuels des trains directs sont souples et que l’on pourrait d’ores et déjà faire des trains directs Rome–Milan en 2 h 45, bien que cet horaire tendu aurait l’inconvénient de perturber l’exploitation aux heures de pointes, quand les « missions » des trains, donc leurs vitesses, sont aussi hétérogènes que les matériels roulants utilisés.
« Les qualités d’accélération
Luigi Corradi, qui constate que « 17 rames ont été déjà livrées
Au-delà du développement du Zefiro en Italie, Bombardier comme Trenitalia visent le passage des frontières nationales et ferroviaires. Passage facilité par les dispositions techniques de rames qui ont été conçues d’origine comme parfaitement interopérables, tant au point de vue des différentes électrifications que des systèmes de contrôle sol-train nationaux et des différents niveaux d’ERTMS. Ainsi, au-delà des simples versions « nationales » toujours possibles, une large série de corridors transeuropéens a été identifiée qui pourraient s’ouvrir aux rames Zefiro: Italie-France, Italie-Suisse-Allemagne, Italie-Autriche -Allemagne, Italie-Suisse-Autriche-Allemagne, Italie-France-Espagne, France-Benelux -Allemagne et Italie-France-Belgique. Alors, bientôt des Zefiro sur le réseau SNCF?
(1) Selon les matériels roulants utilisés et le nombre d’arrêts effectués sur le parcours, il faut de trois à quatre heures pour effectuer la liaison Rome–Milan. Elle est desservie par plus de 30 allers-retours journaliers.
(2) C’est l’immatriculation des Zefiro V300 dans le parc des matériels roulants de Trenitalia.
(3) Un marché ferroviaire à grande vitesse italien, favorisé par une tarification très attractive: pour le trajet Rome–Milan, les tarifs de base hors promotions démarrent à 86 € au niveau Standard, pour passer à 100 € au niveau Premium, à 116 € au niveau Business et à 200 € au niveau Executive (voir fiche technique des rames).
(4) Aux heures de pointe, l’offre Rome–Milan devrait atteindre jusqu’à 4 trains par heure selon une exploitation en rafale, un train direct étant suivi de trains semi-directs marquant plus ou moins d’arrêts. Sur Rome–Naples et sur Milan–Turin, le cadencement en heures de pointe passerait à 2 trains par heure.
(5) Cette vitesse d’accélération atteint 7 m/s2 pour le Zefiro V300, alors qu’elle est de 4,5 m/s2 pour les TGV.
(6) Sur ce total, 13 rames sont en service commercial, 2 en tests finaux avant leur mise en service et 2 en réserve pour des essais complémentaires de vitesse. Lors d’essais sur la ligne à grande vitesse Milan–Turin, l’une de ces deux rames a atteint 385 km/h.
