Dans le nouveau paysage du transport scolaire, Keolis entend se démarquer en jouant la carte de la proximité. Partenariats avec des PME locales ou acquisitions de sociétés, tous les moyens seront bons pour gagner des points sur ce marché en voie de concentration.
Frédéric Baverez: C’est une rentrée classique, sans beaucoup de nouveautés ni de changements. Nous avons donc profité de cette année de calme pour lancer une campagne de communication d’envergure sur le port de la ceinture de sécurité
F. B.: Aujourd’hui, il y a autant de modèles d’organisation du transport scolaire que de départements. Le budget que ces derniers consacrent au transport varie entre 25 € par habitant et 150 €. Ils ont le choix entre quatre modes d’exploitation (régie, SEM, marchés publics, DSP), ils peuvent par ailleurs opter pour des tailles de lot allant d’un seul circuit à plusieurs dizaines de circuits couvrant l’ensemble du département. En matière de tarification, toutes les déclinaisons sont également possibles, de la prise en charge totale par le département à une subvention partielle et/ou dégressive, en fonction du quotient familial, du nombre d’enfants scolarisés par foyer, etc. Dans ce contexte, les élus régionaux vont se retrouver face au dilemme de la tarification: maintenir la gratuité jusque-là appliquée par certains départements ou passer au modèle payant. Aujourd’hui, il y a donc plus de questions que de réponses, et beaucoup d’expectatives.
Notre mission est de nous adapter à ces perspectives un peu mouvantes, de répondre aux attentes des autorités organisatrices et de les convaincre que nous sommes en mesure de les accompagner dans la mise en œuvre de leur politique de transport public. Nous sommes en train de prendre la température dans chaque département et nous avons déjà engagé des discussions avec toutes les régions. Ces dernières pourront exercer la compétence du transport scolaire en direct, la déléguer aux départements ou faire le choix de la déléguer à une autre collectivité (intercommunalité, communes, etc.).
F. B.: Le transfert n’aura pas d’impact sur les contrats en cours. En revanche, ce qui pourrait changer, c’est la taille des lots de transport scolaire attribués à chaque opérateur. Aujourd’hui, comme je l’ai dit, la taille des lots est très variable. Pour faciliter la gestion des circuits sur des territoires aussi vastes que ceux des nouvelles régions, lesquelles regroupent en moyenne huit départements, il est probable que les appels d’offres seront constitués de lots relativement importants. Chez Keolis, nous nous préparons à ces évolutions.
Par ailleurs, dans les cinq ans qui viennent, nous devrions assister à une accélération de la concentration du secteur, encore composé pour moitié de PME. Pour notre part, après l’acquisition de Striebig puis de Fouache l’année dernière, nous travaillons actuellement sur trois dossiers d’acquisition, dont un qui devrait être bouclé d’ici la fin de l’année. Ils sont liés à des départs en retraite d’autocaristes qui ne trouvent pas de successeurs pour leurs entreprises.
F. B.: On va leur suggérer de constituer des lots d’une certaine taille et leur conseiller de nous laisser les aider à optimiser les circuits. Il y a des économies à faire en mixant les lignes régulières et les circuits scolaires, en réalisant des aménagements d’arrêts « light » qui permettent d’éviter les investissements lourds et coûteux, en gérant le transport d’enfants handicapés en porte à porte avec des véhicules adaptés. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que le transport scolaire reste un service public de proximité. Afin de combiner cet ancrage local avec les capacités d’innovation d’un grand groupe, nous répondrons aux appels d’offres en groupement avec des PME. Cette pratique n’est pas nouvelle, car nous travaillons avec de nombreuses PME sur le territoire, mais elle devrait, à cette occasion, se développer un peu plus.
F. B.: Les pédibus sont limités aux grandes villes, le plus souvent aux communes et aux parents d’élèves qui en prennent l’initiative. Quant au covoiturage dynamique, on le développe beaucoup dans nos offres de transport urbain ou périurbain, mais il n’est pas forcément compatible avec les contraintes du transport scolaire qui doit garantir que l’enfant part à l’heure pour arriver à l’heure dans son établissement.
(1) « En car comme en voiture, j’attache ma ceinture! ».
> CA 2015: 2,7 Md€, dont 850M€ pour l’interurbain.
> Le transport scolaire représente 25 % de cette activité, soit environ 212M€.
> Nombre de départements où Keolis exploite des circuits de transport scolaire: 68.
