L’exploitation de services de transport à la demande se développe pour répondre au besoin de dessertes plus souples. Un mouvement qui s’accompagne d’une recherche d’outils informatiques adaptés. Selon les profils des services et des utilisateurs, plusieurs types de solutions existent.
Le transport à la demande (TAD) est l’un des maillons de la chaîne de mobilité que les autorités organisatrices de la mobilité (AOM, ex-AOT) choisissent de plus en plus d’installer sur leur territoire. Complémentaire des autres niveaux de transport déjà proposés selon la dimension de leur domaine géographique (urbain routier ou ferroviaire, scolaire, interurbain, etc.), le TAD se décline aussi en transport adapté aux personnes à mobilité réduite ou en services sur mesure pour des campus universitaires ou des entreprises. Le TAD n’est pas une véritable nouveauté, mais certaines de ses vertus semblent être redécouvertes aujourd’hui, à l’aune du transport dit porte-à-porte mais aussi de solutions plus économiques que des lignes régulières. Des avantages qu’il convient de savoir exploiter et organiser, notamment à travers des logiciels adaptés selon le type de transport à la demande.
« La demande de logiciels spécialisés est aujourd’hui importante, car la nature des services des TAD a évolué avec la création du concept de lignes virtuelles, capables de compléter l’offre d’un réseau urbain », analyse Patrick Lassus, président de l’éditeur Nocratès. Il commercialise le logiciel Viacitis, qui se classe dans le top 3 des solutions spécialisées TAD, derrière le leader XE Mobility (anciennement Titus de l’ex-BST Technologies) et avec Optitod, édité par Bull Amesys.
« Les niveaux de besoins d’exigence et de précision imposés aux exploitants par les donneurs d’ordre deviennent plus importants », explique pour sa part Ari Dadoun, directeur de Perinfo et éditeur du logiciel de gestion Gescar qui propose un module TAD. « Notre objectif est de créer de la fluidité pour l’exploitant, lui faciliter la transformation d’une commande envoyée par une AOT en un transport », ajoute Nicolas Bertolami, président de l’éditeur Abc Informatique. « Le potentiel est important, car ces logiciels apportent de la simplicité, de la rapidité et de l’efficacité dans la gestion des TAD », confirme Julie Brunier, directrice du développement de la Centrale d’achat du transport public (CATP) qui, pour la première fois, a fait rentrer un logiciel de TAD dans son catalogue. « Un fichier Excel peut éventuellement suffire pour assurer des tâches basiques, mais les plus-values d’un outil plus professionnel en statistique et en gestion des réservations apparaissent clairement, même pour des volumes moyens d’activité, à condition que le prix d’achat soit attractif. »
Quelles sont les fonctionnalités attendues pour un logiciel de TAD? Saisie des demandes de réservation, gestion des itinéraires, planification, création de profils voyageurs, édition de rapports statistiques, module de prise de réservation par Internet ou serveur vocal, solution embarquée pour les conducteurs, etc. La CATP a appliqué sa méthode de packages entre fonctionnalités de bases et options, pour retenir au final l’offre de XE Mobility. « Il fallait que les fonctionnalités inclues représentent des gains de temps à tous les niveaux pour l’exploitant, car un logiciel de TAD est rarement considéré comme un achat prioritaire, mais au prix que nous avons obtenu, aux alentours de 17 000 €, c’est un bel outil pour nos clients », poursuit Julie Brunier. Depuis le référencement de XE Mobility en octobre dernier, sur deux offres finales déposées et trois candidatures d’éditeur au total, quatre achats de la solution ont été réalisés par le biais de la centrale en l’espace de 4 mois, « ce qui représente plus que ce que faisait l’éditeur sur une même période de temps ». La TCAT de Troyes et la STGA d’Angoulême seront les premiers réseaux à les installer. Autant d’achats sont à l’étude dans les carnets de la CATP, émanant à la fois de réseaux urbains mais aussi interurbains.
La souplesse et la rapidité de l’exploitation du service TAD restent le maître mot des éditeurs de logiciels. Surtout ceux pour lesquels le TAD reste une activité annexe ou ponctuelle. « Certains clients ont plusieurs lignes virtuelles, nous leur permettons de les gérer comme des lignes régulières qu’ils connaissent bien. Il arrive que plusieurs fournisseurs de TAD coexistent sur un territoire, et l’AOT va envoyer ses commandes à l’exploitant sous un format de données ou de fichiers spécifique. Nous sommes capables d’intégrer n’importe quel format dans le logiciel de gestion Abc Car. C’est pour cela qu’il est important d’avoir une équipe de développeurs, comme c’est notre cas. » C’est l’exemple donné par Nicolas Bertolami, de l’éditeur Abc Informatique qui inclut, sans surcoût, le module TAD dans son offre Abc Car.
