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Hydrogène et mobilité: il se passe quelque chose...

Salon Hyvolution 2024

Crédit photo Salon Hyvolution 2024

Encore discrètes, les solutions de mobilité à hydrogène étaient néanmoins présentes au Salon Hyvolution, ce « Mondial de l'hydrogène » qui vient de se dérouler cette semaine à Paris. Rien à voir avec l’édition 2023 de Busword, bien sûr, où les véhicules à batteries s’exposaient allègrement en anticipation de phase. Et pour cause, industrie et énergie, mais aussi le BTP dominaient logiquement au fil des stands où pas moins de 570 exposants s’étaient donnés rendez-vous.

 

Quelques véhicules seulement, comme le Renault Master Van H2 (Hyvia, la coentreprise qui en a la paternité, a été créée en juin 2021 par le groupe Renault et le spécialiste américain en pile à combustible Plug Power), ou le fourgon du constructeur allemand Quantron (conçu sur la base de l’Iveco Daily), ont retenu notre attention. Et nous y reviendrons, lorsqu’on fera le point sur les véhicules à hydrogène.

Pour l’heure, voilà les chiffres: 130 camions hydrogène seulement devraient rouler en France cette année; et seulement une poignée de bus- une soixantaine, selon le baromètre proposé par France Hydrogène, l’état des lieux encore modeste donc, présenté en ouverture du salon. Mais la situation pourrait évoluer rapidement, à en croire les commandes fermes des collectivités, auxquelles il faut toutefois ajouter les intentions : c’est alors sur une flotte de 750 bus d’ici à 2026 qu’il faudra compter, si les estimations sont bonnes.

D’où l’évocation persistante, au cours de ce salon, des stations de recharge.

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La signature d’un accord de partenariat entre GCK et Keolis afin d’expérimenter un autocar (un IVECO de type Crossway « normal floor ») équipé d’un moteur thermique transformé pour fonctionner à l’hydrogène, a naturellement retenu notre attention. Parce qu’il s’agit d’une action « en avance de phase », sans doute source d’enseignements. Trop peu d’expérimentations de ce genre sont en effet menées en France. Dommage.

Seconde raison pour laquelle nous avons trouvé ce partenariat marquant: le développement technique et la transformation sont assurés par GCK Mobility, et ils le sont avec le soutien de Solution F. Avant même son intégration au groupe GCK, l’entreprise faisait déjà figure - depuis une vingtaine d’années - de pionnière en matière de transition énergétique, avec la mise en oeuvre de solutions technologiques pointues, incluant des moteurs hybrides, électriques et hydrogènes. Preuve qu’une évolution remarquée est toujours précédée d’une initiative de pionnier. L’essentiel étant de ne pas avoir raison trop tôt.

On conclura provisoirement en disant que le véhicule, objet du partenariat, est obtenu à partir de la transformation du moteur Cursor 9 du diesel vers l’hydrogène. Et que les essais du véhicule sont prévus pour début 2025 avant d’être soumis à l’homologation.

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Bien davantage visibles que les seuls matériels roulants, les géants du BTP ont marqué par leur présence au salon leur volonté d’investir un marché certes émergeant, mais qu’ils jugent prometteurs, et ce pour différents cas d’usage : la décarbonation de l'industrie et des transports, l’une et l’autre semble-t-il indissociables. Il fallait aussi compter sur une myriade d’entreprises (sociétés d'ingénierie, bureaux d'audit et de certification), plus qu’attentives aux bruissements du marché. Un sentiment de ruche vous saisissait dès l’entrée, alors qu’on entame « une phase darwinienne », selon les propos recueillis par Benoit Calatayud, directeur transition énergétique à Capgemini, lors d’une table ronde consacré à la baisse des coûts de l’hydrogène. Nous y reviendrons également.

Sans cette baisse, il n’y aura pas de déploiement des solutions. D’autant que, pour le moment, les véhicules en circulation demeurent au stade de l’avant-garde. Font figure d’anecdotes par rapport aux véhicules à batteries, eux, en pleine expansion. Ce qui n’empêche pas les majors de prendre des positions sur le marché de l’hydrogène. Ainsi le groupe de travaux publics Colas, filiale de Bouygues, qui vient, par exemple, d'annoncer son premier contrat de station de production et de distribution d'hydrogène, remporté à Dunkerque dans le cadre d'un projet local de mobilité décarbonée. Un territoire qui a pourtant vu l’inauguration de la GigaFacory Verkor.

La mise en service de cette station, dont la réalisation est pilotée par Colas Rail, doit intervenir à la fin de l'année; elle permettra d'alimenter une dizaine de bus et des véhicules de collecte de déchets. Des transports routiers gourmands en énergie et qui doivent être décarbonés.

Bien sûr, mais sans oublier les trains; car, dans cette région ferroviaire que sont les Hauts de France, il s’agit aussi d’accompagner la mise en service des trains à hydrogène avec pour corollaire un réseau de production/distribution.

