Comment réduire le bilan carbone des déplacements du public des évènements culturels? Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) met la pression.
Dans son livret "la mutation écologique du spectacle vivant", la mobilité n'est pas oubliée. Et la position est radicale: le Syndeac demande que "plus aucun lieu, festival, équipement culturel de quelque nature que ce soit ne (puisse) s'implanter dans un territoire si ne préexiste pas un modalité efficiente de transport public". Pour le moment, les acteurs se contentent "de veiller à ce que les spectacles ne se terminent pas après l'arrêt des transports publics".
Séminaires plus ou moins grands, salons professionnels, congrès, il existe de nombreux types d'évènements qui requièrent un transport. C'est parfois "une logistique" complexe pour laquelle transporteurs et organisations se sont organisés pour que tout se passe au mieux. Mais qu'en est il des concerts et autres spectacles vivants? De nombreuses études sur les mobilités montrent en effet que la circulation des publics est la première responsable des émissions de CO2 dans le secteur du spectacle.
Dans son livret publié début 2023, "la mutation écologique du spectacle vivant", le Syndeac rappelle que la mobilité "compte en moyenne pour 66% des émissions de CO2" imputables, déplacements des personnes et du matériel pesant pour 75% dans le bilan global du spectacle vivant.
Alors le covoiturage?
Tout ce qui contribue à rompre avec l'autosolisme est bon. Cependant, pour les évènements considérés, il est fort à parier que les participants ne s'y rendent pas seuls; le taux d'occupation des véhicules devrait logiquement grimper. Après plusieurs décennies de baisse, individualisme ambiant, le covoiturage demeure modeste: 3% des passagers déclarent avoir covoituré. Surtout, il est évident que le covoiturage, à lui seul, n'est pas suffisant.
La solution des transports publics
Elus locaux et professionnels de la culture songent logiquement à renforcer l'accès en transport de leurs évènements. En dehors d'une prestation commandée à une entreprise de transport évènementiel, c'est vers la région qu'ils se tournent ou une autorité organisatrice de mobilité qui peut, fort à propos, anticiper la demande en passant pour ce faire un marché annuel ou pluriannuel avec des transporteurs. De l'activité en plus, et pour la bonne cause ! "Nous sommes de plus en plus sollicités pour la mise en place de transports au départ des villes, confirme à la Gazette des communes, Michel Bissière, élu (LR) de la Région Sud, délégué à la vie artistique et culturelle. Cette année, nous avons organisé avec les opérateurs de tranports des liaisons spécifiques entre Avignon et Orange pendant les Chorégies."
Là où il n'y a pas de train, il est rare qu'il n'y ait pas non plus d'autocar. Toujours est-il que Sandrine Le Métayer, élue au conseil national du Syndeac, invite à adopter "une approche globale", sans renvoyer le public à des solutions individuelles. Bilan carbone et transport public, font décidemment bon ménage. Un point demeure crucial: la conception des futurs équipements doit, de toute façon, évoluer. "La notion de service culturel ne peut plus se limiter à la diffusion des spectacles" déclare May Bouhada, adjointe (EELV) au maire de Fontenay-sous-Bois.
Est-ce décréter la mort du spectacle en milieu rural?
La position radicale du Syndeac pourrait le laisser penser "plus aucun lieu, festival, équipement culturel de quelque nature que ce soit ne (puisse) s'implanter dans un territoire si ne préexiste pas un modalité efficiente de transport public". Et ce, dans le cadre d'un schéma local culturel de transports publics. Mais Bruno Lobé, son vice-président, se veut rassurant: "Cela veut simplement dire que, lors de la création d'un équipement en milieu rural, il faudra une réflexion sur les transports, précise-t-il à la Gazette. Un peu naîvement, on a pu penser que c'était déjà le cas. Apparemment, non.