Newsletter S'inscrire à notre newsletter

Magazine

Alternatives.

Saint-Quentin-en-Yvelines veut sortir du tout-voiture

Située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines tente de trouver des solutions alternatives à la voiture, alors que la ville a été originellement conçue pour l’automobile. Une politique de mobilités qui passe par le renforcement des transports en commun, par une meilleure information voyageurs et par des innovations, du car aménagé en espace de travail aux navettes aériennes, en passant par les navettes autonomes.

Comment se désengager de la toute-puissante automobile et faire place aux autres modes de transport? C’est le dilemme auquel est confrontée l’ancienne « ville nouvelle » de Saint-Quentin-en-Yvelines, conçue en 1965 autour du concept du tout-voiture. Située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, Saint-Quentin en Yvelines est devenue communauté d’agglomération en 2003, et regroupe, depuis janvier 2016, douze communes (Élancourt, Guyancourt, La Verrière, Magny-les-Hameaux, Montigny-le-Bretonneux, Trappes, Voisins-le-Bretonneux, Coignières, Les Clayes-sous-Bois, Maurepas, Plaisir, et Villepreux).

Avec une superficie équivalente à celle de Paris, mais comptant seulement 232 000 habitants, Saint-Quentin-en-Yvelines (communément appelée SQY) est devenue en deux générations le cœur économique de Paris-Saclay, le deuxième pôle économique de l’ouest parisien (derrière La Défense), et le premier pôle commercial des Yvelines. Le territoire abrite 17 000 entreprises, dont de nombreuses sociétés spécialisées dans le high-tech ou les services comme Airbus, Decaux, Atos ou Sodexo. « Cinq des dix entreprises basées en France qui déposent le plus de brevets sont installées à Saint-Quentin-en-Yvelines », signale Jean-Michel Fourgous, président de l’intercommunalité.

Ce bassin de 145 000 emplois est marqué par de forts trafics pendulaires. « 58 % des 232 000 habitants vont travailler à l’extérieur de Saint-Quentin-en-Yvelines, et inversement, les emplois situés dans l’agglomération sont occupés à 68 % par des personnes domiciliées l’extérieur », souligne Roland Anemian, responsable du service des nouveaux usages à la mobilité au sein de l’intercommunalité. La proximité de Paris peut expliquer ce phénomène. La politique de construction des années 1970 a laissé un parc immobilier qui n’attire guère les cadres, ces derniers préférant se loger dans les communes limitrophes, aussi bien des Yvelines que des Hauts-de-Seine. « La mobilité est un enjeu assez fort pour Saint-Quentin-en-Yvelines, car une partie de l’attractivité économique en dépend », expose Roland Anemian. L’offre de transport en commun se développe, mais il faudra attendre 2030, au mieux, pour voir la ligne 18 du Grand Paris Express amener ses flux de voyageurs. La création de la future gare Saint-Quentin Est, à Guyancourt, permettra alors une connexion directe avec l’aéroport d’Orly, la gare de Massy TGV (à l’est), Versailles Chantier puis La Défense (au nord).

Des transports publics renforcés

Avant cette échéance, les communes, avec le soutien d’Île-de-France Mobilités, n’ont d’autre choix que de composer avec le réseau existant, avec une première épreuve de vérité en 2024. La communauté d’agglomération accueillera en effet six compétitions olympiques lors des JO Paris 2024, notamment toutes les compétitions de cyclisme sur piste (olympiques et paralympiques) au Vélodrome national de Montigny-le-Bretonneux. SQY abritera également les épreuves de vélo BMX, de VTT, ainsi que l’épreuve d’escrime du pentathlon moderne, sans oublier le golf. Le territoire a d’ailleurs accueilli la 42e édition de la Ryder Cup, l’événement golfique regroupant les meilleurs joueurs d’Europe et des États-Unis, en septembre 2018, accueillant près de 60 000 spectateurs par jour. Un test de préparation grandeur nature.

Les communes de l’agglomération sont desservies par 95 lignes du réseau SQYBus. Ses véhicules transportaient en 2017 plus de 20 millions de voyageurs annuels, pour 9 millions de kilomètres parcourus en 800 000 courses. En septembre 2018, une profonde restructuration des 800 km du réseau de bus, menée avec l’appui d’Île-de-France Mobilités, a permis d’ajouter 10 % de courses supplémentaires (2 100 au total) le week-end après 20 h. Ces dernières années, une vingtaine de lignes ont été transformées pour offrir davantage de liaisons directes avec les pôles majeurs. Cette réorganisation a vu le renforcement de plusieurs lignes Express, comme la 475 qui relie la Clé-de-Saint-Pierre et la Porte d’Orléans, avec sept allers-retours supplémentaires en 2018, destinés à accueillir une fréquentation multipliée par trois depuis 2015.

