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Saint-Denis bientôt câblée

Avec au moins deux projets de téléphériques prêts à être lancés, Saint-Denis montre sa volonté de s’attaquer à l’urbanisation de ses pentes. La Réunion, une île volcanique à fort relief, est en effet confrontée à un défi de taille, celui de relier des zones d’activités, concentrées sur les zones littorales et un étalement urbain qui s’effectue vers les « Hauts », où le foncier est moins cher. Cette desserte s’effectue actuellement via des routes sous-dimensionnées et sinueuses où les bus circulent mal. En témoignent, ces importants embouteillages qui se forment aux heures de pointe, et qui n’épargnent pas les transports en commun.

Pour y remédier, la Cinor, l’intercommunalité qui regroupe trois communes du nord (Sainte-Suzanne, Sainte-Marie et Saint-Denis) mène de front plusieurs projets de transport par câble. Le plus abouti, celui qui doit relier le quartier de Bois-de-Nèfles à celui du Chaudron, pourrait démarrer dès cette année, si le calendrier est favorable. Il ne manque que la déclaration d’utilité publique (DUP), attendue courant avril. L’ensemble des travaux est prévu sur une durée de 12 mois, permettant d’envisager une livraison courant 2020.

En connexion avec le futur tramway

D’une longueur de 2,7 km, sur 270 m de dénivelé, le futur téléphérique utilisera une technologie de type « monocâble à mouvement unidirectionnel ». Il permettra de relier les deux terminus en 14 minutes avec une vitesse d’exploitation de 4,5 m/s. Le réseau comptera cinq stations. Son terminus aval, la station Chaudron, sera connecté aux bus du réseau Citalis et au futur tramway urbain de la Cinor (lire page 16). La station Campus, qui desservira l’université, sera raccordée, pour sa part, au Run Rail, le futur train léger interurbain du conseil régional.

La question des accès à l’université, devrait être revue à cette occasion. Mais le dossier est sensible, compte tenu des réticences exprimées au cours de l’enquête publique. En effet, l’université fait partie des voix qui s’élèvent contre le tracé retenu pour implanter les 26 pylônes du projet. Un point qu’il reste à régler avant le démarrage du chantier.

Ce dernier sera conduit par le groupement Filao qui aura la charge de la conception, de la réalisation, de l’exploitation et de la maintenance de l’ouvrage. Il est constitué de sept entreprises autour de Poma, spécialiste français du transport par câble. Le montant du chantier est évalué à 53 millions d’euros (dont 4,60 M€ pour le foncier). Pour le financer, la Cinor vient de contracter un prêt de 10 millions d’euros de la Caisse des dépôts, qui s’ajoutent aux 12 millions d’euros apportés par l’Agence française de développement et aux 17 millions d’euros tirés des fonds européens (Feder).

Pour contrebalancer ses coûts d’exploitation, évaluées à 13 M€ par an, la Cinor n’envisage pas de tarification spécifique. Le titre de transport sera le même que celui utilisé dans les bus et ouvrira droit à une correspondance sur l’ensemble du réseau Citalis. Côté prix, la question n’a pas encore été tranchée. « Est-ce que le ticket restera à 1,30 €? Je ne sais pas. Cela fait partie des points que nous devrons étudier », explique Jean-Pierre Marchau, vice-président transports de la Cinor.

Conditions météo obligent, un garage de repli va être construit, à proximité de la station Bancoul, pour abriter les cabines en cas d’alerte cyclonique. Il y aura 46 cabines, au total, toutes dotées de 10 places assises, permettant un débit de 1 000 personnes par heure. Le réseau, lui, fonctionnera de 6 à 20 heures.

Dans la foulée du démarrage du chantier, la Cinor prévoit de lancer rapidement la procédure d’appel d’offres pour une seconde ligne. Longue de 1,3 km, elle reliera les quartiers de Bellepierre et de La Montagne, à l’ouest du chef-lieu. Objectif: qu’il ne se passe pas plus d’un an entre la mise en service des deux lignes.

Du côté de la Cinor, on n’écarte pas l’hypothèse de poursuivre les déploiements. « Avant de continuer, il faudra mesurer le résultat de ces premiers investissements. Si ça marche, si les gens aiment ce mode de transport, nous construirons ces autres lignes », affirmait le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, dans les colonnes du Quotidien de La Réunion. D’autres lignes sont envisagées pour desservir les quartiers de La Bretagne, du Brûlé et de Saint-François.

Un réseau ferroviaire régional en 2024

Près d’un demi-siècle après la disparition du « Ti Train », le transport guidé pourrait faire son grand retour à La Réunion, à la faveur de deux projets, portés par deux collectivités distinctes.

Le premier vise un réseau ferré léger, porté par le conseil régional. Baptisé Run Rail, il s’inscrit dans un objectif beaucoup plus vaste, de Réseau régional de transport guidé (RRTG), qui vise la mise en place de 150 km de transport interurbain en site propre entre Saint-Benoît et Saint-Joseph via Saint-Denis. Soit un tracé qui recouvre grosso modo les trois quarts du littoral de l’île.

L’essentiel de ce réseau verra circuler des « bus express ». La partie ferroviaire ne concernera, dans un premier temps, que la traversée de Saint-Denis et son entrée est jusqu’au quartier commerçant de Duparc, à Sainte-Marie. Soit un tronçon de 10 km et de dix stations, qui englobera la desserte de l’aéroport international Roland-Garros, le technopole et l’université. Cette dernière station, ainsi que le terminus Bertin, seront connectés aux futures lignes de téléphérique.

Run Rail devrait parcourir la ligne de bout en bout en environ 20 minutes. Les premières études tablent sur un train toutes les 7 à 8 minutes en heure de pointe (15 minutes en période creuse), avec une fréquentation espérée de 30 000 à 50 000 passagers par jour. Le montant de l’investissement est annoncé à 300 millions d’euros pour une mise en service, fin 2023, début 2024.

En milieu urbain, le train léger circulera à 25 km/h. Mais il pourra atteindre une vitesse de pointe de 70 km/h hors agglomérations. Car l’objectif, à terme, c’est bien de déployer ce réseau vers l’ouest. La nouvelle route du littoral, en cours de construction, est en tout cas dimensionnée pour l’accueillir. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Pour l’heure, la priorité reste de financer la première tranche et d’arrêter les choix technologiques. Pour cela, les équipes de la Région travaillent avec celles de la Cinor, qui envisage un tramway entre l’aéroport et le centre historique de Saint-Denis. L’idée étant de mutualiser l’utilisation des rails sur certaines parties du tracé.

Dévoilé en janvier, ce Tram Nord devrait coûter autour de 400 M€ pour une livraison souhaitée en 2024-2025. Son tracé, encore à l’étude, devrait emprunter le réseau régional Run Rail entre Duparc et l’entrée est de Saint-Denis, avant de bifurquer vers le Chaudron, où il reprendra le circuit de l’actuel TCSP, jusqu’au centre-ville de Saint-Denis. Reste la question du cœur historique, où les routes sont étroites et la cohabitation avec les voitures difficile. Faut-il redescendre la rue de Paris, haut lieu de l’architecture créole jusqu’au Barachois, ou contourner le Carré d’or? Les deux options sont encore à l’étude.

Auteur

  • Guillaume Kempf
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