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Que deviennent les conducteurs d’autocars?

Comment un conducteur d’autocar peut-il faire évoluer sa carrière? Quelles voies possibles s’ouvrent à lui lorsqu’il décide de “lâcher” le volant? Bus & Car a enquêté.

Faire de la conduite d’un autocar son métier, c’est choisir le type de service dans lequel on souhaite être affecté, et travailler à temps complet ou partiel. Des options qui correspondent aux différentes activités proposées par les entreprises de transport de voyageurs (scolaire, ligne régulière, périscolaire, occasionnel, etc.). Une fois intégré dans un service, “rares sont ceux qui souhaitent changer de voie. Tout au plus leur demande-t-on parfois d’être polyvalents en effectuant différents services. C’est un choix qui correspond généralement à la volonté de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée”, s’accordent à dire des autocaristes.

Du régulier au tourisme

Un candidat au poste de conducteur doit au minimum être en possession d’un permis B et D, couplé à une formation initiale minimale obligatoire (Fimo) d’une durée de 156 heures, en vigueur depuis 2006. Applicable pour l’instant au secteur de l’interurbain, elle sera obligatoire pour le domaine de l’urbain en septembre prochain. “Avec les permis B et D complété par la Fimo, le candidat est armé pour occuper le poste de conducteur de transport scolaire dans une entreprise, confirme Vincent Baldy, directeur adjoint en charge du transport de personnes au sein de L’AFT-Iftim. En saison, il peut être amené à compléter ce service par de l’occasionnel et, au bout de quelques années, faire du tourisme. L’apprentissage se fait sur le terrain. S’il ajoute à ce cursus basique, un titre professionnel dont le programme est axé sur la sécurité routière et du travail, ainsi que la conduite des véhicules, il peut espérer gravir plus vite les échelons. Tout en travaillant sur des transports réguliers, il peut faire du tourisme dans le cadre d’un double équipage par exemple.

D’autres formations plus poussées sont également proposées, comme la possibilité de se perfectionner sur une thématique identifiée (la conduite en montagne, par exemple), ou le certificat complémentaire de spécialisation. Ce dernier est accessible uniquement aux personnes titulaires du titre professionnel auquel il est associé. Ce dernier valide des compétences complémentaires ou spécifiques.

Pour les conducteurs qui souhaitent évoluer, les derniers paliers à atteindre sont donc le tourisme et le grand tourisme. En règle générale, le schéma classique est de faire ses premières armes sur différents transports réguliers. Ces étapes intermédiaires permettent de maîtriser l’outil de travail et la relation avec les clients. Mais il ne suffit pas d’attendre le nombre des années pour faire du tourisme. En fonction des motivations et des compétences individuelles détectées par l’employeur (avec ou sans formation continue), tout peut se jouer rapidement.

Continuer à s’impliquer dans l’entreprise

La conduite constitue un choix de vie professionnelle, ses aficionados n’envisagent pas forcément de faire autre chose: ils resteront sur des services réguliers, ou ils iront jusqu’au tourisme. Et une écrasante majorité fera ce métier jusqu’à la retraite, à 65 ans. C’est souvent un changement de vie privée qui les conduit à vouloir se sédentariser. “La plupart du temps, lorsqu’un conducteur souhaite changer de métier, il quitte la société”, observent des autocaristes.

L’employeur peut aussi être à l’initiative d’un changement de parcours du conducteur. En fonction de ses compétences et de son implication, certains professionnels n’hésitent pas à les inciter à évoluer, par exemple, au poste d’agent d’exploitation, formation à l’appui. C’est d’ailleurs le premier poste proposé à ceux qui souhaitent “lâcher” le volant en cours de route, sans vouloir quitter l’entreprise. “Si une formation est souhaitée pour occuper cette fonction, certains candidats y accèdent à partir de leur expérience, l’employeur jugeant ses compétences suffisantes”, souligne Vincent Baldy.

