Accident de Puisseguin, mais aussi prévention du risque incendie. La FNTV n’a pas attendu les préconisations du rapport du BEA-TT pour agir, notamment avec les constructeurs, rappelle Ingrid Mareschal, déléguée générale FNTV (Fédération nationale des transports de voyageurs).
Ingrid Mareschal: Suite à l’accident de Puisseguin, la FNTV s’est constituée partie civile dans le cadre de la procédure judiciaire dont l’instruction est toujours en cours. Par ailleurs, il est très important d’examiner avec la plus grande attention les conclusions et les préconisations du BEA-TT, leur faisabilité et le calendrier de mise en œuvre. Sans attendre, la FNTV s’est engagée à mettre en œuvre les préconisations relevant de son ressort et notamment la modification de sa plaquette de sensibilisation à la sécurité des passagers des autocars. La FNTV a également mis à l’ordre du jour du comité des constructeurs, qui s’est tenu début septembre à notre initiative, l’ensemble des points évoqués dans le rapport. Ce groupe de travail réunit les professionnels du transport et les constructeurs. Il a pour objectif de faire des propositions pour renforcer la sécurité dans les autocars et pour que des accidents comme celui de Puisseguin ne puissent plus se reproduire.
I. M.: Avant toute chose, je voudrais préciser que l’autocar reste l’un des moyens de transport les plus sûrs, d’autant plus en France, qui est probablement le pays le plus avancé en Europe sur les aspects sécurité, avec les équipements comme les éthylotests à bord ou les formations continues obligatoires. À chaque fois qu’il y a eu un accident grave et médiatisé d’autocar, la législation a évolué. Ainsi, la ceinture de sécurité s’est généralisée dans les autocars en 2015 et, la même année, l’État a rendu obligatoire les éthylotests dans les véhicules.
I. M.: C’était assez compliqué. Certains transporteurs craignaient que cette mesure stigmatise la profession, d’autant plus que le coût était conséquent, de l’ordre de 1 000 à 1 500 euros par véhicule. Avec le recul, la profession en est plutôt fière et les entreprises qui réalisent du transport scolaire peuvent avancer cet argument aux parents comme un gage de sécurité supplémentaire pour leurs enfants.
I. M.: La FNTV intervient surtout par des actions globales de prévention, comme la conception et l’édition de plaquettes destinées à être installées à bord des autocars – dans les filets des sièges lorsque c’est possible. Ces plaquettes rappellent les procédures à suivre en cas d’évacuation du véhicule et les principales consignes de sécurité. Nous y ajouterons, conformément à la préconisation du BEA-TT, une description de la conduite à tenir en cas d’incendie dans l’habitacle de l’autocar. En effet, les événements l’ont montré: plus on peut évacuer un car rapidement en cas d’accident, et plus on peut sauver des passagers. Nous sommes également à l’initiative de plusieurs campagnes de sensibilisation, comme celle qui sera relayée par les autorités organisatrices de transport à destination du jeune public avec l’insertion d’un flyer « En car comme en voiture, je boucle ma ceinture » et qui sera envoyé en même temps que les cartes d’abonnement scolaire. Notre fédération intervient également sur des points plus techniques.
I. M.: La FNTV dispose effectivement d’une commission technique, sécurité et environnement qui se réunit sur les aspects sécurité environ quatre fois par an, ainsi que d’un groupe de travail spécifique avec les constructeurs. C’est l’occasion de réfléchir à des pistes concrètes d’amélioration de la sécurité de nos passagers, comme les causes des incendies par exemple, les solutions à mettre en œuvre pour les éviter, ainsi que les conditions favorables à une évacuation rapide. La FNTV s’est saisie de ces questions avant la publication du rapport du BEA-TT cet été, puisque notre rôle est bien d’anticiper.
