En matière de préservation de l’environnement, Transdev ne se repose pas sur ses lauriers. En France, comme dans le reste de ses implantations européennes, l’opérateur multiplie les initiatives vertes. Les véhicules, les bâtiments et les comportements sont invités à œuvrer pour le bien de la planète.
Suffit-il d’être opérateur de transport public pour être un acteur efficace de la sauvegarde de l’environnement? Chez Transdev, on aurait tendance à répondre par la négative. “Nous pouvons, les professionnels du transport public, être fier de ce que l’on fait, mais il faut aussi rester modeste, compte tenu des enjeux. Par ailleurs, le secteur s’est longtemps bercé dans l’illusion d’être le chevalier vert de l’environnement, il polluait en effet certainement moins que les automobilistes. C’est une vision trop simpliste”, témoigne Jean-Philippe Jacquet, responsable de l’environnement et de la sécurité au travail et rattaché à la direction de l’innovation et du développement chez Transdev. Dans la filiale de la Caisse des Dépôts, la prise de conscience qu’il ne fallait plus se contenter de se gargariser de comparaisons flatteuses s’est invitée au plus haut niveau de l’encadrement. Celui-ci met notamment en avant le projet quinquennal d’entreprise, Vision 2012, fortement orienté sur le développement durable.
L’idée est de faire de cette notion une des préoccupations permanentes de l’ensemble de l’entreprise. “C’est notamment dans cette optique que nous réalisons des bilans carbone dans le groupe. Même si ce sont très majoritairement les véhicules qui sont les premiers responsables des émissions de CO2, la mise en place d’un bilan permet d’insuffler une prise de conscience à tous les niveaux. Les non-conducteurs sont également impliqués, et la question du développement durable devient l’affaire de toute l’entreprise”, souligne Jean-Philippe Jacquet.
Ce n’est en effet pas une surprise, les véhicules sont les premiers émetteurs de gaz à effet de serre des réseaux (près de 80 % des émissions, selon des études menées en interne). Aussi, Transdev a décidé de se donner les moyens de remporter la bataille de la réduction, notamment en n’hésitant pas à jouer les rôles de pionnier hexagonal en matière d’autobus hybrides. Si le premier Urbino 18 de Solaris a été lancé sur le réseau de Strasbourg, c’est en Île-de-France que le développement dans la filière est pour le moment le plus significatif. Coulommiers est en effet le premier réseau de France 100 % hybride ou électrique. Deux Urbino 12 et unUrbino 18 y sont en effet accompagnés d’un Oreos 4X à propulsion électrique. “Les premiers bilans sont clairement positifs. La mobilité électrique est un confort indéniable pour tous. Les économies de consommation vont de 10 % à 25 % en fonction du parcours et du conducteur”, témoigne Bernard Stumpf, directeur délégué Île-de-France. Pour miser sur l’hybride, Transdev n’a pas attendu que l’offre des constructeurs grossisse comme cela a été dévoilé à l’occasion du dernier salon de la mobilité. “Nous avons opté pour Solaris car dès le début ils ont été les seuls à se montrer réceptifs à notre demande”, poursuit Bernard Stumpf. Sur la question de l’hybride, les autres constructeurs (à l’exception de Van Hool) se sont montrés plus frileux. Aujourd’hui, ils suivent le mouvement initié par Solaris avec Transdev. C’est que les plus gros industriels auraient certainement préféré zapper les hybrides, qu’ils considèrent comme des véhicules de transition vers l’électrique, et s’affranchir ainsi des coûts de développement. “Mais il me semble inconcevable que le transport en commun ne fasse pas sa mutation énergétique. La voiture est en train de se tourner vers l’électrique. Il serait désolant que dans le même temps les autobus restent coincés dans la case diesel”, prévient Bernard Stumpf. Avec une offre qui se diversifie, Transdev voit l’avenir de l’hybride avec plus de sérénité. Pour autant, il est encore un peu tôt pour parler de ces véhicules afin de renouveler tous les parcs. “Il est encore question d’un marché de niche. Pour ce qui nous concerne, nous allons faire des opérations ponctuelles sur différents réseaux. En 2011 et 2012, il y aura une multiplication du nombre d’autobus hybrides, mais cela restera modeste. Dans les deux années à venir, nous devrions totaliser une quarantaine d’unités. Il faut encore attendre que le surcoût diminue et qu’il y ait une plus forte implication des collectivités”, anticipe Bernard Stumpf. L’Île-de-France devrait encore une fois occuper les devants de la scène. Transdev est en discussion avec le Stif afin d’équiper deux à trois réseaux franciliens.