Une ligne Express, la 15, a également été mise en place toutes les dix minutes depuis la Porte de Saint-Cloud avec des trajets directs, utiles notamment pour les salariés d’Airbus et de Thales. « Les premiers cars double étage arriveront en 2020 sur ces deux lignes », indique Jean-Michel Fourgous. Une nouvelle ligne forte, la ligne 8, a été créée entre Plaisir-Grignon et Villepreux-les Clayes, offrant une haute qualité de service: courses toutes les 15 minutes en heures de pointe, circulation 7 jours sur 7, de 5 h du matin à minuit en semaine. Depuis septembre 2018, la quatrième voie de l’autoroute A12 est dédiée aux bus sur un tronçon de 3,5 km de la bande d’arrêt d’urgence, dans le sens Saint-Quentin-en-Yvelines – Paris. La gare elle-même (située à Montigny-le-Bretonneux) centralise trois gares routières différentes, comptant 14 quais au total. Au milieu de la gare ferroviaire, un panneau d’affichage indique les plateformes et horaires théoriques: les horaires en temps réels doivent arriver prochainement.

Info voyageurs en temps réel

L’intercommunalité a réussi à renforcer le nombre de ses navettes ferroviaires avec Paris, en proposant cinq trains semi-directs par jour, de quoi gagner une dizaine de minutes par trajet (le temps total passe de 33 à 21 minutes). SNCF Transilien profite de la circulation de rames à vide pour les transformer en trains commerciaux, avec des horaires adaptés. Les usagers se rendant en gare de Saint-Quentin-en-Yvelines pour étudier ou travailler depuis Paris-Montparnasse disposent ainsi d’un train supplémentaire semi-direct le matin et de quatre trains semi-directs le soir, avec un seul arrêt intermédiaire à Versailles (ligne N). Les communes sont également desservies depuis La Défense et par le RER C.

Saint-Quentin-en-Yvelines a lancé, au mois de mai 2019, une expérimentation de l’application intermodale Viago! auprès d’un panel d’habitants et de salariés. Développée en partenariat avec Île-de-France Mobilités et la Région, cette application gratuite permet de comparer, en temps réel les temps de trajets, tout en combinant tous les modes de transports. Viago! intègre ainsi les dessertes des bus en temps réel (à la différence d’autres applis, dont les calculs se basent sur les grilles horaires théoriques). L’application fusionne avec les disponibilités dans les parcs relais, proposant de réserver une place en ligne, mais aussi avec les pistes cyclables et les parkings à vélos, les services de taxis ou encore les solutions de covoiturage. Le lancement grand public a été effectué en septembre. En complément de cette innovation technologique, l’intercommunalité a mis en place un bureau d’information: l’Agence de la mobilité, située à l’entrée de la gare de Montigny-le-Bretonneux. « Tout le monde ne sait pas utiliser les applications numériques, ce bureau permet de donner les offres alternatives aux personnes lorsqu’une ligne de bus ou de train fait défaut », souligne Roland Anemian. En complément, un Mobibus devrait voir le jour en 2021 pour informer la population sur les différentes solutions de transport à travers l’ensemble des communes.

Berceau de Klaxit

Saint-Quentin-en-Yvelines compte également 420 kilomètres de pistes cyclables, et un schéma d’aménagement vélo a été adopté en 2009. La communauté de communes entend doubler la part modale du vélo, actuellement de 2 %. Cela passe notamment par la création de parkings à vélos sécurisés en gare, avec la présence d’un atelier de réparation attenant. La vélo-station de Montigny-le-Bretonneux propose 200 places (bientôt 250), toutes déjà occupées avec des listes d’attente (60 % habitants, 40 % salariés). L’agglomération compte également trois stations Véligo sécurisées à Trappes, Plaisir-Grignon et Villepreux-Les Clayes, et deux autres sont en projet sur La Verrière. Pour favoriser le report modal, Saint-Quentin-en-Yvelines s’est dotée de six stations de rabattement gratuites (une septième est en projet pour 2021). L’accent est également mis, depuis longtemps, sur le covoiturage, avec des incitations à partager les véhicules entre salariés de mêmes pôles d’entreprises. Cette politique a permis la création du désormais champion du covoiturage domicile-travail Klaxit (ex-WayzUp) dès 2013, avec comme premiers clients le Technocentre Renault, la Snecma, Hilti et le Crédit agricole. « Sur les offres de covoiturage financées par IDFM en 2019 [NDLR, hors grève des transports de décembre], un tiers d’entre elles se sont réalisées sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines », indique Emmanuel Veiga, directeur des mobilités.

SQY mise également sur des offres encore plus innovantes, avec l’exploitation de futures navettes autonomes, l’agglomération étant l’une des seules collectivités territoriales partenaires pour le déploiement. Le résultat d’un appel d’offres, mené par Île-de-France Mobilités, sera divulgué prochainement et désignera le ou les opérateurs qui desserviront deux zones à partir de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, avec de grandes amplitudes horaires, sur des itinéraires en partie ouverts à la circulation. L’intercommunalité est également impliquée sur d’autres projets novateurs, comme SupraSQY avec ses navettes passagers se déplaçant au-dessus de la circulation sur des rails aériens, ou bien Smooving, un projet de cars haut de gamme aménagés en bureau roulant pour travailler pendant son trajet domicile travail. Ces projets s’inscrivent en droite ligne avec l’esprit d’innovation mis en avant par la communauté d’agglomération.

Auteur

  • Grégoire Hamon
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format