Après le drame qui a secoué Bruxelles le 22 mars, quel bilan sécuritaire peut-on tirer du déroulement de ces événements? Au fond, tous ceux qui planchent ou travaillent sur et dans le secteur des transports publics savent depuis longtemps que rien ne pourra vraiment empêcher un assassin prêt à mourir de s’attaquer à notre liberté de mouvement, l’un des piliers de nos démocraties. Face à ce constat, le manque de moyens humains dans nos forces de police apparaît de plus en plus criant. Les grandes saignées engendrées par une gouvernance à courte vue, et bien trop souvent purement économique de nos sociétés, laissent aujourd’hui nos forces de sécurité dans une situation fort proche de l’épuisement.
Au-delà, il semble clair désormais que face à une menace protéiforme, la réponse doit l’être tout autant. Multiplier les caméras de surveillance ou armer les polices municipales ne suffira qu’à rassurer l’électeur, sans doute pas à le protéger. Idem pour le contre-emploi de ce qui reste de nos forces militaires. Faire arpenter les halls de gare à ces hommes et femmes formés pour aller combattre nos ennemis à l’extérieur confine à un gâchis de compétences, né de l’imprévoyance de ceux qui, une fois la guerre froide consommée, ont cru pouvoir considérer la défense comme un simple facteur d’ajustement économique.
C’est bien d’abord idéologiquement que l’Occident, et particulièrement l’Europe, ce « machin » qui ne ressemble plus à grand-chose, doit offrir à ses peuples – et ses « enfants perdus » – une vision susceptible d’aller au-delà des prochaines dates de solde ou des seules joutes électorales. La prospérité n’est pas une fin en soi, surtout lorsqu’elle est de moins en moins partagée. De même, l’harmonisation européenne en matière de justice et de procédure policière doit fluidifier notre capacité à répondre à toutes les menaces. Et tant que nous y sommes, histoire de réhabiliter ce concept d’union mis à mal, construisons donc une vraie harmonisation sociale et fiscale, voire politique, histoire de mobiliser tous les peuples du continent pour la défense d’un vrai projet commun. C’est donc bien une réponse politique globale qu’il faut au problème sécuritaire du moment. Et là, le constat est terrible, 60 ans après la création de l’Europe, il apparaît que tout reste à faire.
