Qui peut encore douter de l’approche d’une belle tempête sociale à l’horizon? Pour qui sait un peu déchiffrer les cartes météo du moment, il est clair que le maigre anticyclone, installé sur le pays à l’occasion des vacances d’hiver, est en passe d’être assailli d’un beau chapelet de dépressions politiques, qui ont pour jolis noms: avant-projet de loi de réforme du Code du travail El Khomri; projet de règles de travail communes du secteur ferroviaire; feuille de route Vidalies sur les trains d’équilibre des territoires; ou bien encore ouverture des négociations sur l’assurance chômage…
Tout cela, sans oublier l’ouragan baptisé « déchéance de nationalité », qui a sa vie propre et n’en finit pas de soulever des tombereaux de feuilles mortes dans les alcôves du pouvoir. Tombereaux qui, soit dit en passant, se trouvent aussitôt remplis du fumier d’agriculteurs désespérés, se voyant bien organiser un beau baroud d’honneur avant une extinction qu’ils estiment déjà programmée… La France, « éternelle », étant ce qu’elle est, et le syndicalisme à la française, connu pour son sens du dialogue préparatoire, il est plus que probable que dans les mois à venir, en matière de déplacements, il nous faudra apprendre à apprécier les modes doux. Les cheminots de Rhône-Alpes nous ont d’ailleurs donné un avant-goût de ce qui attend le pays, pas plus tard que le week-end des 20 et 21 février, point de départ des traditionnelles vacances dédiées aux sports d’hiver. CGT, SUD Rail et la CFDT ont donc choisi ce moment pour lancer un préavis de grève de trois jours. Et tout cela, pour, je cite: « les conditions de travail, la défense de l’emploi, des avantages sociaux et des rémunérations… »
Reconnaissons qu’il y avait urgence à déclencher un tel mouvement en pleine période de transhumance vers les stations de ski. À moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse d’un léger coup de semonce, comme une petite répétition avant le grand bras de fer à venir à l’échelle nationale? Après tout, dans un pays où ils ne représentent guère que 11 % des salariés, ces organismes doivent parfois donner de la voix et bien mettre en évidence leur capacité de nuisance. C’est juste une histoire de préambule. Même si, pendant ce temps…
