Vendu 800 000 € (prix avant négociation), l’ieTram a une capacité de 155 passagers. Ses batteries (120 kWh) sont compatibles avec la charge rapide par perche. Le besoin en énergie de la climatisation (50 kW) varie selon le climat, le nombre de portes et le type de vitrage (simple ou double vitrage).
Premier véhicule homologué avec des caméras à la place des rétroviseurs, l’ieTram est entré en service le 6 juin dernier à Barcelone et à San Sebastián. Actuellement, l’ieTram n’a été concrétisé qu’en version articulée de 18 m (17,5 t à vide). Une version de 12 m (14,5 t à vide) existe sur le papier et fait appel à des composants électriques Siemens.
À l’extérieur comme à l’intérieur, l’ieTram montre une volonté de « faire moderne et différent ». Extérieurement, l’assimilation à un tram est réussie. Cependant, on s’interroge quant au comportement du véhicule en conditions hivernales. Taillé pour les services BHNS, l’ieTram semble manquer de polyvalence. Lors d’un accès par l’avant, on peut être surpris par la porte simple qui ne manquera pas de limiter le débit. L’intérieur est lumineux et les sièges ont un bel aspect. Ils sont toutefois réalisés en plastique dur et manquent de confort. On s’interroge sur la longévité des capots pivotants chargés de masquer les prises USB afin de leur éviter de devenir des poubelles à chewing-gum.
Actuellement, Irizar e-Mobility produit un bus électrique tous les deux jours. La cadence passera à un bus par jour ouvrable en septembre. Le groupe Irizar a la particularité de réaliser les postes de charge, les moteurs électriques, les portes et la climatisation. Il annonce que sa technologie est 100 % européenne, mais cette affirmation est à nuancer. Ainsi, les cellules des batteries sont acquises auprès de Toshiba ou de LG.
La procédure de démarrage n’étant pas évidente, Irizar a distribué une notice aux membres du jury afin qu’ils puissent mettre le véhicule en service. Avec l’ieTram, il ne suffit pas de tourner la clé.
L’environnement de conduite de l’ieTram n’est pas pleinement satisfaisant. Les montants du pare-brise sont très épais et créent d’importants angles morts. Certes, des caméras permettent de vérifier l’absence de piétons aux abords immédiats du véhicule, mais cette solution n’est pas naturelle pour le conducteur qui apprécie la vision directe. Au passage, la rétrovision par caméras suscite des inquiétudes quant aux effets de projections qui pourraient masquer la vue du chauffeur. On note par ailleurs que les passagers voient tout ce que voit le chauffeur (écrans, etc.), ce qui n’est pas un avantage.
Le tableau de bord déborde d’informations désordonnées et on ne s’y retrouve pas instinctivement. Il est par ailleurs dommage qu’il ait affiché de nombreuses alertes pendant nos essais. La position de conduite m’a semblé étrange, avec un accélérateur perdu très loin devant à droite. Lors de la circulation en ville, l’angle de braquage m’a semblé excellent. Tel un OVNI dans les rues de Zagreb, l’ieTram a suscité la curiosité de tous les automobilistes et passants. À propos de l’aspect tramway, VanHool a déjà montré que l’on peut aller encore plus loin dans la démarche en plaçant le conducteur en position centrale, ce qui nuit à la capacité du véhicule dans sa partie avant.
Côté finition, des câbles sont visibles sous le tableau de bord et, plus ennuyeux, entre les sièges des passagers. Dans leur cas, il ne s’agit probablement que de l’alimentation 5 V des prises USB, mais on peut s’interroger sur leur tenue dans le temps.
La suspension de l’ieTram révèle quelques surprises. Elle est raide et le véhicule devra donc rouler sur le « billard » d’une voie dédiée BHNS. Plus étonnant, les deux caisses ont un mouvement « de vague », comme si l’essieu arrière pousseur provoquait la montée et la descente des suspensions de l’essieu intermédiaire.
L’ieTram est un très beau véhicule, mais il manque encore un peu de maturité pour être totalement prêt à affronter le marché. On peut faire confiance au remarquable dynamisme d’Irizar pour résoudre rapidement les problèmes de jeunesse de l’ieTram qui a déjà convaincu Amiens et Bayonne.
Fournisseur d’essieux, de boîtes de vitesses, de boîtiers de direction et d’autres composants, ZF a profité du Bus Euro Test pour annoncer l’arrivée d’un nouvel essieu pour bus électrique. Cet essieu moteur aura la particularité de proposer deux vitesses afin d’optimiser le fonctionnement de la chaîne cinématique.