Aussi merveilleuse qu’elle puisse être, la technologie ne peut rester la seule clé de la réussite de la sauvegarde de l’environnement. Ainsi, Transdev place ses salariés, et notamment les conducteurs, au cœur de ses actions. La formation à l’éco-conduite est un maillon essentiel de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. “Elle permet de gagner entre 5 % et 10 % sur la consommation de carburant. Une bonne conduite associée à des véhicules propres, c’est bien évidemment l’idéal”, assure Bernard Stumpf. Si cela peut sembler évident, il n’en a pas toujours été ainsi. “La préoccupation de l’écoconduite au quotidien reste quelque chose d’assez récent. Dans nos centres de formation, nous avons intégré cela au programme. Nous sommes même allés plus loin en mettant en place des systèmes de management de l’énergie. Cela nous permet d’affirmer que l’écoconduite est un enjeu d’entreprise. La consommation de carburant a été trop longtemps considérée comme un mal inévitable sur lequel nous n’avions pas de prise”, regrette Jean-Philippe Jacquet. Mais pour le responsable de l’environnement, il faut aller au-delà des séances de formation. “Le projet d’entreprise permet de faire en sorte que ce qui a été vu durant la formation ne soit pas trop vite oublié dans le feu de l’action. Mais il faut aussi mettre en place des systèmes pour aider les conducteurs dans cette démarche.” Ainsi, Transdev commence à mettre en place des systèmes d’information sur la conduite en temps réel. “Nous les équipons notamment d’accéléromètres qui mesurent le nombre d’accélérations, de coups de frein… Et qui peuvent alerter le conducteur sur sa manière de procéder. Les données sont également consultables à l’exploitation. L’objectif est d’offrir au conducteur un vrai suivi managérial et d’impliquer l’encadrement sur ce qui se passe sur le terrain”, précise Jean-Philippe Jacquet. Ces systèmes vont dans un premier temps équiper quelques réseaux pilotes (les Courriers de l’Aude, Chalon-sur-Saône, Pays d’Oc Mobilité et Strasbourg). L’expérimentation va permettre de valider les différents fournisseurs de ce type de système. “Dès que ce sera fait, nous le généraliserons à l’ensemble du groupe. Le système s’amortit généralement en deux ans. Et je suis confiant sur l’acceptation par les conducteurs, qui sont avant tout des écocitoyens”, assure Jean-Philippe Jacquet, qui imagine par ailleurs la mise en place un système de “prime” pour les conducteurs économes. “L’écoconduite est bonne pour la planète et fait économiser de l’argent à l’entreprise. Il me semble assez cohérent qu’il y ait de la redistribution. C’est une manière de créer un cercle vertueux”.
Le récent appel d’offres pour l’attribution du réseau lyonnais (remporté par Keolis en juillet dernier) avait un peu de "green attitude". Il comportait en effet un chapitre spécifique sur l’environnement. Celui-ci demandait que les réponses comportent des propositions en matière de réduction de consommation d’énergie des bâtiments, de préciser les actions qui seront menées afin d’utiliser moins d’eau notamment pour laver les véhicules et surtout de s’engager sur une réduction de la consommation de carburant. Le Sytral demandait aux candidats de se fixer un objectif d’une baisse comprise entre 6 et 12 % dans les trois ans. En fonction de l’engagement, le syndicat baisserait le montant de son enveloppe. "Cet appel d’offres va faire école. Auparavant, cette question de la réduction de la consommation de carburant n’était jamais mentionnée. On ne l’envisageait même pas", assure Jean-Philippe Jacquet, responsable de l’environnement et de la sécurité au travail chez Transdev.
