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Rentrée scolaire.par Jean-Sébastien Barrault

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La rentrée scolaire 2023 se présente sous de meilleurs auspices que celle de 2024. Une évolution qui va s'accuser, selon le président de la FNTV. En effet, il nous l'a confié, évoquant pour la première fois toutes les mesures qui concourrent à cette situation, peu à peu les mesures prises vont porter leurs fruits.

Eric Ritter: Nous voudrions avoir votre avis sur cette rentrée scolaire.

Jean Sébastien Barrault : Etat, collectivités locales, entreprises, un consensus s’est établi fin août sur une rentrée scolaire 2023 qui sera bien moins tendue que celle de 2022. Nous avons évalué les besoins de conducteurs à 6000, alors que l’année précédente, ils étaient de 8000 à la même période. Pour autant, l’ensemble des problèmes ne sont pas résolus. Donc la pression demeure sur les entreprises qui peuvent légitimement nourrir des inquiétudes.

ER: Y aura-t-il des cas d’enfants sans solution de transport ?

JSB: La situation s’est améliorée, et les efforts réalisés cette année vont porter leurs fruits à terme. On a pu former depuis le début de l’année 2023 davantage de conducteurs que nous ne l’avions fait à la même période en 2022. Les organismes de formation nous le confirment. Le volume de formations a été très nettement supérieur cette année dans le secteur du transport routier de voyageurs. J’ajoute que, puisque l’activité, notamment dans le transport occasionnel, a repris, on a pu également fidéliser un peu plus facilement nos personnels.


« Environ 6000 postes sont encore vacants, « la tension a baissé de 25% par rapport à l’année dernière »

ER: lors d’un sondage que la FNTV a effectué après d’un panel d’entreprises, et dont les résultats ont été présentés lors du congrès 2022, la rémunération est apparue en première position dans les obstacles au recrutement de conducteurs. Qu’en est-il ?

JSB: Tout d’abord, demeurent des problèmes structurels que je voudrais aborder. La pyramide des âges nous est extrêmement défavorable. C’est une donnée à laquelle on ne peut échapper. Ensuite, le métier de conducteur scolaire implique un travail à temps partiel qui entraîne donc des rémunérations relativement faibles. Cette problématique a donné lieu à des débats au sein de la profession avec, d’un côté, les tenants d’une forme d’orthodoxie rigoureuse basée sur la très grande difficulté à répercuter les augmentations sur les collectivités, et de l’autre côté, des entreprises qui considèrent que nous n’arriverons à sortir de nos difficultés de recrutement que si nous augmentons de manière massive les salaires, compte tenu, en particulier, de la responsabilité qui pèse sur les épaules de nos conducteurs. Il est en effet difficilement acceptable que le taux horaire soit inférieur dans notre profession à ce qu’il est dans d’autres professions avec moins de responsabilités. En tant que président de la FNTV, j’entends les deux positions. C’est pour cela qu’on a essayé de trouver une position qui prend en définitive le risque de mécontenter tout le monde, parce qu’elle se situe à mi-chemin: des revalorisations trop élevées pour certains et trop faibles pour d’autres.

« La hausse des rémunérations pour 2023 aura été de presque 8% »

Toutefois, je veux tout de même souligner que sur l’année 2023 la hausse a été de presque 8%; elle a été mise en œuvre en 3 fois. Cette hausse est considérable. De plus, nous avions obtenu de l’Etat qu’il crée des indices spécifiques à notre secteur. Ces indices permettent non seulement de mieux rendre compte de nos spécificités, mais ils permettent aussi de faciliter les négocations contractuelles à partir de données stables et fiables, suivies à l’échelle nationale, et mises à jour régulièrement. Le guide des bonnes pratiques éditées cet été, sur le transport scolaire et les marchés publics, y renvoie expressément. Ils sont publiés par le CNR depuis 2 ans. C’est une grande avancée. Je pense que s’ils s’imposent peu à peu au fur et à mesure des renouvellements des marchés, on pourra sortir du débat entre des augmentations jugées trop faibles pour les uns, et trop fortes pour les autres.

