NFC Autre porte d’entrée permettant aux industriels de s’engouffrer dans la filière transport: les nouvelles technologies. Les opérateurs de téléphonie mobile l’ont bien compris et misent sur la NFC pour placer leurs billes.
Convertir le monde des transports au Near Field Communication (NFC), technologie radio à très courte portée permettant l’échange de données à une distance de quelques centimètres, est l’un des challenges que se sont lancé les principaux opérateurs de téléphonie mobile. Objectif: passer d’un marché innovant à un marché mature. « À l’heure actuelle, il existe 200 modèles de mobiles NFC et 230 millions d’entre eux en circulation au niveau mondial », assure Carole Le Cunff, responsable de la communication d’Orange. En France, le marché est tenu par une dizaine d’opérateurs commercialisant 36 modèles auprès de 3,5 millions de clients. « Nous visons 5,5 millions d’utilisateurs d’ici la fin de l’année et 10 millions l’an prochain », prévient Thibault de Dreuille, délégué général de l’association française du sans contact mobile (AFSCM).
La France, qui affiche de telles perspectives, n’est pas la meilleure élève en la matière au niveau européen. En Pologne, 40 % des paiements se font déjà sans contact contre 20 % à 30 % en France. Si la NFC monte en puissance au sein de l’Europe, les autres continents ne sont pas en reste. Pire, il semblerait que les prémisses d’alliances internationales pointent. En effet, Orange a signé en décembre dernier un protocole d’accord avec China Mobile en vue d’une coopération dans la conception des services, la stratégie marketing, les standards de produits pour le paiement mobile, la promotion des services et le développement d’un écosystème harmonisé axé sur une solution standard. Dans sa feuille de route, l’opérateur chinois vise 10 millions de clients NFC d’ici la fin de l’année. Avec ses 5 millions d’utilisateurs sans contact, Orange espère profiter de cette dynamique et de ses retombées commerciales pour gagner des parts de marché. Une opportunité rendue possible par l’évolution naturelle d’une activité qui s’est focalisée pendant plusieurs années sur le développement technique du NFC, avant de basculer depuis peu sur l’enrichissement des services proposés à ses clients. « Après l’avènement des smartphones et de l’internet mobile, qui ont déjà transformé le téléphone portable en outil du quotidien, la technologie sans contact offre la possibilité de les utiliser pour payer chez les commerçants, prendre les transports en commun, cumuler des points de fidélité ou lire des informations contextuelles grâce à des étiquettes intelligentes », plaide Thibault de Dreuille.
Service du quotidien par excellence, le transport rejoint donc mécaniquement la liste des secteurs cibles pour les opérateurs, d’autant que les marges de progression du secteur laissent entrevoir des perspectives attractives. À l’heure actuelle, 70 réseaux de transport en commun sont déjà équipés, 8 millions de cartes de transport NFC sont en circulation dont la moitié en Île-de-France, et 165 projets NFC sont en cours au niveau international. Pour convaincre les sociétés de transport de se convertir au NFC, les opérateurs misent sur un argumentaire axé « business »: générer du chiffre d’affaires en utilisant un nouveau canal de distribution interactif, optimiser ses relations clients en proposant des services de proximité en temps réel, enrichir ses données clients et se positionner sur un marché émergent. Pour rallier les élus à leur cause, les opérateurs mettent en avant l’aspect vertueux lié à la disparition du ticket carton, la simplification de l’accès au transport susceptible de favoriser le report modal et l’image de marque innovante de la collectivité en matière de numérique. « Depuis les années 1990, nous avons massivement investi dans l’innovation. Avec la mise en place de notre réseau de tramway, nous avons augmenté notre panel d’offres de transport et nous travaillons aujourd’hui à en faciliter l’accès », revendique Roland Ries, sénateur et maire de Strasbourg. Parfois, la NFC fait même figure d’argument politique en soi. « À nos yeux, il s’agit d’un outil au service de la politique globale des collectivités », confie Roland Ries. Du côté de l’exploitant, c’est surtout l’aspect tarifaire qui entre en jeu. Au sein de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) qui doit lancer son application billettique sans contact le 25 juin prochain, « cette démarche s’inscrit dans une logique prévisionnelle de renouvellement de notre système », précise Jean-Philippe Lally, directeur général de la CTS. Une démarche dans laquelle la compagnie a investi un million d’euros contre 10 à 12 millions d’euros qu’aurait nécessité la refonte totale du système. Pour autant, la CTS planche déjà sur l’avenir, « notre volonté est de faire passer l’intégralité de notre système sous NFC d’ici quatre à cinq ans », table Jean-Philippe Lally. Prochaines étapes de développement prévues: déploiement sous Windows Phone d’ici la fin de l’année et mise en en service de 1 500 valideurs adaptés au cours des prochaines années. « Le coût unitaire d’un valideur est de 6 000 euros », rappelle Jean-Philippe Lally. Enfin, côté consommateur, outre la facilitation des usages, c’est le gain de temps qui pèse le plus lourd dans la balance. « Depuis que nous avons mis 630 000 cartes de paiement sans contact en circulation et équipé 3 700 de nos magasins, les temps d’attente de leurs clients ont diminué de 15 % », estime Roland Ries.
• 17 millions de mobinautes
• 11 millions d’utilisateurs d’applications mobiles
• 77 % des Français prêts à changer de mobile pour bénéficier de services NFC
• 20 pays déjà engagés dans le NFC
• 37,5 milliards d’euros de paiements par mobile sans contact prévus en 2014
