L’aménagement de la rue Kuss et amorce une première "magistrale piétonne" qui reliera la gare centrale à la place du Marché dans le quartier de Neudorf à Strasbourg.
Trottoirs élargis, bande cyclable séparée, création d’un espace de convivialité au débouché de la rue avec réduction de l’emprise automobile au carrefour avec le quai Saint-Jean, préfigurent les adaptations de tout un réseau pour favoriser la marche à pied qui irriguera la capitale alsacienne à l’horizon 2020.
Comment rééquilibrer l’occupation de l’espace public par les différents modes de déplacement ? Comment redonner à la marche tout son sens et en finir avec son statut de parent pauvre des déplacements urbains ? Voilà deux des questions au centre de la réflexion des élus écologistes membres de la majorité emmenée par le PS qui a conduit pour la première fois en France à l’adoption d’un plan Piéton en 2012. Une étape supplémentaire dans le changement des rapports à la ville après l’arrivée du tram au début des années 90, puis le développement du réseau cyclable depuis le milieu des années 90.
Au départ du Plan Piéton, un constat : à Strasbourg on marche beaucoup. "Selon une étude de 2009, 33 % des déplacements s’effectuent à pied, contre 21 % à Bordeaux et 28 % à Rennes », rappelle Alain Jund (EELV), adjoint au maire en charge de l’urbanisme et conseiller communautaire responsable des déplacements urbains, 60 000 personnes fréquentent quotidiennement la gare ; plus de la moitié d’entre elles poursuivent leur chemin à pied. 87 % des usagers circulent à pied, mais ils n’occupent que 25 % de l’espace public ! On ne pouvait plus faire comme si de rien était, remarque l’élu. Cette réalité imposait de changer le rapport de force entre piétons et autres modes, y compris avec les vélos. Pas seulement par des déclarations d’intention, mais par de la pédagogie et des actions concrètes". Le Plan Piéton en énumère dix qui doivent redonner une légitimité à la marche et permettre aux Strasbourgeois de se réapproprier l’espace public.
Quelles sont les principales ambitions du plan ? 50 % de l’espace réservé aux piétons, une claire répartition de l’espace pour chaque mode de déplacement et un nombre de voies automobiles limité au juste nécessaire. En 2011, la requalification de la rue du Faubourg-de-Pierre a permis de faire passer l’espace dédié aux piétons de 35 % à 50 %. Une réflexion est également en cours sur le traitement de certains grands carrefours qui pourrait aboutir à laisser les piétons les traverser en diagonale.
"Il nous faut aussi travailler en amont sur la perméabilité piétonne dans les documents d’urbanisme" pour éviter aux piétons des détours pour contourner des aménagements ou des équipements faisant barrière. Cela se traduit déjà concrètement : le nouveau parc du Heyritz, coupé du centre-ville par l’enclos de l’hôpital civil et un canal, verra l’aménagement d’un cheminement piéton à travers l’hôpital et la construction d’une passerelle, constituantes d’une radiale entre la vieille ville et les quartiers sud. De même, le futur pont tram par delà le Rhin, inclura une voie piétonne et une piste cyclable. Courant décembre, l’achèvement d’un second chantier, le long de la rue de la Brigade-Alsace-Lorraine, a aussi permis d’apaiser la cohabitation des flux. Prochaine étape de la "magistrale" : la rue du 22 Novembre.