Durant la compétition, les huit villes qui accueillent l’Euro 2016 inciteront supporteurs et amateurs de football à se déplacer en transport en commun. Les réseaux augmentent les fréquences et mettent l’accent sur la sécurité, sans négliger l’esprit festif de l’événement. Tour d’horizon des mesures exceptionnelles déployées pour l’occasion.
Les aléas de la géographie: l’entrée de la fanzone, place des Quinconces, est située à quelques mètres des rails du tramway. Pour sécuriser cet espace, c’est-à-dire permettre aux tramways de circuler et aux supporteurs d’accéder à la fanzone sans danger, 56 personnes (et de nombreuses barrières) seront appelées en renfort.
« Nous allons installer comme un passage à niveau qui s’ouvrira pour laisser passer les piétons entre les passages du tramway », explique Hervé Lefèvre, directeur général de Keolis Bordeaux. Des tramways, justement, il ne devrait pas en manquer, puisque le service sera considérablement renforcé. La fanzone est conçue pour accueillir 72 000 personnes et un dispositif spécifique sera mis en place à l’issue des retransmissions de match. « L’offre de tramway sera renforcée toutes les 5 minutes de minuit à 2 heures du matin, et les bus seront plus nombreux sur les quatre lignes au départ des Quinconces », indique le directeur. Durant la compétition, 700 000 supporteurs sont attendus dans la fanzone, dont 40 % devraient se déplacer en transport public.
Le nouveau stade de Bordeaux, baptisé Matmut Atlantique, verra la mise en place d’un dispositif spécifique pour les cinq matchs qui s’y dérouleront. « On estime que 50 % des spectateurs viendront en transport », déclare Hervé Lefèvre. Il y aura un tram toutes les 5 minutes, 5 heures avant le match, puis un tram toutes les 3 minutes, 2 heures avant le coup d’envoi et à l’issue de la rencontre. Sur la ligne B, qui s’arrête à quelques kilomètres, un service de navettes est prévu: 27 bus assureront des rotations entre l’arrêt Cité du Vin et le stade, sur une voirie fermée à la circulation.
Yann Buanec
Sur les deux lignes de métro automatique et de tramway, la soixantaine de lignes de bus et les deux gares TGV de la ville, sont attendus 40 000 voyageurs supplémentaires, dont 24 000 au stade Pierre-Mauroy et 15 000 vers la fanzone installée près d’Euralille, place François-Mitterrand.
Le réseau Transpole, géré par Keolis, mise sur le côté festif de l’événement. Pour marquer le coup, Keolis a lancé une campagne de communication originale. Elle a organisé une journée de casting réservée à ses clients. Sur les 400 participants, 20 ont été sélectionnés et verront leur visage affiché en format A3 dans les rames de métro!
Autre manière d’attirer les regards: une dizaine d’arrêts de bus seront transformés en cage de football et un tramway sera entièrement habillé aux couleurs de l’Euro 2016. Des guichets et des kiosques de vente de titres seront ajoutés, et Transpole sera présent au plus près des supporteurs avec un espace d’information et de vente dans la fanzone. De plus, un dispositif d’information voyageur adapté sera mis en place sur tous les points névralgiques du réseau. Au programme: communication sonore dans les stations en français et en anglais, agents d’accueil bilingues pour orienter les voyageurs sur les itinéraires à emprunter pour se rendre au stade, information en temps réel sur les réseaux sociaux et l’application Transpole.
Bruno Gomes
Tadao sera le seul réseau urbain de l’Euro 2016 à ne pas disposer de mode lourd pour transporter les 40 000 spectateurs attendus au stade Bollaert-Delelis et les 7 000 à 10 000 personnes de la fanzone située dans le centre-ville.
L’AOT du réseau exploité par Keolis, le Syndicat mixte des transports Artois-Gohelle, a décidé de mettre en place des navettes gratuites entre le centre-ville, fermé à la circulation, et cinq parkings relais situés en périphérie. « Nous aurons en charge le traitement de 10 000 personnes, c’est important pour nous, nos modes classiques seront peu sollicités, ce seront surtout des services exceptionnels et sur mesure », explique Robin Thibault, de Tadao. La proximité de la gare SNCF TER-TGV du stade permettra également d’y accéder à pied.
