Prélude à la conduite automatisée, l’intelligence artificielle va commencer à se déployer à l’intérieur des véhicules, avec la détection des périodes d’inattention du conducteur et la surveillance des autres passagers. La reconnaissance faciale sert également à contrôler l’identité des conducteurs et à faciliter le parcours voyageur, notamment dans les aéroports.
Il s’écoulera encore de nombreuses années avant que l’intelligence artificielle ne remplace totalement l’homme pour conduire un véhicule… mais en attendant, la technologie peut déjà l’aider à éviter les accidents. Pour détecter les phases de micro-sommeil ou les moments d’inattention du conducteur, l’équipementier Bosch vient de présenter en ce début d’année 2020 un nouveau système de surveillance de l’habitacle recourant à des caméras et de l’intelligence artificielle. Une caméra intégrée dans le volant détecte le degré de fatigue du conducteur, en mesurant l’ouverture de ses yeux et la fréquence des clignements. La caméra repère également s’il est déconcentré, ou lorsque sa tête est tournée vers le passager ou la banquette arrière. Grâce à l’Intelligente artificielle (IA), le système agit en conséquence: il alerte le conducteur, recommande de faire une pause en cas de fatigue, et réduit même la vitesse du véhicule. « Ces fonctionnalités seront à la discrétion des constructeurs automobiles, et en réponse aux différentes dispositions législatives », précise l’équipementier allemand. Bosch indique que ce procédé pourra être intégré en série en 2022, année durant laquelle l’UE prévoit de faire du système d’alerte au conducteur une norme standard sur les nouveaux véhicules de l’UE. La Commission européenne estime que ses nouvelles exigences en matière de sécurité des véhicules pourraient sauver plus de 25 000 vies en Europe par an (un accident sur dix serait dû à l’inattention ou la fatigue au volant). À l’avenir, ce système de surveillance dans l’habitacle permettra également de faciliter la reprise en main d’un véhicule partiellement automatisé. Lorsque la voiture devra redonner le contrôle au conducteur à la suite d’une étape de conduite automatisée sur autoroute, elle devra s’assurer que le conducteur est bien en mesure de reprendre le volant, et non de dormir par exemple.
Le nouveau système de caméra Bosch veille également sur les passagers situés à l’avant et à l’arrière du véhicule par le biais d’une seconde caméra, installée au niveau du rétroviseur central (il en faudrait un certain nombre pour équiper un autocar). Le système est ainsi capable de détecter si un enfant est laissé seul dans le véhicule, ou même si un enfant y pénètre sans surveillance. Des alertes par SMS pourront alors être envoyées.
Mais l’IA, lorsqu’elle est couplée au big data, peut également identifier les traits du visage de chaque individu pré-enregistré. Appliquée à l’univers automobile, la reconnaissance faciale peut ainsi servir de clé de contact pour démarrer un véhicule. Le spécialiste de la location Hertz a commencé à déployer cette solution aux États-Unis depuis l’an passé, pour faciliter l’emprunt de ses véhicules dans les aéroports. L’offre est pour l’instant réservée aux membres premium, à condition qu’ils aient au préalable enregistré leurs données biométriques. Selon Hertz, les bornes de contrôle biométriques doivent permettre de partir avec une voiture de location « en moins de 30 secondes ». 30 secondes, c’est probablement le même laps de temps que prendra Uber pour désactiver le compte de ses faux chauffeurs-partenaires. L’entreprise est en effet accusée de laisser travailler, à son insu, de faux chauffeurs ou livreurs, qui usurpent l’identité des vrais prestataires. Uber a donc mis en place, depuis le 16 décembre 2019, des tests de reconnaissance faciale pour ses prestataires de VTC et d’Uber Eats. Ces derniers seront donc amenés à se prendre en selfie périodiquement en temps réel, afin de comparer leur photo avec celle du titulaire du compte utilisé pour effectuer des livraisons ou des courses. « Si les photos ne correspondent pas ou si la vérification n’est pas effectuée, le compte se verra suspendu temporairement afin de procéder à des vérifications supplémentaires », avance Uber.
En Chine, il semble maintenant quasi impossible d’échapper à la reconnaissance faciale, qu’il s’agisse d’ouvrir une ligne de téléphone portable (obligatoire depuis décembre 2019) et bientôt de prendre le métro, comme c’est déjà le cas à la station Futian, du métro de Shenzhen. L’IA commence également à faciliter le parcours client dans les aéroports, notamment au nouvel aéroport international Daxing de Pékin, inauguré le 25 septembre 2019. Cet aéroport futuriste dispose d’une couverture 5G, capable de traiter en un temps record les données fournies par les 400 guichets d’enregistrement avec reconnaissance faciale. Ces enregistreurs sont destinés à raccourcir le temps d’attente des passagers à environ 10 minutes. Les passagers qui scannent leur visage n’ont plus besoin de présenter une pièce d’identité (du moins pour ceux dont le visage a été préalablement enregistré par les autorités chinoises). Les passagers peuvent alors se diriger vers les portes d’embarquement adéquates, qui leur seront signalées en fonction de leur trajet, et emprunter les navettes correspondantes jusqu’à leur avion sans sortir aucun papier.
En France, il faudra encore quelques années pour qu’un tel dispositif se mette en place, mais Aéroports de Paris (ADP), qui gère notamment les aéroports Paris-Orly et Roissy – Charles-de-Gaulle, s’y prépare déjà. ADP testera à Orly cette année la reconnaissance faciale lors du dépôt des bagages et de l’embarquement, avec les passagers de deux compagnies aériennes, dont Air France. Chaque passager de ces deux compagnies sera invité à scanner son visage auprès d’une borne spéciale, ce qui évitera d’attendre lors du passage au poste frontière. Le test, valable pour trois vols réguliers et pendant 18 mois, s’effectuera sous la supervision de la CNIL, qui s’assurera que les données biométriques utilisées sont bien détruites immédiatement après le décollage de l’avion. « Notre objectif est aujourd’hui un passage à l’échelle de la biométrie dans nos aéroports parisiens pour qu’en 2024-2025 elle jalonne de bout en bout le parcours passager », a déclaré ADP. Pour l’heure, les deux aéroports parisiens utilisent depuis l’été 2018 des sas « Parafe » (passage automatisé rapide aux frontières extérieures), pour les passagers munis de passeport biométriques. Signalons qu’en 2020, ADP assurera également la traçabilité des bagages des voyageurs d’Air France à Roissy-CDG grâce à des étiquettes équipées de puces RFID, avant d’étendre cette procédure à d’autres compagnies.
