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Entretien avec Pierre-Olivier Lefebvre, délégué général du Réseau francophone des Villes amies des aînés

Bus&Car Connexion: Quel est le rôle du Réseau francophone des Villes amies des aînés?

P.-O. L.: Le Réseau francophone, créé en 2012, est la seule structure française affiliée au réseau de l’Organisation mondiale de la santé. Notre rôle est d’encourager le vieillissement actif et de contribuer à diffuser une image positive du vieillissement. À ce jour, le Réseau réunit environ 130 collectivités. Concrètement, nous les accompagnons en proposant des méthodologies pour la réalisation de diagnostics du territoire et de démarches participatives avec les habitants. Nous contribuons également à créer une culture commune autour du vieillissement et à valoriser les initiatives qui fonctionnent.

BCC: Quelles sont les difficultés que peuvent rencontrer les personnes âgées en termes de mobilité?

P.-O. L.: Le premier moyen de locomotion des personnes âgées, c’est la marche. Une enquête que nous avons menée avec Notre Temps montre que les Français de plus de 60 ans marchent 41 minutes par jour en moyenne. Pour maintenir une autonomie dans la mobilité, il faut prendre conscience que plus on avance en âge, moins les distances parcourues sans pause sont importantes. La zone de mobilité des personnes âgées doit donc regrouper des services pour lutter contre les risques de rupture sociale: transports en commun, structures de repos adaptées, commerces de proximité…

La difficulté majeure, c’est quand les personnes se disent que le territoire n’est plus fait pour elles, quand elles sentent que l’endroit dans lequel elles aiment aller est devenu inaccessible en raison de l’absence de mobilier urbain, de pentes raides, de mauvaise lisibilité ou de conflits d’usage. Par exemple, en termes de proxémie*, une personne âgée se sent en insécurité si une trottinette électrique roule à côté d’elle à 20 km/h.

BCC: Quid des autres modes?

P.-O. L.: Le vélo, les transports en commun et les voitures sont complémentaires à la marche. Or les transports en commun peuvent être inadaptés à l’usage des personnes âgées. Par exemple, un délégataire de transport me disait récemment que les personnes âgées vont garer leur voiture dans des parkings souterrains car des toilettes publiques sont accessibles. Dans les transports en commun aussi, des toilettes gratuites, propres et sécurisées sont nécessaires pour préserver l’autonomie.

BCC: Dès lors, que conseillez-vous aux collectivités et aux opérateurs de mobilité?

P.-O. L.: La première chose est d’intégrer que les rythmes ne sont pas les mêmes quand on avance en âge. En tant qu’opérateur, il faut appréhender les distances selon les capacités des aînés, mettre en place une offre de mobilité diversifiée et complémentaire et penser l’accès au territoire dans sa globalité, et non à travers une vision technologique. Il faut améliorer l’information, accompagner l’apprentissage des outils technologiques et construire une vision positive des transports face à une génération de personnes qui associent la voiture à l’indépendance. La réussite est dans l’accompagnement humain et la découverte du choix. Si les personnes maîtrisent une gamme de propositions, elles vont se sentir libres dans leur mobilité.

BCC: Pouvez-vous nous donner un ou deux exemples de démarches qui vont dans ce sens?

P.-O. L.: Wimoov, association du groupe SOS, fait un travail de pédagogie avec les personnes âgées. Les accompagnants partent du domicile de la personne et l’aident à trouver des repères sur le territoire. L’entreprise organise aussi des réunions d’information pour comprendre comment utiliser les bornes, les vélos partagés, etc.

La ville de Rennes a fait un gros travail autour des Zones favorables au vieillissement. Concrètement, ils ont cartographié le territoire et identifié les lieux sur lesquels on trouve les équipements et services nécessaires au quotidien. Ils sont maintenant en capacité de dire quelles zones du territoire sont les plus adaptées aux personnes âgées.

*Proxémie: concept établi en 1963 par Edward T. Hall, anthropologue américain, la proxémie représente la distance la plus petite que l’on tolère avec les autres selon le niveau d’intimité, les capacités personnelles, le contexte social ou encore la culture d’appartenance.

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