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Covoiturage

Transdev se met à l’autostop!

Le 25 janvier dernier, Transdev a signé un partenariat avec Rezo Pouce, un réseau d’autostop organisé, né en 2010 dans le Tarn-et-Garonne. Pour le leader du transport public, cette opération est un moyen d’élargir, à moindres coûts, sa palette de services dans les zones périphériques ou rurales peu denses.

« Assembler et inventer de nouvelles solutions de mobilité », tel est le credo actuel de Laurence Broseta, directrice générale France de Transdev. Après avoir conclu, au mois de décembre, un partenariat avec le site internet de covoiturage La Roue Verte, le numéro un du transport public de voyageurs persiste et signe sur la voie de l’autopartage. Le 25 janvier, il a en effet conclu un accord de partenariat avec Rezo Pouce, un réseau d’autostop organisé, lancé fin 2010 à Moissac dans le Tarn-et-Garonne, et aujourd’hui déployé dans une centaine de communes de la région Midi-Pyrénées.

Le réseau, matérialisé par des panneaux ou des autocollants de couleur verte estampillés « sur le pouce », fonctionne à la manière d’une ligne d’autobus. En revanche, il repose sur la seule bonne volonté des automobilistes qui acceptent de dépanner des personnes non motorisées, sur quelques kilomètres, dans des zones périurbaines ou rurales peu denses délaissées par les transports collectifs. Une façon, pour Laurence Broseta, directrice générale France de Transdev, « de transformer le véhicule individuel en une voiture en commun ». Et surtout, d’offrir aux usagers « une solution de mobilité frugale et peu coûteuse ».

Entre 5 000 et 16 000 € pour les collectivités

Pour en bénéficier, l’utilisateur, automobiliste ou passager, peut s’inscrire gratuitement dans un lieu relais (mairie, associations locales, etc.). Il a également la possibilité d’effectuer ces démarches sur Internet contre une participation aux frais d’envoi de documents de 3,50 €. Il reçoit alors une carte de membre et un kit mobilité qui comprend un mode d’emploi, un macaron à coller sur le pare-brise du véhicule pour le conducteur et des pancartes de destination pour l’autostoppeur.

Le passager n’a pas obligation de défrayer l’automobiliste, mais Rezo Pouce a publié, à titre indicatif, un barème de participation aux frais d’essence. Il est de 0,50 € pour un trajet de moins de 10 kilomètres, de 1 euro entre 10 et 20 kilomètres, etc. Pour mettre en place ce service dans leurs communes, les municipalités devront injecter entre 5 000 et 16 000 € la première année, entre 2 500 et 6 000 € ensuite. « Ce montant varie en fonction du nombre d’habitants. Il s’agit de financer les deux jours de formation au dispositif, la mise en place physique du réseau, l’utilisation du site internet, de l’application mobile, etc. », précise Alain Jean, porteur du projet et gérant de Rezo Pouce, désormais structuré en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).

Un service intégré dans l’offre de transport locale

De son côté, Transdev, qui est entré au capital de la coopérative à hauteur de 15 000 € et s’est engagé à y investir 30 000 € par an pendant trois ans, a tout à gagner à ce rapprochement. Sur le plan financier, l’opération représente une goutte d’eau, au regard du chiffre d’affaires du groupe qui s’élevait en 2014 à 6,6 Md€. D’un point de vue stratégique, cette alliance va permettre à Transdev d’élargir sa palette de solutions transport.

Ainsi, dans l’agglomération de Montauban, où le groupe opère depuis 2006 dans le cadre de la SEMTM (société d’économie mixte des transports montalbanais), le dispositif Rezo Pouce fait désormais partie intégrante de l’offre de transport locale, au même titre que les 7 lignes de bus régulières, les 23 lignes de transport scolaire, le transport à la demande, les navettes de centre-ville et Monbeecycle, un service de location de vélos.

À Toulouse, Transdev, qui vient de remporter l’appel d’offres de la desserte du site d’Airbus, s’est engagé à améliorer la visibilité et l’utilisation du service Rezo Pouce pour les navettes quotidiennes et les déplacements intrazone. Plus de 20 000 salariés sont concernés. De même, l’opérateur a proposé le service d’autostop organisé dans son dossier de candidature à l’appel d’offres de renouvellement de DSP (délégation de service public) du Grand Narbonne.

Objectif: 900 communes fin 2016

S’il tient ses promesses, le partenariat avec Transdev devrait donc donner une envergure nationale à cette initiative d’économie sociale et solidaire émergente, imaginée en 2010 par Alain Jean, alors adjoint en charge du développement durable à la mairie de Moissac.

Son objectif? Se déployer sur 900 communes d’ici fin 2016.

Rezo Pouce est maintenant plébiscité au-delà de la région Midi-Pyrénées, son berceau d’origine. Le service est désormais disponible dans huit communes, en Savoie, Corrèze, dans le Massif central et les Pyrénées catalanes, où des élus ont manifesté leur intérêt pour ce service de covoiturage spontané. Même l’Île-de-France s’est laissée séduire: en avril prochain, aura lieu le lancement officiel du réseau dans 11 villes des Yvelines. L’implantation des arrêts est en cours de validation et des réunions d’information destinées au public ont déjà démarré. En outre, le développement par Citiway, filiale de Transdev, d’une application mobile, destinée à mettre en relation les automobilistes et les passagers, devrait aider Alain Jean à réaliser son ambition de multiplier par trois ou quatre le nombre de rezopouciens et de dépasser ainsi les 5 000 utilisateurs d’ici la fin de l’année.

Changer les comportements

Ces perspectives optimistes feraient presque oublier le démarrage balbutiant de Rezo Pouce, il y a six ans. Comme le rappelle Marie-Claude Berly, conseillère communautaire au Grand Montauban, « on a souvent tort d’avoir raison trop tôt. La persévérance a payé, mais on a rencontré, au démarrage, beaucoup de scepticisme de la part des élus ». Et Alain Jean de renchérir: « mettre en place un vrai dispositif de développement durable qui fait appel à la générosité des citoyens et fait changer les comportements et les habitudes prend du temps. BlaBlaCar a mis dix ans avant de commencer à avoir une renommée nationale puis… internationale! »

Rezo Pouce en 6 dates

Octobre 2010: lancement du dispositif Rezo, initialement appelé Covoiturons sur le pouce, par neuf collectivités, une de Haute-Garonne (Castelnau-d’Estrétefonds) et huit du Tarn-et-Garonne (Beaumont-de-Lomagne, Grisolles, Labastide-Saint-Pierre, Moissac, Montech, Saint-Nicolas-de-la-Grave, Valence-d’Agen et la communauté d’agglomération du Grand Montauban).

Avril 2012: création d’une structure juridique pour porter le dispositif: Covoiturons sur le pouce, association de collectivités locales (communes et intercommunalités) de type in-house, c’est-à-dire contrôlée par plusieurs collectivités publiques, voit le jour.

Juin 2013: adhésion de cinq collectivités supplémentaires du Tarn-et-Garonne et de Haute-Garonne.

Novembre 2015: partenariat avec la SEMTM (société d’économie mixte des transports montalbanais).

Janvier 2016: Transdev devient partenaire de la SCIC Rezo Pouce et entre à son capital à hauteur de 15 000 €.

Avril 2016: lancement officiel de Rezo Pouce dans 11 communes des Yvelines.

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Auteur

  • Marie-Noëlle Frison
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