Faire baisser les coûts

Bouygues Construction demeure vigilant. Le major « regarde » également le marché des stations de production et de distribution, même s’il n’a pas de projets « à ce stade », selon les Echos.. En revanche, au sein du groupe Bouygues, sa filiale Equans est déjà très active dans le domaine de l'hydrogène. Cette entreprise multiservices se positionne en tant qu'« intégrateur, installateur et mainteneur d'unités de production et de distribution » selon la formule de Grégoire Geiger, directeur de la communication, Equans France. Parmi ses réalisations, une centrale électrogène capable d'alimenter sans effet de serre des sites éloignés des réseaux électriques, comme des chantiers de construction, des événements sportifs ou culturels, des hameaux isolés - alors pourquoi pas des stations pour la mobilité lourde?

Avec 1,5 million d'euros l'unité de distribution et une dizaine de millions pour une centrale de production, la prospective demeure un exercice à hauts risques, mais le potentiel est là. C’est ce qui se dit.

Le groupe Vinci n'est pas en reste; le groupe investit également dans l'hydrogène « vert ». En son sein, Vinci Construction a réuni depuis 2021 toutes ses expertises nécessaires aux projets de conception-construction d'unités de production d'hydrogène décarboné sous une seule bannière, « Hyfinity »; cette structure cible le marché des gros électrolyseurs, s'appuyant sur le savoir-faire d'ensemblier de Vinci.

Nul n’ignore maintenant que pour faire baisser les coûts, il faut miser sur une optimisation des électrolyseurs.. En outre, Vinci Energies, qui a vocation à oeuvrer pour le compte d'Hyfinity, joue sa propre partition pour les « petites » stations, histoire d’assurer un maillage du territoire où il pourrait rencontrer TotalEnergies, qui a annoncé sa JV avec Air Liquide.

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Air Liquide et TotalEnergies ont annoncé pour l’occasion la création d’une co-entreprise, nommée Teal Mobility; détenue à parts égales pour développer un réseau de stations hydrogène, elle est destinée à présenter des solutions de recharge pour les poids lourds sur les grands axes routiers européens; elle peut d’ores et déjà afficher nombre d’implantations en Europe, au Pays-Bas tout particulièrement, en Allemagne aussi. Cette initiative contribuera à faciliter l’accès à l’hydrogène, permettant ainsi d’en développer l’usage dans le transport de marchandises et de continuer à renforcer la filière hydrogène.

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S'agissant du marché français des stations de recharge, son accroissement s'accélère. France Hydrogène table d’ores et déjà sur 69 stations aujourd'hui, ouvertes en France; 197 étant « recensées » pour 2025-2026. Ces stations permettent la recharge de tout type de véhicules : bus, bennes à ordures ménagères, berlines, utilitaires et… même les vélos. A partir de là, des autocars longue distance devraient pouvoirL’ être proposés aux opérateurs.

L’impulsion européenne fera-t-elle la différence?

Le sujet est évidemment complexe. Car il s’agit de normes, et il s’agit de contraintes avec des steps de décarbonation pour le transport que certains considèrent comme très ambitieux. Trop? Pour l’association pro hydrogène, le potentiel de travaux est loin d'être épuisé : « France Hydrogène et la Plateforme automobile [organisation rassemblant la filière automobile en France ont estimé le besoin de stations en France à 450 à l'horizon 2030, sur la base d'un parc en circulation composé de 150.000 véhicules utilitaires légers et de 9.000 poids lourds », indique Jan-Erik Starlander, responsable des relations avec les territoires au sein de France Hydrogène.

« Le règlement européen Afir prévoit une station tous les 200 kilomètres le long des principaux axes du réseau RTE-T, soit 68 stations pour la France. Dans les faits, il en faudra beaucoup plus. TotalEnergies, Eiffage et Vinci ont déjà des projets sur autoroutes », ajoute-t-il (Source Les Echos)

Mais voilà, le développement du réseau de stations va nécessairement dépendre des constructeurs. Or, pour le moment, les appels à projets ont surtout profité aux véhicules électriques à batteries, même pour les poids lourds. Ne parlons pas des bus et des cars, où les projets ne sortent pas sans fonds européens. Celui de 2024 est annoncé avec une enveloppe de 130 millions. Combien pour les véhicules à hydrogène?

Bien que discret, le groupe Eiffage est également à la manoeuvre à différents niveaux de la filière hydrogène. "Au cours du mois de novembre, Eiffage Construction a ainsi livré, au sud de Lyon, la plus grande usine de piles à combustible d’Europe, réalisée pour le compte de Symbio (société commune réunissant Forvia - ex-Faurecia -, Michelin et Stellantis) avec le concours d'Eiffage Energie Systèmes et d'Eiffage Route"..

Ce n'est qu'un exemple de ce qui se prépare, mais Eiffage Energie Systèmes, qui s'est également positionné sur le marché des stations de production et de distribution, a, par ailleurs, conclu un partenariat avec Gen-Hy, spécialisée dans la production d'électrolyseurs. Un projet à près de 30 millions d'euros, dont la moitié à la charge de Gen-Hy, et l'autre supportée par les collectivités locales qui portent l'investissement immobilier dans le cadre d'une foncière, le tout dans le Doubs (Allenjoie).

Quand on vous dit qu’il se passe quelque chose…

 

 

 

Auteur

  • La Rédaction
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