Recours aux modes doux, véhicules partagés, mobilités collaboratives, porosité entre l’offre publique et privée… le développement du numérique favorise l’émergence d’une large palette de solutions de transport alternatives à la voiture individuelle. Pour inciter davantage de territoires à s’emparer de ces outils, faire partager les bonnes pratiques et définir des modèles économiques, l’Ademe vient de lancer un appel à projets orienté vers le concept de MaaS (Mobility as a Service).
Existe-t-il un modèle de MaaS économiquement viable? Depuis le 7 septembre, l’Ademe propose un appel à projets (AAP) destiné à financer des projets de développement et d’expérimentation de mobilité servicielle de type MaaS (Mobility as a Service). Ces projets peuvent être portés par des entreprises (opérateurs d’offre de transport, entreprises du secteur informatique) et/ou des territoires. La mise en place de cet AAP interpelle, alors que plusieurs dispositifs pilotes proches du MaaS ont déjà émergé en France, notamment à Mulhouse avec le compte mobilité, et qu’il existe de nombreuses applications d’information multimodale, de réservation et de paiement. Pour l’Ademe, ces dispositifs ont permis « d’identifier les défis majeurs du MasS, sans nécessairement avoir réussi à tous les relever ». Il reste encore à trouver « un modèle économique viable et acceptable, avec une adaptation aux besoins des territoires et des usagers dans leur diversité, tout en garantissant l’ouverture et la gestion de données ». Un vaste chantier auquel l’Ademe contribue avec une aide à hauteur de 50 % du coût complet pour les collectivités locales, autorités organisatrices de transport, établissements publics, jusqu’à 40 % pour les organismes de recherche et de 25 à 45 % du coût de recherche pour les entreprises privées.
« Ces expérimentations vont contribuer à une structuration du MaaS à une échelle territoriale significative et permettent de tester, d’évaluer et de valider la pertinence et la réplicabilité sur d’autres territoires des solutions expérimentées en conditions réelles de fonctionnement, tout en pointant d’éventuelles difficultés ou barrières », souligne-t-on à l’Ademe. Les projets peuvent porter sur plusieurs champs d’application. Le premier concerne l’amélioration des interfaces, notamment la réalisation d’API standardisées permettant de connecter les différents services de mobilité entre eux « sans couture ». Un autre champ s’adresse au mode opératoire de la réservation et/ou de la vente multimodale, avec la mise en œuvre d’un parcours client cohérent faisant intervenir plusieurs modes de transport sur réservation (VSL, taxi, covoiturage, transport en commun à la demande…) et différentes formules d’abonnement et de comptabilité (post-paiement, dématérialisation du titre, etc.). Enfin, le dernier volet pousse à diffuser une information multimodale en amont et tout au long du déplacement, avec une planification d’itinéraire (état du trafic, disponibilité, promotion des transports collectifs traditionnels et des nouvelles mobilités, optimisation des itinéraires intermodaux, prise en compte des préférences individuelles des usagers, etc.).
Chaque projet, d’un coût minimal de 1,5 million d’euros, aura une durée maximale de 36 mois. Cet AAP s’inscrit dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) et sa date de clôture est fixée au 31 janvier 2019.
