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Jean-Pierre Marchau, vice-président transports de la Cinor

« Casser l’image du transport des pauvres »

Entre les projets de téléphériques et celui du Tram Nord, Jean-Pierre Marchau, vice-président transports de la Cinor, pilote plusieurs dossiers structurants pour le territoire.

Bus&Car Connexion: Pourquoi les transports en commun peinent-ils à décoller à La Réunion?

Jean-Pierre Marchau: Nous héritons d’une situation catastrophique, où l’on a toujours donné la priorité au « tout-automobile ». Le choix politique de faire de la voiture un objet de promotion sociale a contribué à dévaloriser l’image des transports en commun. Aujourd’hui, prendre le bus pour aller travailler ou pour étudier, c’est s’exposer à des gros retards. En cas d’embouteillage, tout le monde est bloqué, bus compris. Malgré les millions d’euros injectés dans le transport public, sa part modale continue de stagner.

BCC: Comment la développer?

J.-P. M: Ce constat a amené une prise de conscience récente des élus. Tous reconnaissent qu’il faut sortir de cette dépendance à la route, qui nous expose aux aléas météo et aux blocages. Cette évolution a permis l’émergence de Run Rail, un projet de train léger interurbain, porté par la Région, qui doit se construire entre Sainte-Marie et l’ouest de Saint-Denis. C’est un projet séduisant, dont la vocation est de relier les agglomérations entre elles, à une vitesse assez élevée, sans entrer dans les cœurs de villes. Nous portons, pour notre part, à la Cinor, un projet de tramway urbain, qui est en phase d’études très avancées, même si son tracé n’est pas encore finalisé.

BCC: Ces projets seront-ils concurrents ou complémentaires?

J.-P. M: Il y a une volonté commune de bien articuler ces deux projets. L’idée consiste à mutualiser les rails sur le tronçon entre Sainte-Marie et le Chaudron. Les techniciens des deux collectivités discutent pour que les matériels soient compatibles. On se rencontre régulièrement. Tout le monde veut éviter qu’un désaccord vienne fragiliser les projets, voire les remettre en question, compte tenu du contexte budgétaire serré. Quand il y a des blocages, on les surmonte. Ce qui n’empêche pas d’avoir des discussions franches, car sur ce projet, on n’a pas le droit de se tromper.

BCC: Ce Tram Nord n’était pas à l’ordre du jour jusque très récemment. Qu’est ce qui a provoqué ce changement?

J.-P. M: L’évolution démographique nous y invite. Sur le TCSP entre le Chaudron et l’hôtel de ville, nous sommes à 43 000 passagers par jour, un seuil qui ne permet plus aux bus d’absorber correctement le trafic aux heures de pointe. L’autre point dur concerne la desserte de l’aéroport Roland-Garros. Aujourd’hui, les passagers se font déposer en voiture individuelle. Si le trafic continue d’évoluer au même rythme, les ronds-points d’accès seront complètement bloqués, en 2030, lorsque nous serons à 3 millions de passagers par an [la fréquentation aéroportuaire était de 2,3 millions de passagers en 2018, ndlr].

BCC: La Cinor s’apprête à déployer un téléphérique pour la desserte des pentes. Est-ce de nature à revaloriser l’image du transport public à La Réunion?

J.-P. M: Nous allons tout faire pour. Par exemple, dans le cahier des charges de l’exploitant, il sera important de mettre l’accent sur la sécurité, la propreté et l’hygiène des stations, si on veut parvenir à attirer cette partie de la population qui, aujourd’hui, prend sa voiture. Il faut casser cette image de transport des pauvres.

BCC: Verra-t-on un jour aboutir ce vieux projet de titre de transport unique pour tous les réseaux?

J.-P. M: Le réseau Citalis de la Cinor est en train de déployer le même système de billetique que les Cars jaunes [réseau interurbain, géré par la Région, ndlr], ce qui devrait permettre de mutualiser les titres de transports dans les prochains mois. Il faudra bien entendu aller plus loin et parvenir à une complète interopérabilité pour que l’usager n’ait plus à subir nos contraintes d’exploitants. Mais ce dossier est aujourd’hui entre les mains du Syndicat mixte des transports, qui est complètement bloqué [en raison d’un conflit sur sa gouvernance, ndlr]. Le SMTR ne joue pas son rôle, et c’est fort dommage.

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