Bruno Gomes
Fin avril, le conseil syndical du Sytral a adopté un schéma de desserte du Parc Olympique Lyonnais pour l’organisation des six matchs qui s’y disputeront du 13 juin au 6 juillet (quatre matchs de qualification, une huitième de finale et une demi-finale). À chacune de ces rencontres, 35 000 spectateurs devraient emprunter les transports en commun lyonnais (TCL), dont 27 000 depuis le centre de Lyon et 8 000 depuis les parkings d’Eurexpo-Lyon, accessibles en voiture.
Pour gérer ces flux, le Sytral prévoit le renforcement de trois lignes de métro (A, B et D) pour acheminer les spectateurs depuis la fanzone du centre-ville, la mise en place de lignes de tramway directes à destination du stade depuis Vaulx-en-Velin et Lyon Part-Dieu, ainsi que l’augmentation des fréquences de la ligne de tramway T3.
Ces mesures ont déjà été rodées, depuis le début de l’année, à l’occasion de plusieurs matchs de l’Olympique Lyonnais, propriétaire du Parc OL. Ces dessertes spécifiques nécessitent la mobilisation supplémentaire d’agents TCL. Le démarrage du dispositif est prévu 3 heures 30 avant le début des rencontres, alors que les retours doivent s’échelonner jusqu’à 2 heures 30 après le coup de sifflet final. Son coût s’élèverait à un million d’euros hors taxe. Mais selon le Sytral, le bilan financier prévisionnel de ces opérations est estimé neutre, compte tenu des recettes supplémentaires liées à l’afflux touristique généré par l’Euro 2016.
Jean-François Bélanger
Le stade Vélodrome (65 000 places) va accueillir six matchs, dont un de quart de finale et une demi-finale. Deux de ces rencontres (Angleterre-Russie et Pologne-Ukraine) sont jugées sensibles par le ministère de l’Intérieur. « Dans un contexte de vigilance renforcée en région Paca, nous serons très attentifs à la connaissance des flux, afin de sécuriser l’aéroport, la gare Saint-Charles et le réseau de la RTM [régie des transports de Marseille, ndlr], assure Laurent Nunez, préfet de police des Bouches-du-Rhône. Nous veillerons à séparer les groupes de supporteurs sur le stade, sur la fanzone et dans les transports. Je préside un groupe de sécurité qui se réunit toutes les semaines, et en ce moment, nous intensifions nos points transport avec les opérateurs, Transdev, la SNCF et la RTM. Nous allons renforcer notre partenariat avec cette dernière pour la transmission d’images. De son côté, la SNCF met à notre disposition une salle de commandement. Nous sommes attentifs à la fois à la menace terroriste, aux affrontements entre groupes et à la délinquance d’appropriation (vols à la tire, vols avec violence). »
Pour se préparer au mieux, la préfecture de police et la préfecture de région ont organisé un exercice de simulation dans la nuit du 3 au 4 mai. La direction interrégionale au recrutement et à la formation sud de la police nationale (DIRF sud), la direction départementale de la sécurité publique (DDSP), la direction zonale de la police aux frontières, la direction zonale des CRS, le service du déminage de la sécurité civile, le bataillon des marins-pompiers de Marseille, le Samu 13 et la SNCF étaient mobilisés pour cet entraînement. Ce soir-là, six scénarios ont été imaginés en gare de Marseille Saint-Charles. Objectif: tester la coordination des différentes forces de sécurité et des services de secours dans les transports en commun en cas de colis suspect, de malaise voyageur ou d’affrontements entre supporteurs.
Nathalie B–du Colombier
Nice se prépare à accueillir un flot de 22 000 supporteurs qui vont converger vers le stade Allianz Riviera pour assister à trois matchs de poule et un de huitième de finale.