La sécurisation des données est également un atout mis en avant par Patrick Lassus, de Nocratès. « Pour l’habillage, passer d’Excel à Viacitis permet de pérenniser les données, de procéder à une affectation rapide des ressources, que ce soit un véhicule ou un conducteur. Notre interface graphique permet d’habiller un service très vite, en quelques clics de souris. » Enfin, pour répondre à cette double relation entre exploitant et AOM, Nocratès met en avant le mode hébergé à distance de Viacitis (en mode SaaS ou Software as a Service). Sans nécessité d’installer la solution sur ordinateur, le logiciel peut être partagé à distance par l’AOM, et selon les profils d’utilisateurs définis, permettra des niveaux d’accès adaptés, sur un ou plusieurs territoires. « L’interopérabilité de la gestion d’un TAD sur plusieurs départements est facilitée », explique Patrick Lassus.
Autre atout valorisé par les éditeurs de logiciels de gestion, déjà installés chez des autocaristes actifs dans le transport régulier: la mutualisation de leurs données comptables, d’exploitation et de gestion sociale dans un même écran. « Pour les petits et moyens urbains, notre solution est la plus utilisée en dehors des solutions groupes, car leur priorité est la gestion des conducteurs, des contraintes sociales et d’exploitation », argumente ainsi Nicolas Bertolami, citant en exemple le service TAD pour PMR exploité par son client le Groupe Perreaud. « Nous misons sur la qualité de l’information, et pour cela, elle doit être intégrée au plus près des logiciels de gestion et d’exploitation du transporteur. C’est un gage de qualité pour le transporteur qui doit fournir des informations précises à son AO sous peine de recevoir des pénalités. »
Autre éditeur de logiciel de gestion pour autocaristes, Perinfo commercialise Gescar et propose un module TAD reprenant le principe de mutualisation des bases de données déjà constituées par l’exploitant. « Il pourra rapidement affecter ses conducteurs sur un service, contrôler la législation et la gestion sociale, mais aussi enrichir les profils des emprunteurs, c’est-à-dire des passagers, avec leur lieu de point de prise habituelle, lieu de descente, et s’il s’agit d’un PMR, la nature de son handicap pour anticiper les temps de montée ou de descente, la présence ou non d’un accompagnateur, etc. Autant d’éléments qui lui permettront de gagner du temps lors de la planification, tandis qu’après la course, on pourra générer simplement une remontée d’informations sur le temps de parcours et le kilométrage dans le logiciel d’exploitation, pour ensuite passer à la facturation. » Ce travail de conformité des contraintes sociales, Nocratès affirme également pouvoir l’assurer, en modélisant dans son logiciel « la réglementation sociale française et européenne, les accords de branche ou d’entreprise pour suivre et maîtriser les niveaux d’activité de ses conducteurs ».
Mais une autre fonctionnalité plus pointue est apparue dans le TAD. Popularisée par Uber et le VTC, il s’agit de l’optimisation dynamique des courses et la prise de commande en cours de parcours. On atteint ici la limite entre TAD et VTC. « Soit la planification de l’itinéraire est faite avec la connaissance experte de l’exploitant de son secteur pour déterminer les meilleurs enchaînements pour son parcours, soit on ne dispose ni de cette connaissance géographique ni de celle du profil des emprunteurs et il faut alors utiliser des algorithmes pour optimiser les tournées, ce qui correspond à de l’aide à la décision », explique Ari Dadoun de Perinfo (qui dispose de ses propres algorithmes). Une optimisation de la planification qui ne fonctionne qu’à la condition de connaître à l’avance toutes les demandes, c’est le « principe de base d’un service de TAD qui prévoir de les recevoir la veille du service à réaliser ». « La limite de notre solution TAD est dans l’optimisation dynamique de trajet type VTC. C’est en dehors de notre scope, mais si besoin, il est tout à fait possible de s’interfacer », déclare de son côté Nicolas Bertolami d’Abc Informatique. « Ce qui change entre un TAD et un VTC, c’est que le point de localisation du véhiculage est potentiellement son point de remisage, et il faut dans ce cas-là rapprocher le logiciel d’une fonctionnalité d’allocation à la volée et le relier à un système de géolocalisation », ajoute Patrick Lassus de Nocratès, « nous avons notre propre service de R&D composé de mathématiciens, notre moteur d’optimisation est en évolution permanente ».
Nocratès, à l’instar de XE Mobility ou Optitod, pousse d’autres modules plus perfectionnés que les éditeurs de logiciels de gestion multifonctions, comme la réservation multicanale, puisque Viacitis inclut un module de réservation web en temps réel avec confirmation des réservations pour le client. De quoi protéger ces acteurs de l’arrivée d’autres éditeurs tentés de profiter de l’effet volume du vaste marché des VTC pour tenter de pénétrer par opportunité dans celui du TAD. Mais ce marché « a des besoins très spécifiques, très orientés métier », assure Patrick Lassus.
