Le groupe RATP affiche une croissance rentable. En Île-de-France, le trafic voyageur est en légère progression, malgré l’impact des attentats de novembre.
Fin mars, la RATP a dévoilé ses résultats pour 2015. Trois jours après les attentats de Bruxelles, et pour son premier exercice du genre à la tête de la RATP, Élisabeth Borne, nommée Pdg du groupe en mai dernier, s’est prêtée à l’exercice sur un ton de circonstance.
Avec un chiffre d’affaires de 5,556 Md€, en progression de 5,7 % sur un an, et un résultat net de 302 M€, stable par rapport à 2014, le groupe affiche des résultats solides. Malgré les attaques terroristes survenues à Paris en janvier et en novembre 2015, la santé financière du groupe se maintient en région parisienne, son berceau d’origine. La contribution de l’Epic* au chiffre d’affaires consolidé de l’entreprise s’élève à 4, 413 Md€, en progression de 1,6 %.
C’est également dans sa région mère que l’entreprise investit le plus. En 2015, elle a injecté 1,832 Md€ pour l’accroissement de la capacité de transport (mise en service des T6 et T8, travaux de prolongement des lignes de métro 4, 11, 12 et 14), le renouvellement et la rénovation du matériel (RER A notamment), ainsi que la modernisation des infrastructures et des équipements existants. D’autre part, dans le cadre de son contrat 2016-2020 avec le Stif, la RATP prévoit un plan d’investissements de 8,5 Md€, dont 4,2 Md€ sur fonds propres, pour financer l’entretien et la rénovation des réseaux.
Tout en capitalisant sur son réseau historique, la RATP continue son développement sur de nouveaux territoires, en France et à l’étranger. C’est la mission de RATP Dev, de loin la plus grosse filiale de la RATP, avec 1,114 Md€ de chiffre d’affaires, soit plus de 20 % du revenu total du groupe. Grâce à plusieurs renouvellements de contrats en France (Annemasse, Vierzon) et à l’étranger (Austin aux États-Unis), ainsi qu’à de nouvelles signatures dans l’Hexagone (Valenciennes, Laon, Épernay) et à l’international (Arabie saoudite, Philippines, Algérie), l’entreprise a affiché en 2015 une croissance de 25 % et un résultat d’exploitation en hausse de 60 %.
L’appel d’offres que vient de remporter RATP Dev en Toscane, en vue de la signature prochaine d’un contrat de 11 ans portant sur l’exploitation de 3 000 bus urbains et interurbains, et pesant un chiffre d’affaires de 400 M€ par an, devrait l’aider à garder le cap de « la croissance rentable », pour atteindre, à l’horizon 2020, les 2 Md€, soit environ 30 % du chiffre d’affaires total du groupe. « Un objectif largement accessible, compte tenu des fondamentaux de RATP Dev qui sont très bons », a déclaré Élisabeth Borne.
Les attentats qui ont frappé Paris en janvier et en novembre 2015 ont eu un impact significatif sur la fréquentation du réseau de la RATP. Le samedi 14 novembre, au lendemain de l’attaque du Bataclan, la régie des transports parisiens a enregistré une chute de 50 % du nombre de ses passagers voyageant sur ses rames de métro, tramway, train et autres lignes d’autobus. Le surlendemain, la diminution du trafic était de 30 %. Il aura fallu attendre plusieurs semaines avant que les Franciliens et les touristes ne reprennent un usage habituel des transports en commun. Malgré les événements, le trafic de la RATP en Île-de-France a très légèrement progressé (+ 0,9 % sur l’ensemble de l’année), sous l’effet notamment de la mise en service des nouvelles lignes de tramway T6 et T8. Difficile en revanche de dire si le passe Navigo à tarif unique, en vigueur depuis le 1er septembre 2015, a contribué à doper le trafic. « Le retour à une situation normale nous permettra d’en analyser l’impact. Une enquête a été lancée sur le sujet avec la SNCF. Il est convenu de faire le point cet été », précise Élisabeth Borne, Pdg du groupe.
* Établissement public à caractère industriel et commercial qui chapeaute les activités de la RATP en Île-de-France.
