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Magazine

Ebusco 2.0

Le dragon embusqué

L’Ebusco 2.0 apporte un enseignement majeur: un autobus n’est pas qu’un réceptacle à batteries, fussent-elles de la plus haute technologie!

En effet, si la chaîne de traction a globalement donné satisfaction, le véhicule ne peut cacher ses imperfections: style et finitions d’un autre âge, emmarchements et seuils d’une épaisseur telle que l’on se croirait revenu au temps des premiers autobus à plancher plat, éléments de carrosserie postérieurs non déposables, un bruit extérieur élevé du fait des ventilateurs de refroidissement des unités de contrôle-commande, sans oublier un chauffage assuré par un Webasto fonctionnant… au gazole! L’appellation « zéro émission » apparaît dès lors fallacieuse.

L’odeur intérieure et l’aménagement de certaines barres de maintien trahissent l’origine chinoise de l’Ebusco. Les barres de maintien sont en effet particulièrement agressives et puniront les passagers assis lorsqu’ils devront se relever! Si la jeune firme, née en 2010, se déclare d’origine néerlandaise, l’autobus venu à Bruxelles était construit par Golden Dragon (le pare-brise et différentes pièces en attestant!).

Ebusco fournit les batteries, l’électronique de puissance et toute la gestion électronique à Golden Dragon qui, en retour, assemble le tout sur la base de l’une de ses carrosseries. Quelques négligences coupables dans le montage attestent du fait que Golden Dragon ne maîtrise pas parfaitement les risques des courants forts liés aux véhicules électriques (les câblages haute tension derrière le pont sont directement exposés aux projections et souillures de la chaussée).

La structure en aluminium vient de Malaisie pour gagner de précieux kilos. C’est une spécificité de l’Ebusco qui revendique une tare contenue de 12 300 kg à vide avec ses 2 150 kg d’équipements électriques (batteries, unités électroniques de contrôle-commande). Cela a permis de préserver une capacité en passagers et un comportement dynamique quasiment équivalents à celle d’un autobus standard thermique. Cette performance est d’autant plus remarquable que le modèle du Bus Euro Test aurait, selon les affirmations d’Ebusco, 311 kWh d’énergie embarquée dans ses batteries. Cette capacité électrique justifie le prix annoncé de 435 000 €. S’agit-il du plus cher des autobus chinois? Ou du moins cher des autobus standards à batteries?

La firme d’Helmond ne détaille pas sa technologie de batteries ni la façon dont elle entend assurer le service après-vente. Le jury appréciera-t-il ce véhicule d’apparence banale comme un vecteur de révolution silencieuse?

Fiche technique

Longueur × largeur × hauteur:

12 m × 2,55 m × 3,27 m.

Puissance:

220 kW et 3 000 Nm en crête, 311 kWh stockés.

Capacités (véhicule présenté):

90 personnes.

• Facilité de prise en mains.

• Vivacité.

• Direction douce.

• Présentation datée.

• Finition perfectible.

• Maintenance peu optimisée.

Au volant de… l’Ebusco 2.0

Difficile d’imaginer, lorsque l’on monte pour la première fois à bord de l’Ebusco 2.0, que l’on a entre les mains un autobus du futur. Le dessin général et les finitions sont franchement datés, l’afficheur central contient tellement d’informations qu’il en est illisible et aucun espace de rangement ni patère n’est prévu pour le conducteur.

L’espace habitable pour le conducteur est limité et le volant souffre d’une jante trop fine. Toutefois, ce dernier commande une direction bien assistée mais manquant de filtrage. Elle est en outre sujette à des effets de clavetage désagréables. Le rayon de braquage est quelconque, mais l’empattement inhabituellement long de 7,1 m y est certainement pour quelque chose. Avantage de cet empattement long: le comportement dynamique est bon, bien aidé en cela par la masse relativement contenue du véhicule et par un tarage de suspension délibérément réglé très ferme.

Le véhicule se révèle vif en accélérations. La désactivation des freins et le temps de réponse à l’accélérateur génèrent un recul piégeux lors des démarrages en côte. Dommage, car globalement le véhicule se révèle plutôt facile à conduire et à appréhender.

La visibilité directe n’appelle pas de critiques particulières, hormis un désembuage déplorable du pare-brise et des vitres latérales! C’est d’autant moins excusable que le chauffage additionnel est assuré par… un groupe Webasto à gazole!

Dommage qu’un antéviseur n’ait pas été prévu car les angles avant et arrière, forcément exposés en usage urbain, sont d’un seul tenant: gare au coût des réparations! Quelques bruits de finition viennent ternir l’ambiance déjà pas joyeuse à bord.

Bref, si les exploitants peuvent éventuellement y trouver leur compte, les conducteurs seront un peu les parents pauvres de cette révolution qui mériterait un autre écrin.

Auteur

  • Jean-Philippe Pastre
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