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Mutation

Un impérieux besoin de réglementation

Les plate-formes numériques révolutionnent l’organisation du travail. Dans les transports, chacun admet que le phénomène semble irréversible, tout en espérant que la puissance publique apportera les éclaircissements réglementaires indispensables pour lutter contre les distorsions de concurrence.

Le phénomène dépasse le monde des transports publics. C’est toute l’économie qui est en phase d’ubérisation, impliquant une remise en cause du salariat traditionnel et faisant émerger de nouvelles relations au travail. La santé, l’éducation ou les métiers de service sont gagnés par cette révolution qui n’en est qu’à ses balbutiements. « Ce phénomène est à mettre en lien avec la lassitude d’un grand nombre de salariés, en recherche d’indépendance et de liberté. La forteresse du salariat se fissure », constate Claude Cibille, responsable Qualité et développement à l’Ifrac. Le marché du transport n’échappe à cette évolution. « D’une activité souvent complémentaire, c’est devenu un vrai métier pour de nombreux chauffeurs », qu’il convient de réglementer pour ne pas enrayer la belle dynamique du secteur de la mobilité.

Encadrer les nouvelles manières de travailler

Personne n’aura rien à gagner de ce flou réglementaire. « Il y a dans cette société un besoin grandissant de mobilité urbaine et interurbaine auquel ces modes de transport savent répondre. Les plate-formes élargissent la clientèle, créent de la consommation dans la souplesse et la flexibilité. Ces solutions B to B dégagent des résultats pour ces entreprises. »

L’Ifrac, organisme de formation dirigé par Raphaël Couturier, appelle le législateur à amender et renforcer les textes en vigueur. La possibilité offerte aux sociétés de VTC, par un décret du 1er janvier 2015, de s’ouvrir aux Loti capacitaires, doit, à ce titre, être affinée: « Il serait souhaitable de permettre aux gestionnaires de transport de créer à la place des circuits, sous couvert d’un billet individuel ou collectif en trajet simple ou en aller-retour ».

En contrepartie de l’accès aux plateformes, les Loti devraient se plier à l’instauration « d’un délai préalable de réservation acceptable pour tous ». Déterminer un quota de la sous-traitance sur les plate-formes numériques irait également, selon Claude Cibille, dans le bon sens. « On pourrait imaginer un quota de 25 %. Elles ont pris une telle importance qu’il serait sans doute inopportun d’en exclure les Loti. Certaines sociétés effectuent 80 % de leur activité grâce à cette nouvelle offre numérique. » Le rôle de cet intermédiaire virtuel compense souvent un déficit de stratégie commerciale et offre à ces gestionnaires, « souvent isolés », une réponse concrète et efficace au problème de la commercialisation.

Créer un seul et même métier

Claude Cibille appelle de ses vœux un mariage des VTC et des Loti. « À terme, il serait logique de créer un métier commun. Entre ces deux univers, il y a des connexions. »

Ces mesures de clarification semblent d’autant plus indispensables que les gestionnaires de transport léger multiplient leurs efforts pour se professionnaliser: « Ils améliorent sans cesse leur relation client. Une culture métier est en train de naître. Ils acquièrent un véhicule haut de gamme, font attention à leur comportement, à leur tenue vestimentaire et à leur langage pour satisfaire leurs clients. Ils s’adaptent à leur environnement et offrent un service collaboratif de qualité, ce qui implique la maîtrise de nouvelles compétences ».

De son côté, Michel Seyt, président de la FNTV, a accueilli les entreprises de transport de moins de neuf places réunies au sein du syndicat Première ligne. Il a engagé des discussions avec le médiateur Laurent Grandguillaume et l’administration. Il partage avec Claude Cibille l’analyse selon laquelle « le transport n’échappera pas à l’ubérisation » de ses pratiques. Le président de la FNTV n’entend pas subir le phénomène les bras ballants. « L’évolution économique tend vers une libéralisation, mais je représente une profession très réglementée. Certains de nos adhérents sont inquiets de voir arriver sur le marché des opérateurs de transport n’ayant pas les mêmes obligations sociales, sécuritaires ou environnementales. L’administration nous a entendus. Il faut que toutes ces évolutions soient encadrées, avec le plus de transparence possible. » Il n’en va pas seulement de l’intérêt des autocaristes classiques, mais aussi des passagers. « Tout vide juridique serait, à terme, préjudiciable au développement des transports publics. »

Auteur

  • X.R.
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