Le Sileo S12 représente un cas de figure assez similaire à celui de l’Ebusco: une chaîne de traction maison, rapportée sur un modèle d’autobus préexistant. Ici, la base est d’origine turque Bozankaya. L’ensemble révèle de bonnes choses, mais quelques défauts impardonnables.
Le Sileo S12 est désormais bien connu en Allemagne, son pays d’élection. La firme est basée en Bavière, à Salzgitter, et équipe des autobus d’origine Bozankaya fabriqués en Turquie. La finition apparaît bonne de prime abord. Le Sileo existe en versions 10,7 m standard, 12 et 18 m articulé. Comme pour l’Ebusco ou le Bluebus, le cœur du véhicule est sa batterie. Sont embarqués 230 kWh de batteries lithium-fer-phosphate, avec une gestion cellule par cellule. Elles disposent d’un équilibrage de charge en roulant, un choix original, complexe à gérer, mais pertinent vu les performances de la récupération d’énergie à la décélération.
Autre spécificité: les batteries n’ont pas de refroidissement liquide. Comme pour les batteries LMP de Bolloré, leur résistance interne diminue avec l’accroissement de l’ampérage et de la température. Toute l’installation électrique haute tension (450 à 560 V suivant les capacités demandées) est sur le pavillon (batteries et convertisseurs de courant); en partie basse, ne sont accessibles que les circuits basse tension en 24 V.
Le modèle essayé est directement prêté par le réseau SWB de Bonn qui exploite 6 véhicules de ce type depuis le mois d’avril. Notez que la recharge (60 kW en recharge nocturne par prise Combo2) implique un système dédié, nous sommes donc dans une logique propriétaire, gênante à terme si l’on veut exploiter des autobus de marques différentes. Le temps de recharge varie de 50 heures en 4 kW à 2 heures en 100 kW installés. Les batteries sont garanties 4 ans, mais le réseau SWB a négocié leur prise en charge sur 10 ans! La firme garantit 230 km d’autonomie effective.
Les passagers apprécient la baie vitrée arrière, une bonne accessibilité et un freinage progressif. Le chauffage est de type Eberspächer au gazole non routier, mais la climatisation est électrique (Spheros Citysphere).
Dommage que le confort soit pénalisé par quelques percussions et bruits de mobilier. Cependant, le véhicule donne une grande impression d’aisance dans les montées et a un dispositif de ralentissement extrêmement puissant mais très progressif. La marque souhaite développer ses ventes hors d’Allemagne, le véhicule étant réceptionné CE. Reste à construire toute la structure de vente et de service, un travail difficile; le compatriote Viseon en a fait l’amère expérience.
Longueur: 12 m.
Largeur: 2,55 m.
Hauteur: 3,35 m (avec climatisation Spheros Citysphere).
Empattement: 5,88 m.
Capacité: 68 passagers (en 18 t de PTAC).
Masse en ordre de marche: NC.
Moteur: Pont ZF AVE 130 bimoteur asynchrone intégré dans les moyeux, 2 x 120 kW, couple maximal en crête 11 000 Nm par moteur.
Batteries embarquées: 230 kWh lithium-fer-phosphate, chaudes à électrolyte liquide.
Liaisons au sol: essieu rigide (ZF RL 82 EC), pont portique AR (ZF AVE 130).
Freinage: de type coopératif à récupération d’énergie et pneumatique avec régulation ABS/EBS commandé au pied. Freins à disques AV et AR.
Le Sileo S12 est fonctionnel, ergonomique et spacieux pour le conducteur. Si l’afficheur au tableau de bord donne peu d’informations, elles sont directement utiles. Mais deux défauts graves gâchent tout le plaisir que l’on pourrait ressentir à son bord. Le premier saute aux yeux (si l’on ose dire): une rétrovision catastrophique! Le champ de vision du pare-brise ne dégage pas assez en hauteur et entrave complètement la vision du rétroviseur d’accostage, rendu de fait inopérant. Chaque approche aux arrêts ou manœuvre de précision avec le porte-à-faux avant droit se fait donc au jugé ou en se déplaçant du siège!
Même problème de visibilité côté gauche, avec une sérigraphie de dégivrage trop épaisse gênant la vision directe. Ajoutez-y un rétroviseur mal placé qui, combiné avec l’épaisseur du montant de pare-brise, génère un angle mort terrible à l’arrivée sur les intersections et ronds-points!
Autre point à corriger d’urgence: l’assistance de direction. Douce sur les faibles angulations au volant, elle devient exagérément dure lorsqu’il faut braquer à fond (ou lors des contre-braquages). Gare aux tendinites en cas de parcours sinueux à angle droit (comme ce fut le cas lors de cette prise en main). On déplore également une tendance marquée aux percussions sur les pavés et joints de chaussée.
Passons au meilleur: la chaîne cinématique. C’est l’un des autobus les plus véloces du plateau, extrêmement doux, puissant, très à l’aise dans les montées et doté d’une récupération d’énergie particulièrement performante. Une âme de grimpeur ce Sileo!