ER: Des mesures ont été adoptées, récemment, d’autres l’ont été sans pouvoir encore porter leurs fruits tout de suite. Vous semblez plutôt optimiste sur le résultat à terme...

JSB: Oui, parce que beaucoup a été fait depuis un an, tout particulièrement. Et je veux à cet égard saluer l’action de l’Etat. Mais tout ce qui a été fait, n’a pas encore pu produire ses fruits. Cela sera le cas à moyen et long terme. Vous avez raison. Après avoir obtenu l’abaissement de 21 à 18 ans de l’âge minimum pour passer le permis D, on a réussi, dans un délai record, à obtenir un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) « conducteur agent d’accueil en autobus et en autocar » (C4A). C’est pas moins d’une trentaine de filières qui s’ouvrent à la rentrée pour l’obtention de ce diplôme, et il y en aura encore davantage à la rentrée 2024. Bien évidemment, il faut encore attendre quelques années pour que les jeunes nouvellement formés arrivent dans nos entreprises, mais la dynamique est enclenchée. Nos efforts se portent maintenant sur la création d’un bac pro parce que nous voudrions, à la FNTV, avoir un bac adapté à notre métier. On a déjà fait part de cette solution à nos interlocuteurs au niveau de l’Etat, parce que nous sommes convaincus que l’ensemble de ces mesures vont contribuer à changer l’image de la profession. Nous étions essentiellement un métier de conversion, il faut que l’on devienne un métier de choix.

"nous sommes convaincus que l’ensemble de ces mesures vont contribuer à changer l’image de la profession. Nous étions essentiellement un métier de conversion, il faut que l’on devienne un métier de choix".


Un dernier point plus technique celui-là. Les délais d’obtention du permis sont devenus d’autant plus intolérables que chaque rentrée scolaire s’effectue sous tension, moins cette année que l’an passé mais tout de même : 2 voire 3 mois en moyenne, tel est le délai d’attente. Si bien que des jeunes, même formés à temps, ne peuvent pas prendre leur poste en septembre, ou bien ils se découragent. A cet égard, la promesse qui nous a été faite d’un guichet unique, regroupant les différentes formalités (permis, carte de conducteur, de chronotachygraphe, et bien sûr le diplôme), qui ne s’effectueraient plus successivement mais simultanément, devrait permettre une réduction considérable du délai d’attente, conforme à nos besoins dans les métiers de la conduite. Enfin, un accord en juillet a été trouvé avec les partenaires sociaux qui a permis une avancée tout à fait significative, avec la création d’un nouveau droit pour les conducteurs en période scolaire (CPS). Tout CPS aura la faculté, après 2 ans d’ancienneté dans l’entreprise, de demander à son employeur, qui ne pourra s’y opposer, de passer à un contrat en temps partiel annualisé. Le gain est substantiel : le conducteur pourra ainsi passer de 600 heures/an, à 800 heures/an. Notre souhait est que ne demeurent à terme en CPS que les conducteurs qui le souhaitent, principalement parce qu’ils ont, par ailleurs, un complément de rémunération.


ER: Les diverses communications que l’on a pu voir ont-elles eu un effet concret?


JSB: On n'a jamais formé autant de personnes. J’ai donc tendance à penser que d’avoir alerté sur nos problématiques a eu un effet d’entraînement. Les campagnes de communication des régions, leur implication, ont en a été la démonstration la plus visible. Les entreprises, par ailleurs, ont aussi multiplié les actions de communication dans cette direction : mieux faire connaître nos métiers, inciter de plus en plus de candidats à s’y intéresser, a forcément eu un effet bénéfique, dans la mesure où les difficultés que j’ai évoquées avaient été levées.

Auteur

  • Eric Ritter
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