Huit villes, dont Nice et Bordeaux, disposent d’une Unité de sécurisation des transports en commun, un service de police dédié aux bus et aux trams. Zoom sur celle opérant dans la capitale alsacienne.
Dans son bureau, au rez-de-chaussée de l’hôtel de police de Strasbourg, Aurélien Ichter passe en revue des images de vidéo protection montrant un individu qu’il surnomme « Gucci », en référence au logo identifiable sur sa casquette. Le jeune homme est soupçonné d’avoir commis des vols à la tire dans des trams, dixit le brigadier-chef en sa qualité de responsable de l’Unité de sécurisation des transports en commun (USTC) de la capitale alsacienne. Initié en 1995 et renforcé progressivement depuis, ce service également dit de « surveillance » a pour mission d’intervenir, en cas de faits contraventionnels ou délictuels, sur et aux abords du réseau urbain de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS).
Ses dix-sept fonctionnaires opèrent en cas de vol, d’incivilité, de bagarre, de jet de projectile, de « tram-surfing »… En 2017, ils ont traité 738 affaires (contre 434 en 2015). Précision: la délinquance dans les bus et les trams est généralement « opportuniste, acquisitive, ponctuelle et rapide », analyse dans un document l’Unité de coordination de la sécurité dans les transports en commun, un organe national dépendant du ministère de l’Intérieur. Elle n’est que « le reflet de celle de l’agglomération qu’ils desservent », selon une autre source officielle. Ainsi, même si Strasbourg a déploré un meurtre au couteau dans un tram en 2008, son réseau a toujours été et reste, essentiellement, le théâtre de petits délits.
Quand, par exemple, nous recherchons un « tireur », comme notre « Gucci », nous nous déplaçons dans le tram en civil afin de nous fondre dans la masse et de pouvoir agir en flagrance, indique Aurélien Ichter. Parfois, au contraire, nous patrouillons en tenue afin d’être vus et de sécuriser les usagers. C’est le cas, notamment, en période d’application de Vigipirate. » Les hommes de son unité sont tous formés aux interventions dans un espace confiné, une interpellation dans un bus ou dans un tram ne se faisant pas de la même façon qu’en pleine rue… « Notre plus grande particularité est surtout d’être le seul service de police équipé pour lire les disques durs des caméras de vidéo protection embarquées dans les trams et les bus de la CTS », pointe le brigadier-chef en soulignant que la compagnie de transport a elle-même remis un lecteur à son unité.
Les vidéos ainsi extraites – uniquement sur réquisition – concernent des affaires propres aux trams et aux bus, mais pas uniquement. L’USTC peut en exploiter pour d’autres services de police, à l’instar des stupéfiants et des mœurs. En mai 2013, par exemple, des images ont permis de remonter la piste d’un ado aperçu à une station après qu’il ait posté sur Internet, depuis un cybercafé, des menaces de fusillade dans un lycée. La qualité et la pertinence des vidéos font que leur utilisation est de plus en plus fréquente. Alors que 600 exploitations avaient été réalisées en 2013, leur nombre est passé à 1 161 en 2015 et à 1 492 en 2017.
Nous ne menons pas d’enquête, comme nous ne prenons pas de plainte. En tant qu’unité d’appui, nous opérons sur le terrain et, tout au plus, recoupons des infos pour les faire remonter aux services enquêteurs », ajoute Aurélien Ichter. Un rôle d’appui donc, pour d’autres policiers, mais aussi pour la CTS. « Les membres de l’USTC disposent de l’un de nos talkies-walkies, ce qui leur permet d’écouter en direct la vie du réseau et de se rendre rapidement sur les lieux d’un incident comme ils le font lorsqu’on les requiert, se félicite Jean-Louis Metzger, le directeur général adjoint de l’entreprise. Ils évoluent sur nos lignes en territoire connu et ont une parfaite connaissance de nos véhicules ainsi que des métiers de nos conducteurs et contrôleurs. Ils comprennent nos contraintes, ce qui leur permet d’être plus proactifs et réactifs que des policiers non-spécialisés. »
La proximité est d’autant plus forte entre la CTS et l’USTC qu’ils travaillent aussi régulièrement de concert. « Nous menons en lien avec eux une opération de contrôle tous les jours en horaires tardifs, ainsi qu’une ou deux autres en journée chaque semaine, confie Jean-Louis Metzger. Cela sécurise nos agents et renforce notre lutte contre la fraude puisque les policiers peuvent contrôler l’identité des contrevenants, ce que nous n’avons pas le droit de faire… »
