Fin de la signalisation physique, surcouche GPS, voies dédiées, zone de recharge accrue… La structure de veille du groupe Vinci a dressé les nombreux impacts des engins automatisés sur l’infrastructure.
De quelle manière l’arrivée du véhicule autonome, comme la navette automatisée, va-t-elle influer sur la conception des infrastructures routières? Le groupe Vinci, à travers sa nouvelle structure de veille prospective baptisée « Léonard », vient de publier sa première étude portant sur l’impact des véhicules connectés et autonomes sur les infrastructures. De quoi dégager plusieurs pistes de réflexions sur lesquelles le groupe, premier opérateur d’infrastructures autoroutières en Europe, travaille actuellement.
Selon l’étude de Léonard, la signalisation routière va s’adresser de plus en plus aux véhicules, au fur et à mesure de leur autonomie. À travers ses filiales, notamment Signature pour les équipements routiers, le groupe travaille sur de nouvelles peintures de manière à ce que les lignes blanches soient « lues » par les capteurs des véhicules et par tous temps, ce qui suppose par exemple d’en accroître l’aspect réfléchissant. Une étape supplémentaire consistera à apposer une surcouche signalétique virtuelle, via les applications GPS, à toute la cartographie embarquée, ce qui pourrait marquer la fin à terme des objets de signalisations physiques destinés aux conducteurs. Ainsi, l’équipementier Bosch et TomTom ont annoncé qu’ils devraient être en mesure de fournir en 2020 des cartes GPS ultra précises (au centimètre près), indispensables au bon fonctionnement des véhicules autonomes. Les données vont être collectées par des radars embarqués sur un million de véhicules circulant en Europe, aux États-Unis et en Asie. La dernière étape consistera à appliquer une couche de connectivité sur l’infrastructure routière elle-même, de façon à diffuser de l’information en direct vers les véhicules (vitesses limites, aléas de circulation, travaux, etc.) afin que le véhicule autonome adapte sa stratégie de conduite et ses prises de décision. L’échange d’information pourra bien sûr s’opérer du véhicule à l’infrastructure, avec, par exemple un signalement automatique des nids-de-poule sur la route.
Tout comme les constructeurs automobiles, Vinci est persuadé que le véhicule autonome sera un véhicule électrique. Le Plan Climat, annoncé par le ministre de l’Environnement Nicolas Hulot, plaide également en ce sens. Cette transition globale pèsera sur l’infrastructure, qui devra fournir un apport énergétique majeur autorisant les recharges ultrarapides de milliers de véhicules en même temps. Un rôle qui pourrait être tenu par les stations-service actuelles mais également par des zones de recharge par induction (comme on le voit pour certains tramways) ou des panneaux photovoltaïques intégrés dans la chaussée. De même, les véhicules ne pourront circuler que dans des univers bénéficiant d’une connexion, de haut débit type 4G et bientôt 5G (2019) afin d’absorber toutes les données nécessaires à leur fonctionnement, ce qui est loin d’être le cas actuellement sur le réseau autoroutier.
Il n’est pas interdit d’imaginer que certaines voies seront dédiées au covoiturage, comme c’est déjà le cas à Los Angeles. La généralisation des véhicules autonomes devrait également sonner le glas de la voiture individuelle au profit de la location, ce qui verra l’avènement de flottes géantes tenues par des opérateurs. En parallèle, les modèles de tarification autoroutière vont s’affiner pour permettre un développement du paiement selon l’usage. L’infrastructure saura en temps réel le nombre de personnes par véhicule, ainsi que les routes empruntées avant d’accéder au réseau autoroutier. L’étude prévoit de possibles packages de tarification villes et autoroutes.