Pour les recevoir dans les meilleures conditions, tout en conservant la fluidité du trafic sur les grands axes stratégiques, la ville a présenté un plan de transport à l’UEFA. Il prévoit la création de quatre lignes de bus gratuites en direction du stade. Ces lignes partiront de la gare Thiers, de la fanzone, de l’aéroport et du parking relais du MIN. Les navettes fonctionneront 5 heures avant les matchs, pour s’arrêter 2 heures après le coup de sifflet final. Pour toutes les autres navettes vers le stade, la régie Ligne d’Azur propose un tarif unique de 3 € l’aller-retour.
Pour limiter la circulation aux abords du stade, la ville azuréenne incite donc le public à utiliser les transports collectifs ou à pratiquer le covoiturage. Cette démarche s’inspire du manuel du match responsable de l’Agenda 21 du sport, et de la propre charte écomanifestation adoptée par Nice.
N.B.C
Ici, les soirées football font partie de l’ADN de la ville. Saint-Étienne va les vivre du 14 au 25 juin à travers trois matchs de qualification et un match de huitième de finale. Le Chaudron devrait faire le plein de ses 42 000 places à chaque rencontre.
Une répétition générale a eu lieu le 12 mai, à l’occasion du quarantième anniversaire de l’épopée des Verts, en finale de la Champions League. L’accès au stade Geoffroy Guichard est facilité, car c’est un équipement de centre-ville proche de la gare TGV et TER de Châteaucreux où vont converger les supporteurs. Les distances courtes (moins de 20 minutes à pied) devraient faciliter les déplacements.
Le stade est aussi desservi par deux lignes de tramway et trois lignes d’autobus. Par ailleurs, une fanzone de 20 000 personnes a été aménagée Plaine Achille, à 800 mètres du stade.
Pour l’événement, la Société des transports de l’agglomération stéphanoise (Stas), filiale de Transdev, va adapter son plan de transport, avec notamment un renfort des dessertes par tramway T1 et T2 pour doubler sa capacité. Quatre heures avant le coup d’envoi et deux heures après le coup de sifflet final, les fréquences seront accélérées toutes les deux minutes, chacune correspondant au transport de 180 voyageurs.
Chaque jour de match mobilisera une quarantaine d’employés. Ces derniers ont suivi une formation de sensibilisation à l’épreuve, de façon à adopter une attitude conviviale et adaptée en fonction des équipes et des différentes rencontres. Selon la Stas, le coût de ces mesures exceptionnelles devrait être absorbé par l’accroissement de la fréquentation touristique attendue durant les douze jours de la compétition.
Jean-François Bélanger
À Toulouse, le Stadium est proche du centre-ville, explique Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire en charge des déplacements. C’est pourquoi, même si nous avons prévu plusieurs opérations de transport, le point le plus marquant est la fanwalk, un itinéraire qui permettra, lors des quatre matchs de l’Euro 2016, de relier à pied la gare Matabiau, la fanembassy située place du Capitole, la fanzone installée sur les allées Jules Guesde, et l’île du Ramier où se trouve le stade. » La déambulation des supporteurs sera agrémentée par des animations circassiennes. Détenteurs et non détenteurs de billets emprunteront des itinéraires différents, les uns étant orientés vers le Stadium, les autres vers la fanzone qui pourra accueillir 12 000 personnes sur 8 000 m2 pour les retransmissions en direct des quatre matchs toulousains et des rencontres de l’équipe de France.
Quatre heures avant les matchs et deux heures après, l’île du Ramier sera entièrement fermée aux véhicules, de même que l’avenue longeant la Garonne côté conseil régional où pourront stationner 80 cars de supporteurs.
Le tramway T1 sera interrompu entre les Arènes et les allées Jules Guesde, pour éviter d’être pris dans les mouvements de foules. Son site propre sur l’avenue de Muret, de l’autre côté de la Garonne, sera utilisé pour garer 80 bus de supporteurs de l’équipe adverse. À 4 km de là, les véhicules particuliers seront orientés vers le parking du Zénith qui sera desservi par des navettes. Enfin, lors des deux matchs en soirée, le métro sera ouvert jusqu’à 2 heures matin, comme un soir de week-end.
Catherine Sanson-Stern