Du monitorat au tutorat

D’autres métiers sont également envisageables, comme la gestion d’atelier ou la maintenance. On peut aussi devenir le “bras droit” du patron, et faire ce qu’il est communément appelé du monitorat. Ici, exit la conduite. Le travail consiste à épauler le dirigeant en matière de suivi de l’activité du personnel roulant (pratiques, points faibles, etc.). Poste équivalent à un niveau maîtrise, le monitorat d’entreprise n’est cependant pas un statut reconnu. L’ancien conducteur qui occupera ce poste sera, par exemple, responsable sécurité.

Aux côtés du monitorat, le tutorat. Ici, il s’agit d’encadrer les jeunes entrant dans l’entreprise, une formation d’une semaine est obligatoire. Il existe enfin la voie du formateur en interne ou à l’extérieur. Autant de nouveaux horizons fondés sur des expériences acquises qui se révèlent souvent profitables aux entreprises.

On estime aujourd’hui à 63 000 le nombre de conducteurs, dont 20 % seraient affectés à l’activité tourisme et grand tourisme.

Le Congé de fin d’activité (CFA), mis en place en 1998, est très peu utilisé dans le métier. Il permet à un conducteur de partir à 55 ans, à condition qu’il ait exercé au moins trente ans, dont au moins vingt-cinq à temps complet, de façon continue ou discontinue, un emploi de conduite.

NAOUFEL GHOUL
Hier conducteur, aujourd’hui responsable de production

Naoufel Ghoul est aujourd’hui responsable de production chez Keolis Garonne à Mazères (Ariège). Rien ne le prédestinait à travailler dans le monde du transport de voyageurs par autocar, surtout après des études consacrées aux sciences de la nature et de la vie! Le hasard le conduit aux Courriers d’Île-de-France. L’entreprise recrute alors des conducteurs en contrat de professionnalisation dans le cadre d’un nouveau service baptisé “Allô Bus”. Il est retenu, passe son permis de transport en commun et, pendant plus de deux ans, conduit. "Ce fut une véritable découverte pour moi, se souvient-il. Le secteur m’a très vite plu, et j’ai travaillé en tant que conducteur sur divers services." "Allô Bus" fonctionnant bien, les Courriers de l’Île-de-France décident de mettre en place un service exploitation. Naoufel Ghoul y voit là une opportunité d’évolution.

"Je voulais m’investir encore plus dans la vie de l’entreprise, j’ai donc postulé pour accéder à de nouvelles fonctions. Je suis devenu « conducteur responsable » pendant six mois, mais je ne conduisais presque plus".

Quand un poste de responsable de planning se libère, il postule à nouveau. Naoufel Ghoul est propulsé agent de maîtrise. Il gère 260 conducteurs. "Pour compléter mes acquis et mon expérience, et surtout me mettre à niveau, j’ai suivi plusieurs formations de courte durée sur le management, la réglementation sociale, le code du travail, etc." Cette fonction l’occupera cinq ans, jusqu’au jour où il décide de faire un nouveau pas dans sa carrière: accéder au poste de responsable de production. Il quitte les Courriers d’Île-de-France. "Je n’avais pas d’expérience dans ce domaine. J’ai souhaité passer l’attestation de capacité professionnelle, puis suivre une formation de neuf mois à l’AFT-Iftim". Et après avoir postulé auprès de nombreuses entreprises, il trouve cet emploi de responsable production. "Mon travail consiste à gérer 70 véhicules et 65 conducteurs, je suis en relation avec les AO, je participe aux réponses des appels d’offres, etc." Naoufel Ghoul est un homme heureux. "C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de vocations dans le monde du transport de voyageurs, qui offre des métiers très différents, c’est un secteur qui mériterait à être mieux connu".

Il lui arrive encore aujourd’hui de conduire, pour pallier les surcroîts d’activité, histoire aussi de ne pas perdre la main. Il ne regrette en rien son parcours. "Je n’ai rencontré aucun obstacle pour évoluer, il suffit d’en vouloir, de s’investir, cela prend du temps. Aujourd’hui, le transport par autocar est devenu une véritable passion".

Auteur

  • Catherine Mautalent
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